Gauche libérale - Mot-clé - sociale-démocratieValeurs libérales classiques de la gauche originelle. Droits de l'homme - liberté - laïcité - raison2024-03-01T19:42:20+01:00association gauche libéraleurn:md5:c8a69c990e3072db2745e87b929cd340DotclearAnticor fête ses dix ansurn:md5:dfc19e987b9b5183e46b9843df56de232012-11-09T14:17:00+01:002019-10-30T10:18:51+01:00Alain Cohen-DumouchelActualitéanticorcorruptionlibéralismesociale-démocratie<p><img title="médicaments, nov. 2012" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/.medoc-v1ctor-m_m.jpg" /></p>
<p><a href="http://www.anticor.org/" target="_blank">Anticor</a>, qui fête son
dixième anniversaire, se présente comme une "association d’élus et de citoyens
contre la corruption". La formule figure en préambule de <a href="http://www.anticor.org/qui-sommes-nous/statuts/" target="_blank">ses
statuts</a>. On la retrouve schématisée dans sa dénomination et dans son logo
qui représente un médicament censé guérir de la corruption. Tout cela semble
parfaitement clair au premier abord. Pourtant si l'on s'intéresse à ce
qu'Anticor défend au lieu de se laisser bercer par ce qu'elle combat, les
choses sont un peu moins limpides.</p> <h3>La corruption légale, ça existe !</h3>
<p>Ce que l'on désigne habituellement par corruption en politique est un
ensemble d'opérations illégales, par exemple, l'utilisation de ses fonctions
d'élu pour s'enrichir personnellement ou le financement des partis politiques
obtenu par surfacturation d'appels d'offres publics. Normalement c'est à la
police et à la justice de traiter les cas de corruption puisqu'ils sont punis
par la loi. Pourtant, tout en ayant choisi un slogan et une dénomination sans
ambiguïté, Anticor s'attaque à des pratiques parfaitement légales. Citons, sans
être exhaustif :</p>
<ul>
<li>le cumul des mandats,</li>
<li>la pratique des "réserves parlementaires",</li>
<li>l'emploi par des élus de membres de leurs famille (Anticor ne va pas
jusqu'aux amis),</li>
<li>l'élection ou la réélection d'individus ayant été condamnés pour des délits
ayant trait à la gestion de l'argent public,</li>
<li>le lobbyisme des entreprises (lorsqu'il "dérive").</li>
<li>le jugement des Ministres par leurs pairs, au travers de la cour de justice
de la république, etc.</li>
</ul>
<p>Anticor admet donc que l'on peut appeler "corruption" des comportements
complètement légaux, ce qui signifie qu'à côté de la corruption illégale existe
une corruption légale.</p>
<h3>L'anti-corruption n'explique pas tout</h3>
<p>Ceci posé, quel est le but réel d'Anticor, sous marin à peine immergé, de la
gauche socialiste et écologiste ? Théoriquement ouverts à toutes les tendances,
"de droite, de gauche, du centre et écologistes", les principes de
l'association ne semblent pas susciter l'enthousiasme des candidats UMP, qui
furent seulement trois à signer sa charte éthique en 2012. Fait plus étonnant,
l'adhésion à l'association et la signature de sa charte sont interdites aux
candidats du Front National.</p>
<p>Si le but d'Anticor était uniquement la lutte contre la corruption, pourquoi
exclure un candidat FN qui serait prêt à s'engager contre le cumul des mandats
ou la pratique des réserves parlementaires ? Et s'il faut éliminer les
candidats des partis censés représenter un danger pour la démocratie, pourquoi
ne pas écarter les communistes ? Les régimes communistes seraient-il
soudainement devenus des modèles de démocratie et de lutte contre la corruption
?</p>
<p>On le voit bien, la lutte contre la corruption ne suffit pas à expliquer le
positionnement d'Anticor, d'autant plus que le Front National a justement un
message anti-corruption très marqué. C'est le fameux "tous pourris", que le FN
diffuse à longueur de campagnes avec un succès grandissant.</p>
<p>Au contraire du FN, l'idée d'Anticor c'est d'apporter une réponse positive
au sentiment de défiance des français face à la classe politique et à la haute
administration. Car malgré la propagande débridée de l'audiovisuel public en
faveur de l'étatisme, malgré la diffusion de masse de bulletins municipaux,
départementaux, régionaux, chargés de conter les bienfaits de l'administration,
malgré les "journées du patrimoine", malgré les palais, les fêtes et le sport
de haut niveau, censés impressionner ou occuper le peuple, les français se
méfient de plus en plus de leur administration et de leurs élus.</p>
<p>Il faut dire que la faillite avérée de l'Etat et des collectivités locales,
l'explosion du chômage conjuguée à celle des réglementations absurdes, le
décrochage de l'économie administrée, sont des constats d'échecs cuisants qui
remettent en cause l'Etat-providence lui-même.</p>
<h3>Sauver la sociale-démocratie, c'est sauver la corruption</h3>
<p>Le but que s'est fixé Anticor, c'est de sauver la démocratie représentative
et la sociale démocratie avec un minimum de réformes structurelles.</p>
<p>La technique employée s'apparente à un hyperchleuasme (figure qui consiste à
se déprécier ou à avouer un forfait pour essayer d'en cacher un plus grand). Il
s'agit d'énumérer un ensemble de fautes commises par les politiques dans le
cadre de la sociale-démocratie : oui nous cumulons les mandats, oui nous sommes
souvent absents, oui certains d'entre nous s'en mettent plein les poches, oui
nous disposons de cagnottes en argent liquide, oui nous sommes coupables ...
pour masquer le fait que la sociale-démocratie est, fondamentalement,
philosophiquement et légalement un système basé sur la corruption.</p>
<p>Anticor prétend être garante de la "morale républicaine qui veut que tout
élu soit un modèle d’exemplarité pour l’ensemble des citoyens" (sic). Au delà
du ridicule de cette formule qui mèle holisme primaire et élitisme douteux, les
élus sociaux-démocrates, une fois débarassés des quelques maux bien réels
qu'Anticor a identifiés, deviendraient-ils "un modèle d'exemplarité pour
l'ensemble des citoyens" ? Est-il vraiment "exemplaire" de se faire élire ou
réélire en distribuant des faveurs à une clientèle électorale avec l'argent des
autres ? Est-il exemplaire d'utiliser le pouvoir législatif pour satisfaire son
camp, calmer des adversaires trop médiatiques, ou améliorer son "image" ?
Est-il exemplaire de manipuler la monnaie ? Est-il exemplaire de faire croire
que les fonctionnaires et les élus sont plus vertueux que les membres de la
société civile ?</p>
<p>Dans ce système, qu'Anticor tente de sauver, les hommes politiques se
comportent avant tout de facon parfaitement rationnelle. Ils assurent leur
réélection, ils essayent de faire gagner leur parti, ils satisfont leur
clientèle. Tant que des élus pourront distribuer de gigantesques faveurs
sociales ou économiques sur la base de promesses électorales, sans la moindre
conséquence pour eux et leurs familles, le système demeurera corruptif par
essence. Les extrêmes traduisent cela par "tous pourris", Anticor utilise
l'incantation "tous vertueux", et nous libéraux constatons : "tous
normaux".</p>
<h6>Photo médicaments <a href="http://www.flickr.com/photos/v1ctor/7035932329/sizes/l/in/photostream/">(licence
CC sur flickr par .v1ctor.)</a></h6>Remplacer la justice sociale par la justesse socialeurn:md5:2b03487e6c89e44123a90828a6a9c50d2012-04-16T00:29:00+02:002020-11-12T17:15:56+01:00Alain Cohen-DumouchelLigne politiquedirigismejustesse socialejustice socialelibérauxsociale-démocratie<p><a href="https://www.gaucheliberale.org/public/images/pont-construction-par-dav.jpg"><img alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/.pont-construction-par-dav_m.jpg" title="pont en construction, avr. 2012" /></a><br />
La "justice sociale" c'est l'idée que les hommes de l'Etat doivent réparer des "injustices" qui naissent spontanément dans la société. Initialement employée par la gauche socialiste, la formule a été largement reprise puis adoptée par la droite néo-gaulliste. Ce mantra dirigiste suggère que la réglementation étatique est plus juste que la régulation qui naît de l'offre, de la demande et de la concurrence.<br />
Les étatistes pourraient, de façon plus neutre, utiliser les termes <em>d'ingénierie sociale</em> ou même de <em>redistribution sociale</em> pour décrire leur action mais ils préfèrent se présenter comme des "justiciers" redresseurs de tort. On comprend bien l'intérêt qu'ils en retirent.<br />
Le mot justice suppose qu'il y a des<em> victimes</em> et des <em>coupables</em> dans la société. Le concept de "justice sociale" implique donc que les hauts revenus et la réussite sont une forme de criminalité. Autrement dit si les services ou les produits que vous proposez deviennent très appréciés du public, vous serez poursuivi par les "justiciers sociaux".<br />
Inutile de s'appesantir sur cette expression ; sauf à adhérer à la vieille théorie de la survaleur marxiste, la "justice sociale" est une véritable horreur idéologique.<br />
<br />
Et pourtant, l'idée qu'il faut définitivement abandonner le concept de "justice sociale" suscite incompréhension et réticence jusque dans le camp des libéraux.</p> <p>L'origine de cette hésitation tient probablement au fait que nous voulons tous une société <em>socialement juste</em>. et que nous sommes convaincus que la liberté, associée au droit, est un facteur de progrès social.<br />
C'est dans cette optique que l'ancien parti <em>Alternative Libérale</em> a souvent employé l'expression de "justice sociale", notamment dans ses documents fondateurs ou à l'occasion de conférences, et que le <em>PLD</em> continue de l'employer :<br />
"<em>Nous croyons que la liberté des individus ne s'oppose pas à la justice sociale, mais qu'au contraire elle en est le socle</em>". (AL)<br />
"<em>Les libéraux au secours de la justice sociale</em>". (AL)<br />
"<em>Bureaucratisé à l'extrême, l'Etat est incapable de remplir ses promesses en matière de justice sociale</em>." (PLD)<br />
"<em>Nous continuerons à défendre cette mesure de justice sociale [la retraite par épargne personnelle], par ailleurs financièrement bien plus rentable que le système de répartition</em>". (PLD)<br />
<br />
Or, et c'est de là que nait le quiproquo, une société <em>socialement juste</em> n'est pas une société dans laquelle règne la "<em>justice sociale</em>". C'est ce que nous allons nous employer à démontrer dans la suite de cet article.<br />
<br />
Hayek soulignait à juste titre que le langage que nous utilisons a été forgé au sein de sociétés fermées et qu'il est parfois bien difficile de se dégager des concepts qu'il véhicule.<br />
Pour nous en persuader considérons l'adverbe "juste" dans les deux sens qui nous intéressent :<br />
1) conforme à la raison, au bon sens; précis, exact, vrai.; antonymes : faux, inexact ou erroné.<br />
2) conforme au droit; légitime; équitable ; antonymes : injuste ou inéquitable.<br />
et écartons son troisième sens qui est hors sujet, à savoir "insuffisant".<br />
<br />
Lorsque l'on effectue un raisonnement mathématique, le fait qu'il soit <em>juste</em> n'a, à l'évidence, rien à voir avec la <em>justice</em>. Il est juste simplement parce qu'il est conforme à la logique. De même, une société "socialement juste" est pour les libéraux une société en accord avec la raison, et non une société fabriquée par la justice.<br />
<br />
Vouloir en politique associer ce qui est juste à l'idée de <em>justice</em> est réducteur puisque l'on peut également associer ce qui est juste à l'idée de <em>justesse</em>. La société dirigiste traditionnelle abuse de cette orientation qui sert ses intérêts. Il s'agit de faire croire qu'une société juste s'obtient en faisant régner la justice. Or la justice, qu'elle soit humaine ou divine fait obligatoirement appel à un appareil humain, l'église ou l’État.<br />
<br />
Dans la société libérale, est juste ce qui découle de la conformité de l'organisation sociale avec les lois de la nature humaine.<br />
Un pont destiné à franchir une rivière remplit correctement sa fonction si le travail des ingénieurs est juste. Si le pont s'écroule ce n'est pas une <em>injustice</em>, c'est une <em>erreur</em>, autrement dit la sanction que constitue l'effondrement du pont n'a pas une origine humaine, elle est naturelle. C'est une mauvaise évaluation des lois de la nature qui fait que le pont ne rend pas le service que les hommes attendaient de lui.<br />
De même c'est une mauvaise évaluation des lois de la nature humaine qui fait qu'un système politique ne rend pas les services qu'on attend de lui.<br />
<br />
Ainsi les Hommes de la sociale-démocratie ont accumulé des déficits pendant 35 ans et creusé la dette de nombreux pays. Malgré un niveau de dépenses publiques astronomique, la pauvreté, la précarité et le chômage augmentent. Il est devenu évident pour toutes les personnes de bonne foi que l’État-providence est un fiasco. Si l'Etat providence connait cet échec cuisant ce n'est pas parce qu'il est injuste, c'est parce que les hommes de l'Etat se sont trompés, c'est parce que l'édifice qu'ils ont bâti s'écroule, comme se sont écroulés tous les régimes socialistes dans le monde.<br />
<br />
Difficulté supplémentaire du langage, l'ingénieur dont le pont s'écroule, ou les Hommes de l'Etat en faillite, peuvent être déclarés coupables et répondre de leur incapacité ou de leur négligence devant la <em>justice</em>, mais il n'en demeure pas moins que la cause de ces deux désastres est bien une <em>erreur</em> (le non respect des lois de la nature) et non une <em>injustice</em>.<br />
<br />
Vouloir fabriquer une société "de justice", c'est admettre implicitement que le droit positif peut construire de toutes pièces une société dans laquelle règnera par exemple l'égalité "effective" entre les hommes. Les constructivistes ne se posent pas la question de savoir si une telle société est viable, c'est à dire si elle est conforme à la nature humaine. Ils la veulent, ils la désirent, elle leur sert à se faire élire, donc ils la "fabriquent" sans se soucier le moins du monde de sa solidité ou de son équilibre. Un peu comme si on décidait de construire un pont d'une seule portée de 10 km de long, sans s'inquiéter d'étudier la nature, donc la résistance, des matériaux employés.<br />
<br />
En conclusion, utiliser l'expression <em>justice sociale</em> pour marquer notre attachement à une société socialement juste est manifestement une erreur. On peut contourner le problème en employant des périphrases. "<em>Les libéraux au secours de la justice sociale</em>" deviendrait : <em>Les libéraux au secours de l'instauration d'une société socialement juste</em>". Ça sonne évidemment moins bien puisque la langue s'est construite dans un univers dirigiste. Une autre solution consisterait à remplacer la <em>justice sociale</em> par la <em>justesse sociale</em> par analogie avec la justesse d'un raisonnement. La <em>justesse sociale</em> permettrait, en modifiant les habitudes du langage, de suggérer qu'une société juste est celle qui tient compte des lois de la nature humaine et non celle qui légifère à tour de bras.</p>
<h6><a href="http://www.flickr.com/photos/dav/68101248/">Photo flickR licence CC par Dav</a></h6>https://www.gaucheliberale.org/post/2012/04/16/Remplacer-la-justice-sociale-par-la-justesse-sociale#comment-formhttps://www.gaucheliberale.org/feed/atom/comments/163Règle d'or budgétaire et sociale-démocratieurn:md5:4212641b0fbe2895f02e8ba5106041ba2011-09-29T23:14:00+02:002019-10-30T10:10:14+01:00Alain Cohen-DumouchelActualitébudgetdéficitrègle d orsociale-démocratie<p><img title="sociale-démocratie-droite, sept. 2011" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/foule-dte-40.jpg" />Le basculement du sénat à gauche vient
définitivement d'enterrer la règle d'or voulue par Nicolas Sarkozy. Ce
dispositif, adopté dans plusieurs pays européens, mérite pourtant un
décryptage.<br />
Il s'agit de rendre constitutionnelles certaines règles censées garantir un
équilibre budgétaire.<br />
Un projet de loi de révision constitutionnelle a déjà été voté le 13 juillet
dernier par l'UMP et le N.C. Ce texte prévoyait l'instauration de "lois-cadres
d'équilibre des finances publiques" destinées à fixer un "rythme du retour à
l'équilibre" budgétaire. La loi ne prévoit donc pas d'imposer l'équilibre et
elle ne contient pas d'indications chiffrées. Ce seraient ces "lois-cadres
d’équilibre des finances publiques" (terme qui fleure bon la
planification gaulliste) qui, une fois inscrites dans la constitution,
permettraient "d'encadrer la trajectoire budgétaire" en incluant le budget de
l'Etat et celui de la Sécurité sociale. Il s'agirait donc de définir des
recettes minimum et des dépenses maximum à respecter dans
l'<em>avenir</em>.<br />
<br />
Or c'est bien ce dernier terme, l'<em>avenir</em>, qui fournit la clef du
dispositif. Tous les gouvernements sont libres de limiter ou de diminuer les
dépenses publiques et de fixer un niveau d'imposition qui garantit l'équilibre
budgétaire. <em>Ils peuvent le faire</em> et pourtant, depuis 35 ans, <em>ils
ne le font pas</em>. Pourquoi ? Nous touchons là au mode de fonctionnement des
sociales-démocraties en général et de la notre en particulier.</p> <p>Dans notre système, l'État ne <em>peut pas</em> faire baisser ses dépenses.
En effet, un gouvernement qui le ferait s'attirerait les foudres de sa
clientèle électorale, qui à tort ou à raison, croit vivre aux dépens de la
clientèle électorale du parti adverse. De plus, et c'est le point crucial, en
baissant ses dépenses un parti au pouvoir offre au parti adverse la possibilité
de les rétablir. Toute somme économisée devient une arme pour l'opposition
puisque cette dernière peut promettre de la dépenser à nouveau en faveur de sa
propre clientèle électorale. Cela signifie que le parti qui déciderait vraiment
de réduire les dépenses publiques se sacrifierait pour au moins deux
mandatures. D'abord il perdrait le pouvoir sous le double effet du
mécontentement de sa propre clientèle et de l'accroissement de la capacité de
dépense offerte à l'adversaire. Puis, pendant sa première mandature, la
nouvelle majorité rétablirait ou dépasserait le niveau de dépense de son
adversaire trop vertueux, ce qui aurait pour conséquence de satisfaire sa base
électorale. Donc cette majorité serait probablement réélue pour une
deuxième mandature.<br />
Inutile de préciser que ce type de scénario est impossible - il ne s'est
d'ailleurs jamais produit au cours de la Ve république - pour la simple raison
qu'un parti qui tenterait cette manœuvre suicidaire perdrait très rapidement le
soutien de ses élus, lesquels apprécient en général moyennement les mesures de
gouvernement de nature à leur faire perdre leur mandat local.<br />
<img title="sociale-démocratie-gauche, sept. 2011" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/foule-gche40.jpg" /><br />
Pour bien se convaincre de cette mécanique électorale, on peut d'ailleurs
observer que la surenchère a commencé. Martine Aubry a amorcé les
hostilités en annonçant qu'elle allait doubler le budget de la culture, puis, à
l'occasion de l'émoi provoqué par l'insécurité marseillaise, elle a promis de
rétablir dix mille policiers supprimés selon elle par la RGPP (Révision
Générale des Politiques Publiques). Comme le phénomène décrit plus haut
fonctionne également pour une primaire, François Hollande a promis vendredi 9
septembre de "restituer" les postes d'enseignants "coupés" par la droite depuis
2007 (date d'instauration de la RGPP). Il s'agit là de 66 000 postes. Il
est à noter que ce phénomène intervient alors que les gouvernements de Nicolas
Sarkozy n'ont pas fait baisser les dépenses. Bien au contraire, les "plans de
relance" ont copieusement arrosé les banques et les sociétés du CAC 40 tandis
que les dépenses sociales augmentaient de 50% au cours des dix dernières
années. Résultat : les dépenses publiques sont passées de 54 % à 56,2 % du PIB
pendant le seul dernier quinquennat. Que serait la surenchère socialiste si les
dépenses avaient effectivement baissé ? On n'ose l'imaginer.<br />
<br />
Dans un marché libre et bien informé, la concurrence entre les entreprises fait
<em>baisser</em> les prix et seules les <em>ententes</em> peuvent maintenir des
prix hauts. Mais dans le marché politique d'une sociale démocratie, c'est le
contraire : la concurrence entre les partis ne fait pas baisser les dépenses,
elle les fait <em>monter</em>. Il faut donc une <em>entente</em> entre les
partenaires de l'oligopole politique pour tenter de juguler cette hausse
inexorable. La règle d'or est un essai de mise en place d'une telle
entente.<br />
<br />
La règle d'or oblige donc les adversaires politiques d'aujourd'hui à <em>ne
pas</em> profiter d'une baisse des dépenses initiées par l'un d'entre eux pour
surenchérir afin de conquérir le pouvoir. La "trajectoire budgétaire" (on peut
penser dans les circonstances actuelles qu'elle veut être descendante) doit
donc obligatoirement dépasser les échéances électorales pour être efficace. On
comprend la manœuvre de Nicolas Sarkozy qui est habile : si les
socialistes avaient signé le pacte, ils auraient donné l'impression de se plier
à une règle initiée par la majorité et restreint leur capacité de faire des
cadeaux à leur clientèle. De l'autre côté, en refusant la règle d'or, ils
exposent la France à un déclassement de la part des agences de notation, ce qui
serait une vraie catastrophe pour les finances publiques, perspective qui sera
bien entendu exploitée électoralement par le camp de la majorité.<br />
<br />
On l'aura compris cette règle d'or est un espèce de bricolage destiné à sauver
un système social-démocrate en bout de course. C'est une règle de connivence
forte et antidémocratique entre les principaux partis. Elle a été mise en place
en Allemagne, et tout récemment en Espagne. Elle fonctionne tacitement dans les
pays du nord ou les débordements de la fonction publique sont plus étroitement
surveillés par les citoyens<br />
<br />
Toutes les dépenses de toutes les sociales-démocraties mondiales croissent
inexorablement depuis le début du siècle précédent. On est passé d'une
fourchette de dépenses de 8 à 14% du PIB en 1913 pour les pays de l'OCDE à 35 -
56% aujourd'hui. Quelques rares pays, Suède, Canada ont réussi à inverser la
tendance pour quelques années mais la moindre instabilité politique, le moindre
ressentiment d'un parti trop longtemps écarté du pouvoir peut provoquer une
rechute. La France, de son côté, a atteint un niveau de dépenses publiques
record, en décalage de 10% avec l'Allemagne et qui continue à croître, tandis
que le niveau de prélèvements est devenu insupportable pour les classes
moyennes.<br />
Ce sont bien les "contradictions internes" du système social-démocrate qui sont
la cause de cette dérive.<br />
Dans cette organisation, les politiques ont une emprise extravagante sur
l'économie, quelques hommes peuvent très simplement décider de prélever des
sommes colossales par la voie de l'impôt coercitif pour les affecter à quoi bon
leur semble. L’État social-démocrate n'est pas le jardinier qui prépare le
terrain pour que l'économie puisse croitre dans les meilleures conditions, il
est aussi l'architecte industriel et le redistributeur présumé des richesses
produites - avec le succès que l'on connait - et il s'est érigé en objet
central de toutes les revendications. C'est ce système totalement
déresponsabilisant où les hommes politiques ne risquent rien, où les erreurs ne
sont pas sanctionnées, où l'on peut faire carrière sans avoir jamais mis un
pied dans l'économie réelle, où l'exercice du pouvoir consiste à satisfaire les
revendications des plus violents ou des plus influents qui est en cause
aujourd'hui. La règle d'or budgétaire n'est rien d'autre qu'une entente
antidémocratique destinée à faire perdurer un système structurellement
malsain.</p>