Airbus - le clientélisme social en action

Lorsqu'une entreprise connait des difficultés il existe dans notre pays un ensemble de règles sociales non écrites qui décrivent le sort qui sera réservé à ses salariés.

Dans les petites et moyennes entreprises, il faut faire vite pour survivre. Les lois sociales sont si contraignantes et les coûts de licenciement si élevés que bien des entreprises ne peuvent se relever d'une simple crise. Dans tous les cas, c'est une partie ou la totalité de l'effectif de la société qui se retrouve sans emploi avec pour seule indemnité ce qui est prévu par la convention collective ou un peu mieux dans le cas d'une indemnité transactionnelle négociée.

Dans le cas d'une entreprise publique, les licenciements n'existent pas. C'est "l'Emploi à Vie" et le déficit de l'entreprise est comblé par des fonds publics c'est à dire par des impôts. C'est le cas de la SNCF, de la poste, d'EDF, de la banque de France, de l'ANPE etc.

Entre ces deux extrêmes on trouve les grandes entreprises, ce "capitalisme d'état", qui doit rendre des comptes réguliers à Bercy, dont les ministres et le président de la république servent de VRP, et qui réalise la plupart de ses bénéfices à l'étranger. Là, les procédures de licenciement sont tout à fait différentes. Pour les 4200 employés français d'Airbus menacés par le plan "Power8", il n'y aura pas de licenciement sec et les règles sociales valables ailleurs telles que "dernier embauché, premier licencié" ne seront pas appliquées. La mobilisation est générale à droite, à gauche et au centre : recapitalisation pour Sarkozy et Bayrou, intervention des régions pour Royal, les candidats étatistes à la présidentielle trouvent là une occasion de s'adonner à leur passion : l'interventionnisme tout azimuth, surtout dans les secteurs où ils ne connaissent rien.

Que les 4200 employés d'Airbus menacés se rassurent, ils seront bien traités : ils seront reclassés ou ils partiront en préretraite à 50 ans, ou bien ils toucheront l'équivalent de leur salaire plein jusqu'à la retraite en indemnités. Faisons confiance à l'état, aux régions, aux préfets, aux ministres, à la solidarité nationale, c'est une grande cause ! D'autant plus grande qu'elle est... médiatique

Car comme pour Alcatel Lucent, la Samaritaine ou Danone en son temps, la solicitude des étatistes est directement proportionnelle à l'impact médiatique du plan social.

Tandis que les aides, moratoires, cellules de reclassement privées, bilans de compétences, "groupes de travail", sont mis en place pour les uns, les autres, ceux qui ont le tort d'appartenir à des petites et moyennes entreprises doivent se contenter de leurs indemnités légales et s'inscrire à la grisante ANPE.

Belle conception de l'égalité ! et nouvelle démonstration du clientélisme débridé mis en place par le pouvoir étatique.

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