Oui, certains vaccins COVID font appel au génie génétique. Admettons-le

Titre original : Yes, some COVID vaccines use genetic engineering. Get over it.

Par Mark Lynas,

Paru sur le site de Cornell Alliance for Science.

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Nous avons tous subi les théories conspirationnistes sur le COVID-19. Aujourd'hui une nouvelle vague de même nature est en train de se former à propos des vaccins COVID - et de se propager de manière aussi virulente que la pandémie qu'ils sont censés contrôler.
Même si les instances de santé publique ont tendance à se montrer rassurantes sur certaines des appréhensions les plus raisonnables - oui, les vaccins ont été développés incroyablement rapidement et des effets secondaires à court terme peuvent se produire - ce billet se propose d’aborder le sujet sous un autre angle.

Nous irons droit au cœur du problème. Donc non, les vaccins COVID-19 ne sont pas des vecteurs de distribution de puces gouvernementales. Ils ne sont pas contaminés par du matériel provenant de fœtus avortés. Et ils ne nous transformeront pas en OGM - bien que certains d'entre eux utilisent le génie génétique, et que tous utilisent la génétique de manière plus générale.

Nous pensons que c'est vraiment super - quelque chose à célébrer, et dont il ne faut pas avoir honte. Nous tenons donc à dépeindre en profondeur la façon dont la génétique et les biotechnologies ont été au cœur de l'effort de recherche sur ces vaccins. Parce que nous savons que les conspirateurs ne se soucient pas des preuves, de toutes façons.

ARNm - vaccins BioNTech/Pfizer et Moderna

Premier point : l'ARNm. Il ne reprogrammera pas votre cerveau. Mais il reprogramme certaines de vos cellules, en quelque sorte. Et ce n'est pas un défaut, c'est intentionnel.
Pour comprendre cela, vous devez savoir à quoi sert l'ARNm. En gros, c'est une molécule d'acide nucléique simple brin qui transporte une séquence génétique de l'ADN, du noyau de la cellule vers les usines à protéines - appelées ribosomes - qui se trouvent à l'extérieur du noyau dans le cytoplasme cellulaire.
C'est ce que
signifie le "m" d'ARNm : messager. L'ARN messager ne fait que transmettre les instructions pour l'assemblage des protéines de la matrice d'ADN aux ribosomes. (Les protéines font presque tout ce qui compte dans l'organisme.) C'est tout.

C'est utile pour les vaccins car les scientifiques peuvent facilement reconstruire des séquences génétiques spécifiques qui codent pour des protéines
distinctives du virus envahissant. Dans le cas du COVID, il s'agit de la protéine de pointe bien connue qui permet au coronavirus de pénétrer dans les cellules humaines.
Les vaccins à ARNm
obligent quelques cellules proches du site d'injection à produire la protéine de pointe. Celle-ci prépare ainsi votre système immunitaire à fabriquer les anticorps et les lymphocytes T qui combattront la véritable infection par le coronavirus lorsqu'elle se produira.
Ce n'est pas très différent de la façon dont les vaccins traditionnels fonctionnent. Mais au lieu d'injecter un virus vivant affaibli ou
éteint, l'approche par ARNm entraîne directement votre système immunitaire avec une seule protéine.

Contrairement aux affirmations des plus fous, il ne vous transformera pas, vous ni personne d'autre, en OGM. L'ARNm reste dans le cytoplasme, là où se trouvent les ribosomes. Il n'entre pas dans le noyau et ne peut pas interagir avec votre ADN ni provoquer de modifications du génome. Pas de « Frankencure » ici non plus.

Une variante de l'approche ARNm consiste à reculer d’un pas dans le processus et à la place, de construire une plateforme de vaccin à partir d'ADN. Ce modèle d'ADN - construit par les scientifiques pour coder la protéine de pointe du coronavirus - est introduit dans les cellules où il est lu dans l'ARNm et... eh bien, le reste est identique.

Vous vous demandez peut-être si cet ADN peut modifier génétiquement vos cellules. Encore une fois, la réponse est non. L'ADN est injecté en petits morceaux circulaires appelés "plasmides" - à ne pas confondre avec les plastiques - et si ceux-ci entrent bien dans le noyau, le nouvel ADN lui ne s'intègre pas dans votre génome cellulaire. Vous y êtes ?

Adénovirus - le vaccin d'Oxford

Celui-ci est vraiment génétiquement modifié. Mais qu'est-ce que cela signifie réellement ?

Le vaccin d'Oxford utilise ce que l'on appelle une approche par "vecteur viral". L'équipe scientifique a pris un adénovirus - un type d'agent pathogène qui provoque un rhume commun - et l'a couplé à la même séquence génétique de protéine de pointe que celle du coronavirus.

L'adénovirus sert simplement de véhicule pour faire entrer la séquence génétique dans vos cellules. Voilà pourquoi il est appelé « vecteur viral ». Après tout, les virus ont été conçus par des milliards d'années d'évolution, précisément pour trouver des moyens de se faufiler dans les cellules hôtes.
Notez que le génie génétique est une partie essentielle du processus de développement. Tout d'abord, les virus vecteurs sont dépouillés de tous les gènes qui pourraient vous nuire et provoquer une maladie. Les gènes qui provoquent la réplication sont également supprimés, de sorte que le virus est inoffensif et ne peut pas se répliquer.

Ensuite, les gènes de la protéine de pointe du coronavirus sont ajoutés - une utilisation classique de l'ADN recombinant. Donc oui, l’emploi du vaccin Oxford/AstraZeneca signifie bien qu'un virus génétiquement modifié est injecté dans votre corps.

Et c'est une bonne chose. Dans le passé, par exemple avec le vaccin contre la polio, les virus vivants contenus dans le vaccin pouvaient parfois muter et redevenir pathogènes, provoquant une polio dérivée du vaccin. Vous pouvez voir qu'il est de loin préférable d'utiliser un virus génétiquement modifié qui ne peut pas causer de tels dommag
es !

L'alarmisme OGM

Comme nous l'avons déjà signalé à l'Alliance pour la Science, les mouvements anti-OGM et anti-vaccins se chevauchent considérablement. Ces groupes ont tendance à partager une idéologie qui se méfie de la science moderne et fétichisent plutôt les approches "naturelles". Quoiqu’on puisse entendre par "naturel" .

Notez que ces groupes ne sont pas toujours relégués à la frange à laquelle ils appartiennent. En Europe, les réglementations anti-OGM ont bloqué toute utilisation substantielle de la biotechnologie des cultures pendant près de deux décennies, entravant les efforts visant à rendre l'agriculture plus durable.

Et en juillet dernier, le Parlement européen a dû suspendre les règles anti-OGM de l'UE afin de permettre le développement sans entrave des vaccins COVID. Très embarrassant pour Bruxelles !

Les mouvements anti-OGM et anti-vaccin vont-ils utiliser leurs tactiques habituelles d'alarmisme pour susciter la peur, accroître le doute sur les vaccins, et prolonger ainsi l'enfer de la pandémie de COVID-19 ? Cela reste à voir. S'ils y parviennent, alors, tragiquement beaucoup plus de personnes mourront et nos économies continueront de souffrir. C'est à nous tous - le mouvement populaire en faveur de la science - de les arrêter.

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