Bien entendu tous ces problèmes disparaîtraient ou plus exactement seraient
gérés localement, au plus près des usagers si les écoles étaient libres de
leurs horaires. De même, le surréaliste débat sur la méthode globale opposée à
la méthode traditionnelle, qui déchaîne régulièrement les passions dirigistes,
n'existerait pas si les écoles pouvaient choisir leurs méthodes pédagogiques,
voire pouvaient les panacher selon les classes et le profil des élèves. Le rôle
de l'Etat se bornerait à définir un tronc commun de connaissances jugées
absolument nécessaires à l'enfant.
Mais non, nous sommes dans le dogme de l'uniformité. L'éducation doit être
"nationale" ce qui signifie unique, normalisée et rigide. La variété et
l'expérimentation n'existent pas sauf dans quelques "laboratoires" (pilotés par
l'Etat cela va de soi). Les méthodes pédagogiques ne peuvent être mise en
compétition, on ne peut pas comparer les résultats, l'école a l'interdiction
formelle de s'adapter aux spécificités des élèves, ce sont les élèves marginaux
ou atypiques qui doivent s'adapter au monolithisme de l’École.
Dans une école libre les parents choisiraient celle qui leur conviendrait le
mieux pour ses horaires, pour ses périodes de vacances, pour ses méthodes
pédagogiques, pour ses programmes, pour la qualité de son enseignement, pour la
disponibilité et le sérieux des professeurs. Les canards boiteux perdraient
bien vite leur réputation et leurs élèves. Les élèves marginaux trouveraient
des établissements adaptés à leur profil. De nouvelles méthodes pédagogiques
pourraient être expérimentées, certaines seraient abandonnées d'autres
largement adoptées, d'autres enfin conviendraient à certains élèves mais pas à
d'autres. Une éducation vivante, multiforme, sans obligation ni contrainte
naitrait de cette liberté. Rien d'ailleurs n'empêcherait l'Etat d'établir des
programmes et des horaires "recommandés" auxquels les parents ou les écoles peu
imaginatifs pourraient se raccrocher. Il est même à parier que dans un tel
système non coercitif beaucoup adopteraient passivement le système prescrit,
c'est à dire celui qui convient au plus grand nombre. Le simple fait de savoir
le système non obligatoire calmerait radicalement le débat.
Mais le plus étonnant reste la façon dont les dirigistes arrivent à transformer
les troubles créés par leur système en justification pour intervenir encore
plus. Voici un extrait d'une étude réalisée en mai 2010 par Georges Fotinos,
membre du comité de pilotage, pour la Conférence nationale sur les rythmes
scolaires :
« toucher » au calendrier scolaire, c’est inéluctablement remettre en jeu les équilibres de vie et par certains côtés de travail d’une grande partie de la population française.
C’est provoquer des changements sur des pans entiers de l’économie française plus particulièrement ceux concernant bien sûr le tourisme et le transport mais aussi les secteurs de services, de la culture, du sport… C’est enfin modifier les rythmes de travail de plus de 12 millions d’élèves et près d’un million de personnels en charge de leur scolarité. Face à ce constat et maintenant que le débat public sur les rythmes scolaires et les vacances d’été est lancé, il nous semble que l’issue de cette volonté ministérielle repose d’abord sur les réponses susceptibles d’être apportées à deux questions :
- Quels sont les objectifs prioritaires visés par ces changements ?
- Quels voies et moyens choisir pour atteindre le « compromis national » nécessaire sur ce sujet ?
L'étude reconnait donc que tout changement dans l'organisation actuelle va
perturber l'économie et la vie de millions de personnes, elle admet que les
précédents rythmes scolaires étaient inadaptés, mais elle persiste à vouloir
trouver un "compromis national" entre plusieurs dizaines de millions de
personnes : élèves, parents, professeurs, acteurs du tourisme et des
transports, etc. Inutile de préciser qu'un tel compromis est strictement
impossible à trouver car dans un système rigide et coercitif la satisfaction
des uns se fait obligatoirement au détriment de celle des autres.
En demandant : quels voies et moyens choisir pour atteindre le "compromis
national" nécessaire sur ce sujet ? la Conférence nationale sur les
rythmes scolaires ne travaille donc pas à la solution du problème, elle
travaille à son renforcement.
1 De tetatutelle -
Tu veux "l'intégralité de mon point de vue sur cette question" ? Il est ici (et il va entièrement dans le sens du tiens !) Mais qu'avons-nous ces jours-ci à "tous parler éducation à la fois" ! Communication de pensée ?
http://www.facebook.com/groups/libg...!/permalink.php?story_fbid=187273434661774&id=100544354397
2 De tetatutelle -
Je commencerai par dire que je déteste littéralement l'association "SOS éducation" avec ses préceptes hyper-conservateurs qu'elle voudrait réinstaurer à l'école, comme notamment l'uniforme et "même le châtiment corporel" ! Des enseignants qui font la promotion de "l'anti-pédagogie", est-ce vraiment logique et encore acceptable au 21ème siècle ? Car à ce que j'ai pu lire des textes d'SOS éducation, l'école qu'ils prônent c'est celle qu'on connu "mes parents" (même pas celle de ma propre époque et j'ai quand même 40 ans !). Donc non, pour moi c'est très clair : je "partage à 100 % la réforme scolaire de 68", pour moi tout ce qui se pratiquait avant ce tournant est plutôt digne de "l'armée" et ça traumatisait les enfants et les jeunes !
Or le problème, ce qui fait croire aux libéraux qu'SOS éducation serait "indispensable à leurs références en matière de liberté éducative", c'est sa position en faveur de « l'autonomie des établissements ». Or en ce domaine, il me semble qu'il y ait une certaine "méconnaissance de l'existant ». Car "une autre association éducative" existe bel et bien en France, et celle-ci est "uniquement libérale" sans le côté conservateur ! Et elle intervient d'ailleurs (assez régulièrement, paraît-il.....) lors de l'Université d'été de Liberté Chérie . Voici son lien : Créer son école
Sincèrement, ça serait beaucoup plus positif pour l'image des libéraux de se réclamer que celle-ci ! En se revendiquant d'SOS éducation, nous ne faisons que perpétuer cette fausse idée que "libéralisme et conservatisme c'est la même chose" !
Et puis aussi en tant que libérale de "gauche", tout en approuvant le "principe" de "la non-appartenance de l'école à l'Etat", j'impose quand même un gros bémol à la position des libéraux... conservateurs sur le sujet : l'école ne doit deve...nir un agrégat d'établissements privés qu'à "ses deux conditions" :
1) Que l'enseignement soit assuré par "des enseignants" (c'est à dire "à plein temps et rémunérés")
Et
2) Que ceux-ci "ne soient pas à la botte des familles" !!
En effet, si notre école publique a prouvé son inefficacité sur beaucoup de terrain, elle a en revanche entièrement raison d'avoir imposé "la séparation quasi-totale de l'école avec la famille" ! Un mineur doit avoir "d'autres adultes que ses seuls parents dans son existence", être physiquement et intellectuellement avec ceux-ci "24h/24 les 365 jours de l'année" est très néfaste pour lui ! Outre le fait qu'on peut se demander comment de cette façon l'enfant pourra un jour acquérir son autonomie, c'est justement "la garantie de l'exercice de son libre-arbitre et de l'autonomie de sa pensée" qui serait totalement mise à mal ! Tout simplement parce que "parents et enseignants sont porteurs de deux conceptions différentes de l'existence et de la société" ! C'est là une réalité à reconnaître et c'est cela en grande partie qui "créée le conflit entre parents et enfants au moment de l'adolescence" ! En général le jeune donne raison au prof plutôt qu'à papa ! A ses yeux, ce premier n'a pour seul défaut que celui de donner un peu trop de devoirs à faire à la maison, pour le reste il lui reconnaît incontestablement "la vision progressiste, généreuse et émancipatrice" dont il est porteur et "qui est aussi la sienne à son âge" ! Alors que "papa, lui, fait figure de méchant bougre qui ne cesse de le ramener les pieds sur terre en lui présentant les pires réalités de l'existence, ne lui prophétisant que l'échec et ne lui parlant toujours que d'argent" ! Or "ce conflit-là, il est indispensable au jeune" !! Parce qu'à partir de ce moment "le jeune a pleinement intégré les deux grandes façons différentes de concevoir la société" : c'est "l'émergence de la conscience politique", pourrait-on dire ! Et cela bien évidemment il est tout naturel pour des parents (instinctivement possessifs) d'y résister le plus longtemps possible, voilà pourquoi "tout parent normalement constitué meure d'envie de s'ingérer dans l'enseignement de son gamin" !! Et si donc on retire à l'école le droit de dire un moment donné "Monsieur, Madame, vous sortez s'il vous plaît", alors l'éducation privée chers aux libéraux n'aura pour seule réussite que celle d'avoir fabriqué "des éternels nourrissons obéissant à vie à leurs parents" : LE REVE PAR EXCELLENCE DES CONSERVATEURS sera enfin réalisé !! A l'évidence vous vous en doutez bien, "ça n'est là CERTAINEMENT PAS CE QUE JE VEUX" ! Voilà pourquoi j'ai une méfiance aigüe envers le fameux "home schooling" dont les libéraux-libertariens font une promotion de plus en plus enthousiaste ! Attention attention : l'école à la maison pourquoi pas, mais à une seule condition : que les parents ne soient pas autorisés à assister aux cours (ni aux portes) !
Et puis le fait qu'en France les écoles privées soient "quasi exclusivement tenues par les religions" est aussi un problème ! ça pourrait faire partie du job d'un ministre libéral "non conservateur" de "chercher des volontaires laïcs pour ...créer et gérer des écoles privées non religieuses".
En voici un exemple que je trouve particulièrement intéressant :
http://blog.montessori.fr/
Cette pédagogie-là a l'air de former "des humains vraiment autonomes et de bonne heure" ! Elle nécessite bien une implication parentale asse...z importante mais hors du temps scolaire proprement dit et "ne laisse aucune place à l'emprise du conservatisme familial" !
ça n'est bien sûr qu'un "exemple" (sur lequel on peut aussi trouver matière à critiques et débat contradictoire), "non une pédagogie à promouvoir comme modèle unique" alternatif au système étatique, privé religieux et au home schooling !
3 De tetatutelle -
Le PLD s'est également exprimé tout récemment sur la question :
http://www.partiliberaldemocrate...
Je suis en majeure partie "d'accord avec ce qui est dit dans cet article ». Je n'aurais que l'exigence d'un apport de preuve que ce secteur privé "moins cher" offre aux élèves "des conditions matérielles égales à celles du public". C...'est là uniquement que je laisse planer un p'tit doute, me souvenant que la fille d'une de mes amie qui était scolarisée dans un lycée privé (hors contrat) de Paris m'avait dit qu'il n'y avait "pas de rideaux aux fenêtres" dans les classes !! Payer "moins cher dans de telles conditions", il est évident que ça n'est pas acceptable ! Mais sans doute n'est-ce pas le cas partout (et comme beaucoup d'entre nous sont parisiens, je précise qu'il s'agit du "lycée privé Saint-Exupéry", si certains connaissent....) !
4 De alcodu -
Tout à fait d'accord avec toi sur SOS éducation. Des ultra-dirigistes conservateurs.
Voir certains pseudo libéraux les soutenir politiquement prouve qu'il y a un réel problème dans la sphère libérale en France. Non seulement elle est petite mais en plus elle n'est pas libérale.
SOS Education est à l'enseignement ce que le bio est à l'agriculture.
5 De tetatutelle -
"Voir certains pseudo libéraux les soutenir politiquement prouve qu'il y a un réel problème dans la sphère libérale en France."
"Certains" seulement ? T'es modeste !......Moi j'ai l'impression que "la majorité" de nos libéraux en France approuvent les propositions de cette assoss (et ceux qui comme moi ne l'approuvent pas n'osent même pas exprimer publiquement cette opposition....) !
6 De Coward Anonymous -
J'apprécie beaucoup cet article et quelques autres. Malheureusement je dois rester anonyme, le mot "libéral" étant un gros mot pour la plupart des gens, et notamment pour mes proches.
Un jour je ferais mon coming-out : j'avoue, je suis prêt à discuter avec tout le monde sans à priori.
Il faudrait casser ces frontières idéologiques : ce n'est pas parce que les bases théoriques sont différentes, que le débat est impossible. Berk, l'unité idéologique global me paraît psychorigide, qu'elle sorte de la bouche d'un trotskiste ou de celle d'un libertarien.
7 De tetatutelle -
@ Coward Anonymous :
Si vous classez "les libertariens dans l'uniité idéologique globale" que vous évoquez, c'est alors qu'il ne vous a sans doute pas échappé que " la plupart de nos citoyens lambda sont des libertariens qui s'ignorent" ! Bravo à vous, pour une fois que quelqu'un s'en aperçoit !......Et ceux qui ne le sont pas pèchent effectivement par "un collectivisme trop poussé à l'extrême" !.......
Par conséquent dans ces conditions, difficile de parler "d'unité idéologique" (puisque ces deux doctrines précisément "s'oppose à leurs deux extrêmes" !).......Donc moi je parlerais plutôt d'un problème de "radicalité", de "dogmatisme" sans précédent dans notre société actuelle, et "ça c'est vrai" et personnellement j'en souffre beaucoup !..... Les gens sont "tout ou rien", comme toute solution à nos problèmes ils ne proposent que les méthodes "catégoriques", ils croient que l'emploi des "grands moyens" serait soit-disant la seule et unique manière efficace et raisonnable de tout régler (tel l'exemple le plus cité : y'a du chômage et de la délinquance dans la jeunesse, solution ? Retour des femmes à la maison !). Toute allusion à la "modération", la moindre évocation d'un "juste milieu" et pire encore les propositions "nouvelles, innovantes", sont immédiatement taxées de naives, d'infantilistes, "d'oxymoriques", voire "relevant d'un esprit immature" !!.......Mais comment est-il possible de vivre ainsi "tellement à l'opposé de la nature humaine" ?!.....L'humain est certes un être formidable capable d'affronter vents et marrées.......mais "pas éternellement et sans limites" ! La personne humaine est aussi FAIBLE (ne l'oublions pas !......) ; or par définition la faiblesse "ne peut théoriquement supporter la radicalité" ! Donc je dois avouer "m'interroger vraiment sur ce phénomène"........Souvent je me dis : soit c'est "les autres qui sont anormaux".......ou alors "c'est moi" (mais y'a "forcément quelque chose".....) !