Les privilégiés

En cette journée de grève des fonctionnaires une petite réflexion sur la notion de privilège.
J'entendais cet après midi à la radio une jeune fonctionnaire décrire sa situation :
"J'ai BAC plus six et je gagne mille sept cents euros par mois, je ne pense pas être une privilégiée" affirmait-elle.

En associant la notion de privilège et le montant de son salaire cette jeune femme établit un lien direct entre privilège et richesse. Un "privilégié" pour elle c'est celui qui est riche ou celui qui a un revenu élevé. "Je ne suis pas riche, donc je ne suis pas privilégiée" nous dit-elle.
Cette vision du privilégié constitue un détournement de sens tout à fait révélateur de la morale socialiste qui domine notre société.

Car un privilège ne mesure ni une accumulation de biens ni un revenu, un privilège c'est un droit qu'on accorde à certains et qu'on n'accorde pas à d'autres.

Le fait d'avoir décroché un poste avantageux, de bien gagner sa vie ou d'avoir accumulé des richesses n'est absolument pas un privilège en soi. Un homme riche n'est pas un privilégié, sauf s'il a acquis sa fortune au moyen d'un droit préférentiel d'exercer une activité ou d'acquérir des biens.

Le fondement de la société libérale c'est l'absence de privilèges. Le fondement de la société dirigiste ce sont les privilèges, les monopoles et le protectionnisme. Dans l'ancien régime la propriété foncière était réservée à la noblesse tandis que l'artisanat et l'industrie étaient aux mains des corporations.
De nos jours l'Etat accorde l'emploi à vie à une certaine catégorie de gens et pas aux autres. Il accorde cinq semaines de vacances à certains et trois mois à d'autres. Il oblige certains à cotiser pendant quarante et un ans et d'autres pendant trente sept ans et demi pour toucher une même retraite. Il fait dépendre certaines personnes de la législation civile et d'autres des tribunaux administratifs. Voilà de vrais privilèges !

Alors effectivement Madame, cet Etat qui vous a accordé vos privilèges ne vous paye plus très bien. Pas étonnant quand on connaît le montant colossal de ses dépenses qui doit être financé par une société civile exsangue qui ne comporte plus que dix sept millions d'actifs... non privilégiés, eux.

Haut de page