Alternative Libérale, la fin du ghetto pour les libéraux.

La récente prise de position d'Alternative Libérale en faveur de François Bayrou pour le premier tour de l'élection présidentielle et le déchaînement de passions qui s'en est ensuivi de la part de certains libéraux appelle quelques réflexions.

Rappelons les faits : Alternative Libérale n'a pu recueillir les cinq cents signatures nécessaires pour présenter son candidat à l'élection présidentielle de 2007. Suite à cela le parti, par la voie de son président et après décision du comité de direction, a décidé de soutenir François Bayrou au premier tour.

Cette décision a surpris et même faché certains libéraux (dont curieusement beaucoup situés en dehors du parti) qui estimaient que Nicolas Sarkozy était incontestablement le candidat le plus représentatif des libéraux.

Comment expliquer la violence de ces réactions ? Pourquoi, alors qu'une grande majorité de libéraux s'accordait à trouver Bayrou et Sarkozy bien peu libéraux, aurait-il fallu forcément choisir le second ?

La réponse à cette question est très simple : Parce que Sarkozy est le plus à droite.

Il y aurait donc une "évidence" quand on est libéral, à choisir le candidat le plus à droite même si celui-ci prononce des discours nationalistes enflammés, même s'il défend l'interventionnisme économique, la discrimination positive, les "Droits à" et la société du contrôle.

Le but de cet article est de démontrer que cette soi-disant "évidence" ne se justifie ni historiquement ni idéologiquement, ni stratégiquement.

Tout d'abord un bref rappel historique. Avant l'établissement du bloc communiste les libéraux n'étaient pas classés "à droite" et n'étaient pas considérés comme des conservateurs. Au moment du renouveau et de la seconde vague du libéralisme intervenue hors de France de 1920 à 1970, les grands auteurs libéraux se partageaient entre plusieurs sensibilités, toutes opposées aux totalitarismes, de quelques bords qu'ils soient.
Le destin du nazisme ayant été rapidement scellé, c'est au communisme que se sont naturellement attaqués les libéraux ce qui a pu leur donner une connotation "de droite", aussitôt amplifiée par leurs adversaires collectivistes.

On voit donc, tout au long de l'histoire, que le positionnement des libéraux sur l'axe gauche-droite leur est principalement attribué par leurs adversaires. Lorsque les ennemis des libertés sont représentés par l'ancien régime, les libéraux sont classés à gauche, lorsque leurs ennemis sont composés de socialo-communistes ils sont étiquetés à droite.

Or la France connait depuis de nombreuses années une situation politique tout à fait exceptionnelle en Europe et parmi les pays développés. C'est en effet le seul pays où l'influence collectiviste a perduré bien après les premiers signes avant-coureurs de la faillite économique et morale du communisme. Alors que tous les partis de gauche européens évoluaient, le parti communiste français demeurait immuable et le parti socialiste tournait le dos à la social-démocratie. De surcroit le Gaullisme chiraquien étendait à droite la sphère d'influence de l'alter-mondialisme et du dirigisme économique.

Dans ce contexte d'un paysage politique où même la droite maniait le clientélisme social et augmentait de façon ininterrompue les dépenses et le train de vie de l’État, les libéraux se sont vus attribuer un positionnement de "droite de la droite" par leurs adversaires.

Or les libéraux ne sont pas et n'ont jamais été la droite de la droite. Ce faux positionnement leur a été attribué par leurs adversaires marxistes et alter-mondialistes, tellement viscéralement opposés au libéralisme qu'ils ne peuvent se le représenter que comme une des composantes de la droite extrême.

Que des pseudo-libéraux conservateurs se soient reconnus et installés dans le ghetto politique imposé par la gauche marxiste et par le lobby alter-mondialiste ne légitime en rien cette erreur historique. Disons-le tout net, ce n'est pas aux adversaires du libéralisme de définir le libéralisme.

Ce ne sont pas Bové, Besancenot, Mamère, Christine Autain et Jacques Chirac qui doivent décider du contenu d'un programme libéral.

Cette affirmation peut paraître évidente, et pourtant, au cours de ces dernières années et avant la naissance d'Alternative Libérale, c'est bien la vision du libéralisme imaginée par l'extrême gauche qui prévalait dans les média sans qu'aucune voix contradictoire ne se fasse entendre. L'invention des termes néo et ultra libéralisme par l'extrême gauche, largement reprise par les média, en est un exemple saisissant.

Dans ce contexte la décision d'Alternative Libérale n'est pas seulement saine, elle est salutaire. Pour la première fois depuis fort longtemps ce n'est plus l'extrême gauche qui définit le programme libéral. Pour la première fois il y a un vrai programme libéral, et il n'est ni de droite ni de gauche comme l’annonçait d'ailleurs fort clairement le manifeste du parti à sa création.

Enfin stratégiquement, sur le plan du strict calcul politicien y a t-il eu erreur d'Alternative Libérale ?

La droite de l'UMP, les "réformateurs" est aujourd'hui subjuguée par son nouveau leader charismatique. Il sera très difficile de l'enroler dans une opposition, même libérale. La gauche de l'UMP, gaullistes et Dupont-Aignantistes sont très anti-libéraux. Rien à attendre d'eux.

En revanche le centre et la droite du parti socialiste sont un terrain de chasse largement ouvert pour les idées libérales. Autant la position "droite de la droite" servait de repoussoir à toutes les bonnes volontés libérales issues du centre, autant la position prise par AL va favoriser l'approche et le recrutement de ces nouveaux militants centristes sans la moindre concession sur l'éthique libérale.

Sur les trois critères, historique, idéologique et stratégique, la décision d' AL est donc parfaitement justifiée.

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