Qu'on en soit tout de suite informé, le style n'est pas à la hauteur des idées exprimées. Rien à voir avec l'écriture d'un Bastiat. En fait, l'intérêt et l'originalité de ce livre tiennent d'une part au positionnement de son auteur : à cette époque on pouvait être libéral "orthodoxe" et de gauche et d'autre part à la violente critique qu'il fait du socialisme.
Comme pour Bastiat on est frappé par l'incroyable persistance des débats politiques. Les sujets abordés par Guyot et les arguments socialistes et collectivistes qu'ils réfute sont toujours les mêmes 120 ans plus tard.
Aussi, comment ne pas être saisi de la justesse de vue de ces libéraux français qui avaient clairement prévu le devenir de la société collectiviste. Chez Guyot la mécanique socialiste est décrite avec ses conséquence économiques et politiques. On ne peut pas dire que les fabricants de goulag et de misère n'avaient pas été prévenus. Tout y est !
L'attention que Guyot prête aux principes de 89, ces Droits de l'homme foulés au pied par les socialistes (et par la droite), est un axe important de définition d'une gauche libérale. Guyot montre que l'individualisme est un immense progrès et une des conditions du développement humain. Il présente le socialisme comme une régression vers les âges ou l'individu n'était rien. Avec des références à Hegel et à Marx il a déjà une vision de ceux que Karl Popper appellera : les ennemis de la société ouverte.
Dans "les principes de 89 et le socialisme" le chapitre III s'intitule : "Les corporations maitrises et jurandes et la liberté du travail". C'est un texte qui décrit tous les obstacles au travail accumulés au fil du temps par l'ancien régime. Il faut absolument lire ces douze pages saisissantes pour mieux réaliser l'oeuvre de la révolution sur le plan économique. Ceux qui, encore aujourd'hui, veulent établir cette stupide distinction entre libéralisme politique et économique, devraient y trouver matière à réflexion.
Quelques extraits choisis :
Les patrons ont leur très grande part de responsabilité aussi dans le mouvement socialiste, non pas que je leur reproche leur âpreté leur dureté, et de ne pas s'être assez occupé de leurs ouvriers. Au contraire, je leur reproche de s'en être trop occupé et, en s'en occupant, d'avoir méconnu le véritable caractère du contrat de travail.
L'employeur n'est ni le directeur religieux, ni le directeur politique, ni le directeur intellectuel des travailleurs. Quand M. Chagot intervenait pour faire enterrer religieusement un ouvrier qui voulait être enterré civilement, il était dans son tort. Quand M. de Solanges se sert de sa situation d'administrateur des mines de Carmaux pour se faire élire député, qu'en résulte-t-il ? C'est que les mineurs prennent leur revanche trois ans après et choisissent M. Baudin pour messie.
Les travailleurs n'ont qu'une obligation à l'égard de leur patron : c'est l'oeuvre de production pour laquelle il reçoivent un salaire. Si le patron veut en exiger autre chose, il commet un abus : dans ce cas il aboutit à la servilité, à la révolte ou à l'hypocrisie, et il prépare de terribles retours.
Si des patrons ont trop souvent méconnu cette vérité, c'est que la plupart en sont encore à la vieille conception du chef de tribu.
Voilà qui répond de façon très moderne à la nostalgie du paternalisme patronal exprimé par Jacques de Guénin dans ses conférences sur le libéralisme. Toutes les visions libérales ne se confondent pas, loin de là.
La conception des devoirs économiques de l'Etat est la même pour ce gros propriétaire foncier qui se déclare "conservateur", pour ce grand industriel qui a la haine des socialistes et pour ce socialiste misérable qui lance ses invectives haineuses contre la propriété et l'usine. Ils commentent la même erreur. Ils sont victimes de la même illusion. Ces gens qui se croient ennemis sont des frères en doctrine.
L'interventionnisme et la négation économique de l'individu fait des étatistes de droite ou de gauche des "frères en doctrine", quel régal ! toujours aussi pertinent de nos jours.
Mais que demandent les socialistes ? la suppression de la concurrence c'est à dire l'étiolement.
Leur idéal, non seulement dans l'Etat futur qu'ils se gardent bien de décrire, comme l'a reconnu Liebnecht au congrès d'Erfurt, mais dans leur législation transactionnelle, c'est l'économie politique dépressive : fondée sur l'envie, la jalousie et la contrainte, la mendicité violente de privilèges, le fractionnement de la nation en classes, acharnées à s'arracher des lambeaux de fortune à l'aide du pouvoir, la politique n'étant considérée que comme un instrument de spoliation ; sur le mépris de l'individu et sa sujétion à des combinaisons de groupes despotiques et irresponsables.
Un passage qui fait immanquablement penser aux émeutes de Guadeloupe et au LKP, cristallisation de la méthode de fonctionnement d'une part de plus en plus importante de la société française en ce début du XXIe siècle.
L'idée que le socialisme n'est pas un progrès mais une résurgence des formes primitives d'organisation sociale s'exprime naturellement chez un libéral anticlérical. Certains libéraux plus attachés que Guyot à l'héritage de la civilisation chrétienne hésitent à la mettre en avant. C'est pourtant une idée fondamentale.... le mouvement socialiste n'est que l'expression de vieilles formes de sociétés, de vieilles idées, de vieux sophismes, de survivances, de fétichismes, un essai de subordination du progrès industriel et économique à des modalités de civilisations primitives, nous devons nous y opposer au nom du progrès : car les prétendues "avancés" qui le dirigent, ramèneraient l'organisme social avec ses éléments complexes, de plus en plus adaptés à la division du travail, au collectivisme primitif.
Eh oui, les pauvres qui deviennent plus pauvres, ce n'est pas nouveau ! Et Guyot montre en un mot que le socialisme, loin d'éradiquer la pauvreté, la pérennise.Les socialistes répètent volontiers, comme un cliché, une formule de M. Victor Modeste : "les pauvres deviennent plus pauvre". Mais comment M. Victor Modeste l'avait-il établie ? En constatant sur des registres de l'Assistance publique que c'étaient toujours les mêmes familles qui s'y trouvaient. Certes voilà un argument décisif contre le socialisme : car il prouve que les secours donnés à ces gens, au lieu de les aider à se développer et à s'élever dans la vie, en avaient fait une corporation de mendiants
En prenant pour dénomination une vertu ou une science, les socialistes ont réussi à tromper l'opinion. Guyot avait déjà compris que le socialisme n'était pas social. De nos jours le même phénomène ressurgit avec l'écologie politique, mouvement semi-religieux régressif qui s'est attribué le nom d'une science pour mieux freiner les progrès biologiques, énergétiques et environnementaux.En réalité entre les prétentions des socialistes et leur caractère réel, il y a contradiction complète, à commencer par leur titre même ; car nous venons de le démontrer, ce sont des antisociaux. Ils se prétendent égalitaires, et ils emploient tous leurs efforts à constituer des inégalités. Ils réclament la liberté pour eux, mais dans le but d'opprimer les autres et eux-même réciproquement. Ils se prétendent avancés, et les procédés qu'ils proposent aboutissent à frapper d'arrêt de développement ceux à qui ils s'appliquent ; et l'idéal qu'ils nous offrent c'est la régression vers les civilisations passées.
Le débat sur l'égalité de fait qui viole l'égalité de Droit est quasiment absent de la scène politique actuelle. La droite ne peut opposer cet argument à la gauche étatiste puisque, si elle ne souhaite pas l'égalité de fait, elle ne veut pas non plus de l'égalité en Droit. Elle est donc muette sur le sujet.Comme si la philanthropie, qui est une attitude de sympathie pour certaines personnes, avait quelque corrélation avec la justice qui est un acte d'impartialité envers tous ; et comme si accorder par philanthropie des privilèges aux humbles et aux petits ce n'était pas violer le principe de "la justice", en vertu duquel tout privilège est une spoliation !
Un bel hommage à l'individualisme moteur du progrès social, que les dirigistes veulent absolument confondre avec l'égoïsme.Des égoïstes ! nous qualifie le philanthrope Henry Maret. Parce qu'un journal a raconté qu'une pauvre femme est morte de misère, il conclut que « toute propriété qui n'est pas le gain du travail est un vol» et il s'écrie: « Laissez faire l'exploiteur, ainsi le veut la liberté, ainsi le veut l'économie politique, ainsi le veut Gournay. »
Si M. Henry Maret se donnait la peine d'observer un peu l'histoire, il saurait que les prôneurs de charité, les fondateurs de prix de vertu, les rêveurs sentimentaux, les écrivains pathétiques, les orateurs larmoyants, les poètes pleureurs n'ont joué qu'un rôle insignifiant dans la lutte contre la misère, dans le développement du bien-être, dans le progrès de la richesse et sa diffusion; il apprendrait que tous les utopistes, depuis Platon jusqu'à Cabet, n'ont servi qu'à amuser des naïfs et qu'à détourner les malheureux du travail utile et de l'épargne qui leur auraient donné ce qu'ils demandaient en vain à des chimères. Quant aux théoriciens et aux praticiens de guerre sociale, aussi bien ceux de 1848 que ceux de 1871, il ne doit pas ignorer qu'ils ont pris des ruines pour piédestal, et qu'ils n'ont laissé d'autres traces que des souvenirs d'épouvante.
[...] Aux hommes utiles et silencieux qui ont augmenté la production du blé et du bétail; qui ont permis à tout le monde, dans les quelques pays, dits civilisés, qui se trouvent sur le globe, d'avoir du linge et des souliers, qui ont facilité les transports, les transactions, appris la comptabilité, développé le crédit, permis à tous de prendre des habitudes d'épargne et de prévoyance; qui ont abaissé les obstacles que les divers gouvernements avaient mis entre les producteurs et les consommateurs; qui ont essayé d'introduire dans le monde ces droits méconnus : la liberté du travail et de la circulation, l'humanité réservera sa reconnaissance quand elle aura une réelle conscience des conditions de ses progrès; et parmi ces destructeurs de la misère, elle placera au premier rang, Gournay, ses amis les physiocrates et les économistes qui, mettant leur devoir au-dessus de la popularité, continuent de déblayer la voie de tous les obstacles qu'y amoncèlent à l'envi les ignorants et les marchands d'orviétan social.
A nouveau le socialisme présenté fort justement comme une régression vers le paternalisme et la violence des sociétés primitives.Les charlatans ou les naïfs qui croient que « la société» doit assurer « le bonheur commun» et prodiguer des alouettes toutes rôties à ceux qui en demandent, se prétendent «avancés ». Ils en sont à la société patriarcale, dans laquelle le chef de famille se chargeait du bonheur de sa femme, de ses enfants, de ses serviteurs, tous esclaves.
Ils en sont à la théorie de la monarchie absolue de droit divin, dans laquelle le roi, père et maître des personnes et des biens de ses sujets, se chargeait de leur bonheur, sans admettre qu'ils eussent le droit de s'occuper de leurs propres affaires.
La Révolution de 1789 a brisé ce système. La Convention a renoué cette tradition qui représente le socialisme actuel.
Robespierre a été l'incarnation de l'esprit de régression dans la Révolution. Louis Blanc, son apologiste, est un des pères du socialisme.
Les socialistes révolutionnaires ont beau crier qu'ils marchent en avant: - leur conception ? c'est le gouvernement paternel, de tous le plus rétrograde ; leur moyen? c'est la force, de tous le plus primitif.
Ceux qui diabolisent les revenus de la rente et du capital et encensent les revenus du travail se rangent aux côtés des pires cléricaux, des antisémites et des doctrines de l'ancien régime. Il est bon de le rappeler, même à notre président, merci M. Guyot.Les garanties que la Révolution donnait à la propriété, elle les donnait à la propriété en général, et si elle spécifiait plus particulièrement pour la propriété immobilière, elle n'oubliait pas la propriété mobilière. Elle lui permettait de se constituer par la liberté de l'industrie et du commerce. Elle donnait aux capitaux la liberté d'action dont ils étaient privés : car antérieurement le prêt à intérêt n'était autorisé qu'à titre perpétuel, par constitution de rente ; mais en vertu de l'ordonnance de Blois, tous prêts temporaires d'intérêts étaient réputés usuraires et ngoureusement prohibés.
Quand des socialistes s'élèvent contre le prêt à intérêt, ils se croient avancés: ils datent des Pères de l'Église ils rééditent les anathèmes de Bossuet sur l'usure ils reviennent à la législation de l'Ancien Régime qui n'empêchait point les traitants de s'enrichir, mais empêchait l'épargne de fructifier.
[...]
Voilà, l'œuvre de la Révolution. Les collectivistes socialistes révolutionnaires demandent la suppression de la propriété individuelle, de manière que le gouvernement de demain puisse se considérer, comme Louis XIV, le seul propriétaire de la nation.
1 De tetatutelle -
"Les travailleurs n'ont qu'une obligation à l'égard de leur patron : c'est l'oeuvre de production pour laquelle il reçoivent un salaire. Si le patron veut en exiger autre chose, il commet un abus :"
Le problème est que les patrons d'aujourd'hui sont "devenus malins", ils ont trouvé le truc : ils exigent autre chose "avant l'embauche !". Si à un entretien d'embauche une femme n'est pas coiffée à la mode, le poste lui est refusé ! (à moi, on a pas arrêté de me faire le coup !) Quel rapport avec la production ? Je me pose encore la question..... Et bien c'est comme ça et "qui" peut y faire quelque chose ?
"Ceux qui, encore aujourd'hui, veulent établir cette stupide distinction entre libéralisme politique et économique, devraient y trouver matière à réflexion."
Je pense notamment à ce jeune que j'avais rencontré chez les radicaux de gauche et qui justement insistait très lourdement sur cette distinction. Notre conversation n'est pas allé loin avant qu'il m'avoue carrément qu'il souhaitait la "décroissance économique" ! D'où la pertinence de tes deux lignes sur les écologistes dans un paragraphe plus bas.
J'ai pris connaissance du discours de conférence de Jacques de Guérin sur "le parternaliste patronal". Et àmoi aussi il me fait peur ! Je suis en colère après le passage où il cite Bastiat en train d'affirmer qu'il lui semble normal qu'une société de secours mutuel surveille de près la vie des gens qu'elle aide !! C'est inacceptable car je considère que c'est "l'Etat hygiéniste actuel ramené à l'échelle d'une association locale" !
Par contre, attention avec le discours sur "les pauvres qui restent toujours les mêmes personnes" ! Certaines personnes, celles qui ne sont pas dotées naturellement de l'autonomie nécessaire pour se subvenir elles-mêmes c'est à dire "les personnes handicapées", sont "inélevables" ! (ou alors pas beaucoup). Considérer dans ce cas une allocation d'Etat comme un privilège est bien la réaction d'une personne sans coeur ! (je ne dis pas que c'est la tienne, tu as retranscrit l'article d'un auteur, mais justement tu devrais préciser ta pensée sur ce point !)
Têtatutelle
2 De alcodu -
Oui Tetatutelle, je suis d'accord, il faut "filtrer" la pensée de Guyot,
Je n'ai pas cité deux courts passages très "durs" où il va jusqu'à traiter les faibles de "parasites".
Il en fait trop dans l'anti-socialisme parce qu'il a senti le danger et l'attrait qu'exerçait déjà cette nouvelle doctrine sur la classe politique.
Guyot ne peut évidemment pas être considéré comme un maitre à penser de la Gauche Libérale du XXIe siècle. Le monde était plus dur, en ce temps là, avant que les bénéfices de la révolution industrielle ne se fassent sentir en Europe, .
Par contre son analyse du socialisme est pertinente et toujours moderne. C'est tout de même incroyable de se rendre compte que les libéraux du XIXe siècle avaient intégralement prévu l'échec économique et la dérive totalitaire des sociétés socialistes.
Et c'est un des rares auteurs qui traite les socialistes de réactionnaires en leur renvoyant l'image de l'ancien régime. Ca je trouve que c'est très vrai, et très actuel !
Une allocation d'Etat donnée aux pauvres est bien un privilège au vrai sens de ce mot car c''est un droit que certains ont et que d'autres n'ont pas. Je pense, comme Guyot, qu'il faut toujours être très prudent quand on s'écarte des principes de 89. Rétablir les privilèges, même pour les meilleures causes qui soient, (aider les pauvres ou sauver la planète) est toujours dangereux.
L'histoire récente nous a appris que l'absolutisme "social" fait pratiquement autant de dégâts que l'absolutisme royal.
En revanche l'allocation universelle, que nous demandons n'est PAS un privilège, puisque tout le monde y a Droit.
3 De tetatutelle -
"Je n'ai pas cité deux courts passages très "durs" où il va jusqu'à traiter les faibles de "parasites"".
Et bien dans ce cas Alain, je suis désolée, mais un auteur qui tient un tel langage ne peut pas être qualifié de libéral de "gauche" ! Et désolée d'oser même affirmer qu'une telle parole frôle même la "Réaction" !....(Hitler ne considérait-il pas aussi les faibles comme des parasites, et notre Le Pen actuel ?.....). Même si c'est vrai comme tu le dis qu'il faut "remettre ces idées dans le contexte historique". Certes rien à l'époque ne pouvait être comparé au fascisme puisque cette doctrine "n'existait pas" !
Désolée, je maintiens mon idée que l'attribution d'une allocation d'Etat pour des raiosns de "santé" (mais uniquement pour des raisons de cet ordre !) n'est pas un privilège car "ce n'est pas un privilège d'avoir une santé défailllante !". Cette allocation qui "compense" en quelque sorte ce "bonheur égratigné" pour des raisons "totalement indépendantes de la volonté de la personne cnocernée" vient en fait "rétablir la normale" (de façon imparfaite, cela va de soi !).
Ceci dit, qu'une allocation universelle vienne s'y substituer ne me dérange absollument pas (si toutefois elle est du même montant, ce qui actuellement n'est pas le cas dans le programme d'AL !), car nous (les handicapés) nous moquons totalement que notre allocation s'appelle "Machin" ou "Truc", l'essentiel est que nous ayans les sous ! Et nous serons même bien contents d'être débarssés du qualificatif "handicapé", plutôt humiliant même si c'est la vérité !
4 De alcodu -
Tout dépend de la définition qu'on donne de la gauche. La première définition de la gauche (celle de de Guyot) se confond avec l'apparition de l'individualisme, et la droite, c'est tout ce qui étouffe et nie l'individu (holisme).
Maintenant, il y plusieurs manières d'être individualiste, c'est à dire de gauche, et énormément de manière d'être dirigiste, c'est à dire de droite.
Je ne défends pas du tout les propos de Guyot. Je les considère même contradictoires avec la philosophie individualiste qui reconnait des talents et une vraie souveraineté à tout être humain conscient.
Mais puisque tu évoques Hitler, n'oublie pas que l'Allemagne qui l'a porté au pouvoir était - et de loin - le pays le plus socialiste d'Europe. Comme quoi les choses ne sont pas aussi simple que les clichés socialistes le présentent !
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Désolé Tetatutelle mais une allocation qui est versée aux uns et pas aux autres est un privilège (privata lex), c'est à dire une loi particulière.
Tu peux te prononcer en faveur de ce type de privilège mais il ne faut pas nier le sens des mots.
En revanche le fait d'être en bonne santé n'est pas un privilège (car cela ne résulte pas d'une différence de traitement aux yeux de la loi), c'est un avantage naturel.
L'idée socialiste consiste à vouloir compenser les désavantages naturels par des privilèges. C'est une idée très forte, dont la générosité apparente a immédiatement séduit les foules et provoqué le recul des préceptes libéraux, donc la montée du dirigisme.
5 De tetatutelle -
Dire que ça n'est pas un privilège d'avoir une santé déficiente n'est pas affirmer que c'est un privilège d'être en bonne santé ! Il ne faut tout de même pas exagérer, affirmer cela serait de la pure jalousie et répondre "avec les mêmes armes" (ce qui n'est jamais le bon moyen !) que ceux qui considèrent comme un privilège le fait de percevoir 600 euros par mois pour compenser une déficience sanitaire ! Une bonne santé est tout simplement la situation "normale" (j'ai d'ailleurs bien employé ce mot). Personnellement je considère comme privilégié quelqu'un qui vit "mieux que les autres" sans faire les efforts en proportion de cet avoir. Et j'ai d'ailleurs ouvert le Larousse à ce sujet : si la première définition donnée à ce mot est effectivement la tienne, la seconde concerne celle qui valait à l'époque de l'Ancien Régime, à savoir : avantage accordé (sous l'Ancien Régime) à "la noblesse" et au "clergé". C'est donc bien "à moi" que donne raison cette seconde définition !.....Et c'est donc bien contre ce "type-là" de privilèges qu'ont protesté les révolutionnaires "libéraux", non ? A ma connaissance, ce ne sont pas les malades et les handicapés qui dérangeaient les révolutionnaires de 1789 ! (ceci bien que les premiers, les "déclencheurs" de cette révolution, ont été les bourgeois). Comme tu le "reconnais indirectement", il n'était pas naturel à l'époque (pour personne !) de se préoccuper du sort des faibles, ce qui est entièrement compréhensible : "chaque chose en son temps" ! Sortir de la Royauté et affirmer les libertés individuelles était "la toute première des priorités", le reste se met en place par la suite, "petit à petit". Car il va de soi que l'humain aspire "avant tout à la liberté". Si l'on donnait ainsi le choix à une personne handicapée "incarcérée" depuis 25 ans : "Choisissez : on vous laisse sortir de prison mais vous mourrez de faim, où alors vous finissez votre vie ici", à l'évidence elle choisirait spontanément de sortir ! Mais cette attitude à mon sens n'est pas "totalement rationnelle" : elle répond "sous le joug de la lassitude" d'une situation devenue insupportable ! Et cette même réaction "spontanée" se manifestera de nouveau "à l'inverse" à l'issue de 25 ans de mendicité quand l'estomac et l'esprit présenteront cette même lassitude. Elle dira alors : "Si seulement j'étais restée en prison, au moins j'aurais à manger" ! Donc pour nous libéraux non plus, les choses ne sont pas si simples (à mon avis) !
Le mieux finalement pour nous mettre d'accord et ne pas jouer sur les mots ne serait-il pas de convenir de "deux sortes" de privlèges : les privilèges "réellement abolissables" (ceux des profiteurs) et les "incontournables" (ceux des personnes à santé déficiente) ?
Ce sujet tombe à pic puisque "nous étions hier le 14 juillet" ! Et bien tu vois, hier en partant au feu d'artifice, voyant toutes ces voitures garées partout, j'ai eu cette réaction : "flut, et dire que je n'ai même pas pensé de réclamer à Alain la dernière fois que je l'ai vu un stock (justement !) du sticker Abolition des privilèges ! J'aurais pu en mettre aujourd'hui sur toutes ces voitures (sans les coller bien sûr !), ça aurai fait parler de Gauche Libérale sur cette commune, à présent c'est trop tard !". Et alors "je ne suis pas très contente de moi !"
Alors dis-moi franchement : serais-tu contrarié de me savoir à distribuer ce sticker-là en ne me considérant pas personnellement comme une privilégiée avec mon AAH ? (parce que si des gens venaient à m'interroger, ça me gènerait quand même, dans "ma situation", de devoir "moduler" mon discours pour le faire coller parfaitement au tient). Question sérieuse à penser et à discuter......
6 De tetatutelle -
J'aimerais quand même "vite précisiser" Alain, afin de ne pas te mettre dans le doute" : quand je parle de privilèges "incontournables", je veux dire bien sûr en ce moment, "dans notre système actuel". Je ne mets absolument pas en doute "la faisabilité de l'instauration du Revenu de Liberté", bien évidemment ! Mais pour le mettre en oeuvre, "il faut que nous soyons au pouvoir !" (ne rêvons pas de convaincre sur ce point d'autres formations politiques......). Alors en attendant, deux solutions : soit demander aux handicapés aux convictions libérales (comme moi) de "renoncer à leur AAH" (ce qui veut dire concrètement "les laisser crever" !) ou alors nous rendre à l'évidence logique (et humaniste !) que "en attendant" la mise en place de cette "formidable invention", comme il nous faut bien vivre, nous n'avons d'autre choix que de garder l'AAH "à défaut de mieux" !
Par ailleurs : bien sûr que je sais que le régime hitlérien était de nature "socialiste" puisque NASY signifie "national-socialisme" ! Ceci dit c'était quand même un socialisme "à sa petite sauce à lui" puisque justement "national" ! Le "vrai" socialisme se voulant "internationaliste", ses délirantes ambitions de vouloir "amener le monde entier au système germanique" (aussi bien économiquement, socialement que "culturellement") n'y avaient pas leur place !
7 De Bob Shar -
@tetatutelle
Je suis moi aussi chez AL.
Dans ce débat sur le handicap, n'oublions pas que la redistribution peut prendre trois formes :
1 La redistribution par la puissance publique.
C'est l'AAH actuelle. C'est mieux que rien mais ce n'est pas énorme.
2. L'Assurance
En effet le handicap est un risque et il y a des acteurs privés dont c'est justement le métier d'assurer ce risque : les compagnies d'assurance.
Dans notre programme chacun a l'obligation de s'assurer mais peut librement choisir son assurance santé.
Naturellement il faut des gardes-fous pour éviter que les sujets à risque ne soient exclus ou lésés (quand le risque n'est pas lié au comportement).
Par exemple l'assurance doit proposer un panier minimal de prestations, sans malus possible, comprenant en particulier le versement d'une rente en cas de handicap.
Le cas du handicap de naissance est pris en compte dans la mesure où l'enfant à naître est assuré avant sa naissance.
Bien sûr cette rente se cumule avec le revenu de liberté quand il existe.
3. La solidarité spontanée et volontaire
C'est tout le secteur associatif. La société civile peut prendre efficacement le relais de l'Etat, quand elle n'est pas bridée ou déresponsabilisée.
Les dons aux associations philanthropiques représentent 1,85% du PNB aux USA, contre seulement 0,32% en France.
http://www.ccss.jhu.edu/pdfs/CNP/CN...
La défiscalisation y est pour quelque chose, la culture de la responsabilité aussi.