- 1 - La nature humaine est d’origine mystique et obéit à une croyance.
Aucun besoin d’évoquer Dieu pour découvrir les lois de la nature, c’est à dire la nature des choses et des êtres. La nature d’une pomme, la nature d’un métal, la nature des corps célestes et leurs relations entre eux ne font pas appel à une conception mystique du monde. Le fait de découvrir des lois naturelles ne suppose ni de croire en Dieu ni d’ailleurs d’être athée.
Même si les droits de l’homme de 1789 sont reconnus « en présence et sous les auspices de l’Etre Suprême », cette formule déclarative ne doit pas masquer le fait que la loi naturelle de 1789 n’est pas obligatoirement affiliée à la loi divine et qu’elle peut même, en toute logique, se concevoir sans elle
- 2 - La nature humaine est la marque d'un conservatisme aigu. En effet, si la nature humaine est immuable, alors ceux qui la défendent sont opposés au progrès, ce sont des « réactionnaires ».
Cet argument, largement ancré dans la pensée socialiste, est pourtant totalement absurde. Les lois physiques de la nature sont immuables à notre échelle, on n’en déduit pas pour autant que les étudier et en tenir compte est une attitude conservatrice. Bien au contraire, c’est en appréhendant les lois naturelles que l’on peut progresser, c’est à dire améliorer nos conditions de vie. Ignorer volontairement les lois de la nature peut en revanche s’apparenter à de l’obscurantisme.
- 3 - La nature humaine est floue, imprécise, sujette à interprétation donc inopérante.
Effectivement, la découverte des lois de la nature humaine n’est pas une science exacte. Doit-on pour autant rejeter toutes les sciences « humaines » ? L’économie, l’histoire, la philosophie, l’ethnologie devraient être bannies des universités au prétexte que ce ne sont pas des sciences exactes ? L’argument ne tient pas !
Bien entendu la nature humaine est complexe et ne se résume pas à quelques règles sommaires. C’est d’ailleurs dans son interprétation, dans sa mesure, dans son évaluation, que des différences peuvent apparaître entre libéraux, et qu’un libéralisme « de gauche » pourrait à nouveau prospérer.
On le voit aucun des obstacles évoqués par la gauche socialiste ne résiste à l’analyse et, ce qui est encore plus frappant, aucun de ses arguments ne réussit à placer le droit naturel « à droite ».
Au contraire le droit naturel possède des caractéristiques révolutionnaires qui devraient être susceptibles de séduire une bonne partie de la gauche. En effet, la notion de nature humaine permet de considérer l’Homme en tant qu’individu souverain et non plus dans ses rapports à la caste, à la hiérarchie ou à la religion. Cela ne veut pas dire pour autant que l’individu libéral est asocial, ou que son milieu n’a pas d’influence sur lui, cela signifie seulement que l’Homme possède des droits qui résultent de sa nature profonde qu’aucune organisation ni aucun pouvoir temporel ne sont fondés à lui contester. C’est ce qu’exprime très clairement la déclaration des droits de l’homme de 1789 dans laquelle les droits de l’homme sont reconnus (et non promulgués) par les représentants du peuple français.
Dans la déclaration de 1789, plus que dans aucune autre déclaration (même la Bill of Rights américaine), le pouvoir se place dans un état de sujétion, de subordination, par rapport à un droit qui le dépasse et qu’il reconnait comme supérieur à lui. La déclaration des droits de l’homme, qui figure toujours en préambule de notre constitution et qui a force de loi, est d’ailleurs extrêmement menaçante à l’égard du pouvoir : « L’oubli et le mépris des droits de l’homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements. »
Ce concept révolutionnaire des droits de l’homme de 1789 sera violemment critiqué par Marx pour son individualisme « bourgeois » et fait toujours l’objet de contestations de la part des dirigistes. Les tenants du relativisme culturel ou du positivisme juridique essayent toujours d’en découdre avec les droits de l’homme en niant la notion de nature humaine.
Les puissants de ce monde ont d’ailleurs rédigé en 1948 de faux droits de l’homme pour « reprendre la main » et tenter de faire oublier l’original. C’est ainsi que la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 abandonne complètement le principe subversif de 1789 qui consiste à reconnaître des droits inhérents à l’homme et opposables à toutes les formes de gouvernement (famille, clan, tribu, religion, patrie), pour devenir un catalogue de droits promulgués par des États et des gouvernements. Les droits de l’homme de 1948 redeviennent de simples engagements pris par des gouvernements, donc révisables et négociables, comme on a pu le constater à l’occasion des catastrophiques conférences dites Durban I et II.
Triste contresens qui ne doit pas faire oublier que le droit naturel continue de produire ses effets quelles que soient les appréciations que l’on peut porter sur lui et quel que soit le droit positif en place. Que Marx conspue les droits de l’homme ou que l’ONU les falsifie n’y change rien. Comme la gravitation qui attire et repousse ce qui doit l’être, comme la goutte d’eau qui creuse la pierre la plus dure, le droit naturel fait inéluctablement décliner puis s’effondrer les sociétés qui lui tournent le dos.
La négation de la nature humaine provient de la gauche et de la droite
L’expérience communiste est probablement l’archétype de la négation systématique de la nature humaine. Antihumanisme théorique, glacé, méthodique, dirigé par des gourous menant le peuple comme un troupeau au nom d’une « avant-garde », les multiples expériences communistes ont toutes abouti à des catastrophes humaines et sociales. Elles démontrent que lorsque le droit positif refuse de tenir compte de la nature humaine, le diagnostic génial de la DDH se réalise inéluctablement.
Mais là encore, ce n’est pas parce que le droit naturel explique parfaitement les raisons de l’échec communiste qu’il faut le positionner à droite. Car le droit naturel retoque également les positions conservatrices de ceux qui nient la souveraineté individuelle au nom de la patrie, de la religion ou de la famille.
Les désastreuses politiques de prohibition de la drogue ou de la prostitution qui, elles aussi, ne tiennent aucun compte de la nature humaine, proviennent incontestablement de la droite traditionnelle. En oubliant que les vices ne sont pas des crimes (mépris des droits de l’homme) les apprentis sorciers conservateurs provoquent (causent) de gigantesques trafics et désordres mondiaux (malheurs publics) dont ils tirent profit pour se faire réélire (corruption des gouvernements).
1 De PL -
Je m'excuse de n'avoir pas pu répondre plus tôt Alcodu à propos du post sur l'article "Carte 2D du Paysage Politique Français". Et je vous remercie de m'avoir répondu
D'abord, à propos du mariage, ce n'était qu'en théorie (étant donné que rien ne différencie l'Etat de l'Eglise au niveau théorique)... En pratique, il me semble en effet que, si le mariage civil doit être aboli, les gens doivent être libres de se marier selon des principes religieux s'ils le souhaitent.
Ensuite, je défendrai encore ma position au niveau "économique". J'ai eu beau lire vos arguments sur ce site, je n'arrive pas à me convaincre que vous pensiez honnêtement que le libéralisme apportera le bonheur à tout le monde. Toute théorie non-égalitariste présuppose la nécessité d'une hiérarchie humaine entre les supposés-meilleurs (qui récupèrent les moyens de dominer) et les supposés-inférieurs. Et le libéralisme est de ces théories là. Pour deux raisons : si l'élévation sociale se fait par le gain d'argent qui se fait lui-même par le travail, ceux qui n'ont pas la possibilité de travailler (handicapés par exemple) ne pourront jamais s'élever et se classent ainsi systématiquement parmi les supposés-inférieurs. La seconde raison est qu'il est impossible de donner une valeur marchande à une production humaine ou naturelle (pourquoi l'or a-t'il telle ou telle valeur ? l'oeuvre d'un ouvrier n'a-t'elle pas la même valeur que le travail d'un enseignant ?).
Ensuite vous critiquez beaucoup le communisme (non, sans rire !). Mais vous allez m'expliquer comment vous pouvez mettre en avant les preuves de l'échec d'une idéologie qui prône la démocratie, l'abolition du salariat et l'internationalisme alors que la dictature, le salariat et les nations n'ont jamais cessés d'exister ? J'ai bien peur que vous ne souffriez d'un manque de preuves... Et puis voilà l'argument choc : l'URSS se revendiquait communiste...Tant mieux, je peux vous répondre Maragaret Thatcher se revendiquait libérale...
Laissez moi m'entêter : la liberté économique n'est pas la liberté sociale et personnelle et, pis encore, est même négation de la liberté sociale et personnelle. Le libéralisme va contre la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen (en rejoignant, je l'avoue, quelques fois le communisme). Exemples : (Art.4) La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui: ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. ==> En m'imposant un rythme de travail particulier, un salaire défini, mon patron nie ma liberté d'occuper mon temps comme je le souhaite (en me plaçant sous la menace de la suppression de mon salaire c'est-à-dire de ma liberté de survivre) et par les activités de mon choix (en limitant mes possibilités financières) (Art.13) Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable: elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés. ==> Défense des impôts si je ne me trompe, voire même de l'impôt progressif sur la fortune. (Art.17)La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé ==> Si un Etat démocratique possède quelque chose, tous les citoyens sont propriétaires de cette chose (l'Etat démocratique étant l'émanation de la volonté citoyenne) alors qu'avec le libéralisme, seule la propriété privée est défendue (alors que le "privée" n'apparaît pas dans la DDH) et il justifie ainsi le fait qu'une minorité soit propriétaire de tout en spoliant ainsi la majorité de sa propriété
En dernier, je voudrais bien que vous m'expliquiez la "main invisible" d'Adam Smith (parce que je suis vraiment bouché)... Et pour la réponse, veuillez démonter mon argumentation point par point et avec des exemples précis. S'il vous plait.
Merci. J'attend votre réponse avec impatience.
2 De alcodu -
PL, je n'ai pas vraiment vocation à donner des cours particuliers de libéralisme.
Si vous voulez un bon training allez sur le site "le libéralisme pour les débutants" de mon ami Daniel Tourre : www.dantou.fr
Il vient aussi de publier un bouquin : pulp libéralisme qui a un but pédagogique.
Un peu plus ardu mais bien documenté vous pouvez lire : la philosophie libérale d'Alain Laurent.
En tant que libéral de gauche j'ai des points de divergence avec les deux auteurs cités, mais avant de raconter des bêtises (excusez moi, cela n'a pas vocation à être blessant) il vaut mieux se renseigner à la source.
En vrac et pour faire vite :
la DDH de 89 est presque en soi une définition du libéralisme. Dire que le libéralisme va contre la déclaration des droits de l'homme de 89, c'est dire que le libéralisme va contre le libéralisme, cela n'a aucun sens.
Ce qui définit la valeur c'est l'échange, et c'est également ce qui la nivelle. Il n'existe pas de valeur avant l'échange. Chapitre 5 des harmonies économiques de Bastiat - une réponse au marxisme avant même qu'il se répande. Voir également le principe de Ricardo qui s'applique parfaitement aux salaires.
Il n'y a aucune solution de continuité entre l'économique et le sociétal. Lorsque l'on refuse aux femmes le droit de travailler ou de conduire vous prétendez que cela n'a pas de conséquences économiques ? La liberté économique et la liberté sociétale ou politique sont totalement confondues sur le long terme.
Votre patron ne vous impose rien. Vous pouvez le quitter à tout moment. Si vous restez (et s'il vous accepte) cela résulte d'un arbitrage. Trouverai-je mieux ailleurs ? Il n'y a rien d'imposé là-dedans sauf la nécessité de travailler pour vivre. Si cet impératif vous révolte, le meilleur lieu pour réclamer, c'est l'église, pas les blogs politiques.
Le communisme prône la dictature du prolétariat et le salariat d’État. La comparaison des 100 millions de morts provoqués par le communisme (et ce n'est pas fini) avec l'action de M.T. est un peu surréaliste. Sans commentaire.
"L’État démocratique émanation de la volonté citoyenne" pitié ! pas ces lieux communs ! Vous et moi savons bien que la "volonté citoyenne" n'existe pas. La volonté habite uniquement les individus. Nous obéissons à des lois que nous n'avons absolument pas décidées ni acceptées et qui ont été rédigées par quelques hommes de l’État.
La première des propriétés, c'est la propriété de son corps et elle est bien privée. Votre vision socialiste de la propriété vous range dans le camp des esclavagistes. Même Proudhon a fini par comprendre le sens du concept révolutionnaire de la propriété privée.
Sinon, Vous croyez vraiment être propriétaire de l’Élysée et du ministère des finances ? usus, fructus, abusus, essayez de vendre ou de détruire votre part et vous verrez...
3 De Trouduc -
"Qui ne travaille pas ne mange pas", c'est dans la bible (à peu de chose près). Donc même à l'église aucune chance d'obtenir un revenu universel, par contre votre parti fait mine de le souhaiter. Mais ça n'a pas l'air de vous plaire alcodu. Me trompe-je ?
Sinon, t'as pas cent balles ?
4 De alcodu -
La phrase "qui ne travaille pas ne mange pas" est de Lénine. Celle de la bible c'est : "Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas non plus".
J'ai publié trois articles pour soutenir le revenu universel. Vous en déduisez qu'il ne me plait pas.
Décidément, les voies du Trouduc sont impénétrables.
5 De Al Gene -
Salut Alain
Merci pour ce post intéressant, dommage que tu ne sois pas remonté à l'originelle de ces déclarations, tant US que Fra, soit la motion de La Fayette en 10 points.
Bien à toi, j'ai reconduis ton post sur FB
Librement vôtre