Tout le monde connaît ce stratagème vieux comme le monde : provoquer un
problème, un accident, un désordre, ou simuler une agression pour ensuite
apparaître comme un sauveur aux yeux de tous.
Le pompier qui met le feu pour ensuite l'éteindre, le séducteur qui sauve la
femme convoitée d'une fausse agression perpétrée par des compères, etc.
L'État est probablement le plus habile et le plus inventif utilisateur de ce
procédé.
L'État crée de toutes pièces des problèmes qu'il s'évertue ensuite de
régler pour apparaître comme Le Sauveur. Ce faisant il crée un maximum d'autres
problèmes qui viendront alimenter son fond de commerce de "problèmes à
résoudre". Ses adorateurs n'y voient bien entendu que du feu.
Prenons le cas du mariage.
Le mariage civil, ou mariage d'État est une
copie du mariage religieux. Il fallait bien que l'État jacobin invente quelque
chose pour n'être pas en reste des cérémonies du mariage religieux dont il
était jaloux. Il a donc inventé ce mariage "officiel" et le folklore
républicain qui l'a peu à peu accompagné : le discours du Maire, la salle de
"cérémonie", l'écharpe tricolore, le buste de Marianne.
Mais le mariage civil a avant tout pour but de
contrôler les comportements et de restreindre les libertés. L'État accorde
ainsi des avantages pécuniaires importants à ceux qui vivent suivant le modèle
défini comme "normal".
Alors qu'un célibataire sans enfant sera taxé
toute sa vie comme un paria, un couple avec trois enfants sera fortement
avantagé. Moins taxé, il bénéficiera de nombreux avantages "sociaux" et il
pourra de surcroît, à la fin de sa vie céder ses biens à ses enfants avec des
droits de succession réduits. Ceux du célibataire sans enfants ne pourront être
transmis à ses amis ou connaissances sans être majoritairement confisqués par
l'État.
Alors que le mariage religieux est un contrat
entre deux personnes dont les termes sont fixés par l'Eglise c'est à dire par
Dieu, le contrat de mariage étatique est clairement un contrat liant trois
parties : les deux époux et l'État lui-même, qui surveillera les époux tout au
long de leur vie et leur fera payer leurs éventuels écarts.
Le premier problème auquel s'est heurté l'État
après avoir tenté de copier le mariage religieux c'est le divorce.
La baisse des sentiments religieux,
l'allongement de la durée de la vie, la plus grande volonté d'indépendance et
de liberté des individus ont créé une "demande " pour le remariage, donc pour
sa conséquence immédiate, le divorce.
Il a fallu de nombreuses années pour que soit
peu à peu abandonnée la notion de divorce pour faute, sinon en droit du moins
dans les faits. Malgré les réformes de 1975 et de 2004 le divorce par
consentement mutuel demeure long et coûteux. Les deux époux ont beau être
d'accord pour se séparer, le troisième contractant, l'État, est beaucoup plus
rigide et fait chèrement payer son accord final. Les procédures fixant les
pensions et les modalités de garde des enfants sont extrêmement pénibles,
rigides et contraignantes pour les deux époux contractants. Mais il faut
admettre que l'on va lentement vers plus de souplesse. La société évolue et
l'État, donc la Justice, suit lentement la demande de la société.
Ce qui est étonnant dans ce processus c'est
que l'État qui est pourtant le maître d'oeuvre de ce carcan légal, réussit à se
donner le rôle du réformateur libérateur. Au fur et à mesure de
l'assouplissement des procédures de divorce, l'État apparaît aux yeux du grand
public comme le grand libérateur des moeurs et de la procédure. Un comble
!
Deuxième grand problème auquel l'État s'est trouvé récemment confronté c'est le
mariage homosexuel. Après avoir inventé la discrimination basée sur la notion
de couple, l'État se heurte tout naturellement au problème des couples
homosexuels. Car la discrimination sociale, morale et financière que l'État
exerce entre les couples mariés et "les autres" ne pouvait laisser indifférents
une catégorie de citoyens, les homosexuels, qui veulent eux aussi leur part du
gâteau, c'est à dire les avantages liés à la vie en couple.
Encore une fois l'État, par un tour de passe passe ahurissant, réussit à se
donner le beau rôle en inventant le PACS, présenté comme une "avancée sociale"
alors qu'il ne vise qu'à étendre à une nouvelle clientèle électorale la
discrimination positive (donc négative pour les autres) que représente le
mariage.
L'État c'est la grande
fiction qui s'efforce de résoudre tous les problèmes qu'il a lui-même contribué
à créer.
1 De Edouard -
Bien vu Alain !
2 De Archilibéral -
Excellent de clairvoyance !
3 De Robert Marchenoir -
Votre vision du mariage est incroyablement partielle. Vous n'y voyez qu'une problématique économique (politique fiscale, etc). Cette dernière est parfaitement secondaire. Il n'y a pas que l'économie dans la vie ou dans une société.
Si l'Etat, tous les Etats du monde, font du mariage un axe central de leurs lois, c'est que le mariage est une institution socialement indispensable.
Dans les sociétés religieuses, les Eglises régentent le mariage et l'Etat les suit. Dans les sociétés non religieuses comme la France, l'Etat a pris le relais de l'Eglise sur ce terrain.
Par nécessité sociale, tout simplement.
Quant au mariage homosexuel, c'est une contradiction dans les termes. On pourra faire toutes les lois qu'on voudra, y compris pour l'autoriser, que cela ne changera rien.
Le mariage, c'est la procréation et la survie de l'espèce. Toutes les autres problématiques (procurer des avantages fiscaux, flatter la vanité des groupuscules identitaires homosexuels) sont secondaires.
4 De Pantoufle -
Il me semble dangereux de rapprocher la nécessité de procréation de l'évolution de la législation pour les minorités. Considérer qu'il y a certaines lois qui favorisent ceux qui sont en mesure de procréer parce que leurs mœurs y sont favorables c'est en un sens discriminer les homosexuels sous prétexte qu'il ne participent pas au renouvellement des générations. Contrairement a certains a priori qui on la vie dure, on ne choisit pas d'être homosexuel, on ne peu donc pas prétexter de cela pour refuser le droit au mariage.
Maintenant si le droit au mariage est un droit qui est ammené à devenir un droit fondamental, et qu'on le refuse à une catégorie de personnes qui ont des mœurs "biologiquement" incompatible avec le renouvèlement des générations, on peut en arriver à faire un rapprochement avec la définition d'un crime contre l'humanité dont un extrait
"...la persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste,..." laisse planer un doute auquel je ne saurais quoi répondre; doute qui n'aurais plus lieu d'être si on démontrais que l'homosexualité était d'origine génétique, ce qui (eu égard à l'idée exposée précédemment) rétrograderais la 5ème république au rang du 3ème Reich........La question sous-jacente (mais beaucoup plus vaste) étant de savoir si la science et la religion doivent dicter les lois, ou de savoir si l'homme est capable d'édicter seuls ses lois indépendamment de certaines doctrines religieuses ou scientifique qu'il considère inhumaine du point de vue de la societé dans laquelle il vit.
En espérant avoir été clair sur les inquiétudes que suscitaient la remarque de Robert Marchenoir qui pourrait être considérée comme homophobe.