Clash Patrick Cohen - Marine le Pen : "bolchos" contre "fachos"

Quand les dirigistes s'invectivent, cela donne des situations intéressantes à analyser. L'un de ces mini psychodrames s'est récemment déroulé sur l'antenne de France Inter où le journaliste Patrick Cohen recevait Marine Le Pen.

Une mission de service public : faire déraper Marine Le Pen

Au début, Patrick Cohen pose quelques questions de politique politicienne sur les scores récents du Front National, et sur le scrutin de Villeneuve-sur-Lot. Il essaye de faire réagir Marine Le Pen en employant avec insistance l'expression partisane de "front républicain", sans succès, son interlocutrice ne réagit pas.

Dans un deuxième temps Patrick Cohen semble s'intéresser au programme du FN. La dirigeante du FN se voit offrir l'occasion de présenter rapidement les points de programme qui différencient son parti de l'UMP, à savoir : "tous pourris" et vive la "transparence" (imposée par le chef). Patrick Cohen s'ennuie. Il ponctue chaque phrase de Marine Le Pen de "hum" dubitatifs et méprisants : aucune neutralité journalistique mais peu importe (on est en France et dans le service public), il peut passer à la suite qu'il a soigneusement préparée.

Car l'actualité sur Nelson Mandela lui donne l'occasion de venir titiller Marine Le Pen sur le passé peu glorieux du Front National sur le sujet . A peine Madame Le Pen a-t-elle déclaré que Nelson Mandela était "une figure d'apaisement" et que "la sortie de l'apartheid était une bonne nouvelle", que Patrick Cohen l'attaque sur les anciennes positions de son père et de Bruno Megret. Il réussit cette fois à (enfin) énerver Marine Le Pen qui traite France Inter de  "vieux relents de bolchevisme" puis de "radio bolcho".

Les "contre-réactionnaires" entrent en action


L'expression fait les choux gras de la gauche dirigiste qui y décèle immédiatement une "preuve" de la filiation du FN avec le fascisme (ce qui semble être un scoop). Ainsi le chroniqueur Bruno Roger-Petit, relayé par "Le Plus" du Nouvel Observateur ne craint pas d'écrire :

"... ce "bolcho" jeté par Marine Le Pen à la face de Patrick Cohen est la manifestation de ce que l'habitus "facho" de Marine Le Pen est vivant, et bien vivant. "

L'ancien journaliste de France télévision, dans la droite lignée des "contres-réactionnaires" de pacotille, si bien décrits par Pierre André Taguieff, commence d'ailleurs son article par un subtil :

"chassez le naturel il revient au facho".

Il utilise donc exactement le même procédé que Marine Le Pen sans même s'en apercevoir.

Etymologiquement, France Inter est bien une radio "bolchévique"


Au delà de cette polémique stérile, il est intéressant de se pencher sur le sens réel du mot bolchevik.
En effet, les bolcheviks sont en russe, ceux qui ont la majorité. Et le bolchévisme, c'est la dictature parfois violente de la majorité. L'idée que la majorité, à travers ses représentants, peut faire absolument ce qu'elle veut du simple fait qu'elle est majoritaire, est l'idée centrale de la démocratie représentative, soutenue par la quasi-totalité des médias. Cette idée repose, depuis Rousseau, sur plusieurs postulats largement erronés, à savoir que la majorité ne se trompe pas, qu'elle possède un fondement moral à opprimer la minorité, qu'elle est neutre politiquement alors que par définition elle est collectiviste, qu'elle est non violente alors qu'elle permet aux plus influents d'utiliser le monopole de la violence à leur profit.

Au sens étymologique du mot, France Inter est donc clairement une radio bolchévique qui accepte sans broncher l'absolutisme démocratique c'est à dire l'immixtion des décisions majoritaires dans tous les domaines de notre vie : s'habiller, circuler, manger, voyager, avoir des relations sexuelles, aimer, travailler, tout, absolument tout, est régi par des "codes" de plus en plus contraignants sans que cette invasion ne provoque la moindre enquête ou le moindre doute au sein de cette radio publique. France Inter c'est la voix de la démocratie représentative à tendance absolutiste. Celle qui n'est pas près de comprendre ce principe simple : soumettre au vote quelque chose qui ne doit pas l'être est aussi dictatorial, aussi violent et aussi inique que lui soustraire ce qui doit l'être.

Quand Marine le Pen devient "bolcho"


Le plus paradoxal c'est que Marine Le Pen, qui sent que la "majorité" est à sa portée, devient elle aussi une adepte de la démocratie représentative sans limites, ce système béni qui lui permettra d'imposer ses vues à la "minorité" dans tous les domaines de la vie courante grâce à l'appareil coercitif préparé par les dirigistes gaullistes et socialistes. Elle assène ainsi dans la même émission :

"Dans une élection, quand il y a deux personnes, il en a un qui fait plus de 50% et l'autre qui fait moins, évidemment, c'est tout à fait naturel".


Pas sûr qu'on soit rassurés !

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