La plus médiatique des organisations
patronales a récemment du céder le devant de la scène à un mouvement spontané,
les pigeons, supposé émaner de jeunes entrepreneurs.
Sans qu'elles soient parfaitement exprimées dans leur dimension philosophique,
les motivations des pigeons sont claires : il s'agit de revendiquer pour
soi-même un principe de créativité et de risque, il s'agit de refuser les
mesures visant à brider l'innovation, l'inventivité, l'intrépidité, l'audace,
la témérité. Le meilleur moyen de tuer ces valeurs déjà officiellement bannies
de notre pays par le "principe de précaution" c'est d'empêcher leur juste
rémunération. Le mouvement des pigeons est donc une réaction spontanée face à
des mesures législatives qui, bien au delà des entrepreneurs, ont été
ressenties par un large public comme des menaces pour l'accomplissement
personnel et la liberté individuelle.
Face à cette fronde, la réaction tardive du Medef et des organisations
patronales traditionnelles pose la question de leur rôle dans notre société.
Les patrons, avec leur communiqué "état d'urgence entrepreneurial" et l'UMP en
embuscade, sont-ils sur la même longueur d'onde que les pigeons ? Sur quels
fondements repose l'action du Medef et plus généralement des organisations
patronales ?
Mot-clé - patrons
Banquiers, grands patrons, sportifs, artistes : est-ce qu'ils le valent bien ?
L'indignation vertueuse et citoyenne de la
classe politique sur les hauts revenus obéit à des codes de communication
précis. Dans la propagande dirigiste, ces attaques servent à conforter l'image
d'un État vertueux, luttant vaillamment contre les puissances de l'argent,
forcément immorales et mondialisées.
Cette posture adoptée par l'ensemble de la classe politique empêche de répondre
à la question de fond : peut-il exister de grandes fortunes ou de très hauts
revenus acceptables, c'est-à-dire justes, ou en termes plus philosophiques
conformes au droit naturel ?