Intoxication aux concombres BIO : le black out des médias français

Le silence des médias français sur l'origine biologique des concombres espagnols incriminés dans la mort de 11 personnes est proprement ahurissant. Cette information importante, au moins autant que l'origine espagnole présumée de l'infection, est complètement occultée par une majorité des grands médias. Ce sont les internautes qui se chargent de transmettre l'information via les commentaires et les forums.

Les deux grands journaux télévisés de TF1 et France 2, le Point, l'Express, France Info, Le Monde, entre autres n'ont pas publié une ligne sur le sujet. On dirait même en lisant leurs articles ou en regardant leurs journaux soporifiques et embarrassés qu'ils évitent soigneusement la question (observation au lundi 30 mai soit plusieurs jours après le début de la crise)

Parmi les médias qui ont honnêtement informé leurs lecteurs on peut citer : Sud Ouest et RFI.

Enfin parmi ceux qui ne veulent pas être pris en flagrant délit de désinformation tout en en faisant le minimum on trouve Le Parisien, qui a publié une ligne dans un des trois articles qu'il a consacré au sujet et Le Figaro qui a fait de même dans deux des quatre articles sur le même thème.

Nous n'avons pas pu faire un inventaire exhaustif des articles et des émissions portant sur la question mais il semble bien que l'omerta soit majoritairement de rigueur.

On est en droit de se demander si ce déni d'information n'est pas la conséquence de l'implication outrancière de ces médias dans la promotion de l'agriculture prétendument "biologique". Les fabricants d'opinion craignent probablement de se déjuger en admettant que la filière bio n'est pas si saine, après lui avoir fait une publicité démesurée.

Examinons toutefois ce qui peut plaider à décharge en faveur de ces médias oublieux de leur devoir d'information.

Première hypothèse, on peut penser qu'ils sont prudents et ne veulent pas incriminer la filière bio avant d'avoir des preuves de sa responsabilité.

Evoquer la prudence et la retenue s'agissant de grands médias toujours à l'affut du sensationnel peut prêter à sourire, mais il convient d'étudier l'argument objectivement. Or aucun de ces organes d'information n'a pris de précaution pour souligner l'origine espagnole des produits.

Lors des précédentes alertes sanitaires, les médias n'ont pris absolument aucun soin pour épargner les filières suspectées. Que ce soit pour la maladie de la vache folle, bien réelle ou pour des risques supposés sur des organismes génétiquement modifiés, le couperet de la panique alimentaire tombe sans aucun égard pour les professionnels concernés. L'argument de la prudence dans le traitement de l'information ne tient donc absolument pas au regard de l'histoire récente des crises alimentaires. Pire, en n'indiquant pas que les aliments contaminés sont issus de l'agriculture biologique, les journalistes prennent le risque que certaines personnes surconsomment des produits bio en croyant être protégés par les prétendues qualités de cette agriculture née de la gnose écologiste.

Deuxième hypothèse, il n'y aurait pas de lien entre la contamination et le fait que les légumes soient bio. On peut ainsi lire dans la presse qu'un lot serait tombé à terre (le lot tout entier, c'est étrange) ou que les concombres auraient pu être contaminés lors du transport. Tout cela est effectivement possible mais pourquoi en parler plus que l'origine bio de la production ? Il semble quand même incroyable de disserter sur toutes les causes possibles sauf sur la plus probable, à savoir que la bactérie Escherichia coli provient des excréments d'animaux, abondamment utilisés en agriculture biologique en lieu et place des engrais chimiques.

Car ce n'est pas la première fois que des produits issus de l'agriculture biologique sont pointés du doigt et que leur soi disant bénéfice pour la santé est remis en cause. Une étude italienne de l'association "Altroconsumo" datant de 2007 a notamment montré que les produits bio comportent nettement plus de bactéries que les produits issus de l'agriculture raisonnée. S'ils contiennent moins de traces de pesticides et autres produits phytosanitaires, ils contiennent en revanche plus de germes potentiellement dangereux pour la santé. Voir l'article de Courrier International ici.

Quelle que soit la façon dont on aborde le problème il apparait que la presse a manqué à son devoir d'information et qu'elle a voulu protéger une filière bio qu'elle a mis en avant pendant des années sans le moindre esprit critique. Quand on pense que le lobby écologiste a réussi à introduire ce type d'aliment dans les cantines des écoles avec l'appui des pouvoirs publics on est en droit de s'inquiéter sur la passivité des journalistes.

Une façon intéressante de corroborer notre jugement sur le traitement de faveur dont bénéficie le lobby écolo sera d'observer dans les prochaines semaines si le gouvernement, les socialistes ou les verts demandent un moratoire sur l'agriculture biologique en application du "principe de précaution". Le suspens est haletant.

Haut de page