Ecologie et psychologie des foules

En 1895, Gustave Le Bon publie Psychologie des foules. Considéré comme un classique ce texte concis de 125 pages est publié aux PUF dans la collection "quadrige - grands textes". L'ouvrage a été traduit en plus de dix langues et s'avère un point de passage obligé en sociologie (1).

Les réactions de l'opinion à la propagande écologiste possèdent les grandes caractéristiques de la psychologie des Foules si bien décrite par Gustave Le Bon à savoir : intolérance, autoritarisme, conservatisme, exagération, simplisme, suggestibilité, crédulité, impulsivité, mobilité, irritabilité.

Mais lisez ce qu'écrit Gustave Le Bon dès 1895 :

"L'absurdité philosophique de certaines croyances générales n'a jamais été, je le répète, un obstacle à leur triomphe. Ce triomphe ne semble même possible qu'à la condition qu'elles renferment quelque mystérieuse absurdité. L'évidente faiblesse des croyances socialistes actuelles ne les empêchera pas de s'implanter dans l'âme des foules. Leur véritable infériorité par rapport à toutes les croyances religieuses tient uniquement à ceci : L'idéal de bonheur de ces dernières ne devant être réalisé que dans une vie future, personne ne pouvait contester cette réalisation. L'idéal de bonheur socialiste devant se réaliser sur terre, la vanité des promesses apparaîtra dès les premières tentatives de réalisation, et la croyance nouvelle perdra du même coup tout prestige. Sa puissance ne grandira donc qu'au jour de sa réalisation."

La nouvelle religion écologiste semble avoir instinctivement retenu les leçons de l'échec de la religion socialiste qui l'a précédée. Elle ne promet pas un monde meilleur immédiat mais, comme beaucoup d'autres religions plus classiques, elle s'érige en rempart contre la fin du monde. Au contraire de ses très malhabiles homologues les sectes apocalyptiques, la religion écologiste ne donne évidemment pas de date pour cette fin du monde. Elle ne parle d'ailleurs généralement pas de "fin du monde", se contentant de suggérer ce vieux concept à ses adeptes à travers des descriptions de dégradation des conditions de vie : catastrophes climatiques, explosions nucléaires et radiations, pénurie, empoisonnement, etc. Elle s'est donnée le nom d'une science, l'écologie pour asseoir sa crédibilité.

Ce que l'église écologiste, c'est à dire l'écologie politique n'avait pas prévu c'est l'extraordinaire engouement des foules pour son discours. Relayée par tous les grands mouvements politiques ainsi que par les organes dirigeants nationaux et internationaux, la religion écologiste a très largement débordé ses créateurs pour devenir une cause mondiale qui ne souffre ni critique ni discussion. Jamais une religion n'aura infiltré si rapidement tous les rouages du pouvoir international.

Les nouveaux gourous de la religion écologiste se trouvent débordés par l'incroyable succès que la Foule accorde à cette nouvelle croyance. Au point que l'écologie politique est en passe d'être marginalisée par cette adhésion massive. Tous les chefs d'Etats deviennent "écologistes" ainsi que les artistes, les présentateurs télé, les journalistes. En France, tous les "grands" candidats à l'élection présidentielle ont signé le calamiteux "pacte écologique" du gourou Nicolas Hulot. Les médias, même les plus sérieux en apparence, accompagent et amplifient le phénomène au nom de la politique éditoriale la plus rentable et la moins risquée : ne publier que ce que la Foule veut entendre.

(1) merci à Patrick et Frédéric pour leurs conseils bibliographiques et leur impulsion décisive pour la rédaction de ce post.

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