Gauche libérale - Mot-clé - sectesValeurs libérales classiques de la gauche originelle. Droits de l'homme - liberté - laïcité - raison2024-03-01T19:42:20+01:00association gauche libéraleurn:md5:c8a69c990e3072db2745e87b929cd340DotclearLe pape et la scientologieurn:md5:6805cacc305496ce2f3feaa45991e2d62008-09-21T19:07:00+02:002019-11-01T19:49:17+01:00Alain Cohen-DumouchelReligionmiviludesreligionscientologiesectes<p><img title="pape-lourdes08, sep 2008" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/pape2.jpg" />L'Église de scientologie a été renvoyée lundi 8
septembre par un juge parisien devant le tribunal correctionnel de Paris pour
"escroquerie en bande organisée, extorsion, et exercice illégal de la
médecine". </p>
<p>Peu de temps après, la visite de Benoît XVI à Paris puis à Lourdes a
provoqué les traditionnels désordres que les pouvoirs publics et la chrétienté
réunis ont décidés de ne pas qualifier de "troubles à l'ordre public" :
gigantesques embouteillages, transports en commun saturés, paralysie partielle
de la capitale, frénésie des fidèles, mouvements de foule, État et
collectivités locales mobilisés, argent public englouti.</p>
<p>Ces deux évènements mettent en relief la différence de traitement que notre
pays a décidé d'appliquer entre les religions officielles et les religions
minoritaires opportunément qualifiées de "sectes".</p> <p>A Lourdes comme chacun sait, se produisent des guérisons miraculeuses. Cette
cité accueille donc en moyenne cinq millions de visiteurs par an dont soixante
mille malades et grabataires. Le seul "domaine de la grotte" (où ont lieu les
guérisons) a un budget de dix huit millions d'euros et emploie près de
trois cents permanents et deux cents saisonniers.<br />
Cette vaste entreprise catholique n'est accusée ni "d'exercice illégal de la
médecine", ni "d'abus de faiblesse" et pas plus "d'escroquerie en bande
organisée".<img title="e-meter, sep 2008" style="margin: 0 0 1em 1em; float: right; width: 134px; height: 96px;" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/e-meter2.jpg" /><br />
Dans le même temps, la scientologie est attaquée en justice parce qu'elle
propose son "électromètre" que le juge Jean-Christophe Hullin lui
reproche de vendre avec, je cite : "des marges bénéficiaires nettes de l’ordre
de 75%".<br />
<br />
Dans le cas de la propagation du virus du SIDA en Afrique, le silence du
Vatican sur les moyens de s'en protéger fait dire à certains que l'Église est
coupable de "non assistance à personne en danger" à une échelle planétaire,
voire de "mise en danger d'autrui" puisque, non contents du simple silence,
certains évêques facétieux ont organisé des autodafés de préservatifs.<br />
L'Église n'a pas été inquiétée pour ces terribles accusations.<br />
<br />
Le Coran, qui se présente comme une loi immuable et supérieure, à laquelle tout
musulman doit obéir, contient des affirmations et des injonctions sur les
femmes, les juifs, les apostats ou les athées, qui vont à l'encontre de
tellement d'articles du code pénal qu'il serait fastidieux des les citer.<br />
Une jeune religion qui publierait un texte sur les mêmes thèmes serait tout
simplement dissoute et ses dirigeants condamnés à de lourdes peines.<br />
<br />
On le voit bien, la distinction entre sectes et religions a <em>une
fonction juridique très précise</em> dans notre pays. Elle permet au
législateur d'exercer toutes les rigueurs de la loi à l'encontre des religions
classées en "sectes" tout en évitant de poursuivre les grandes religions pour
des faits semblables.<br />
<br />
Les religions n'échappent en effet pas au régime de non-droit et de privilèges
qui est le fondement de l'ordre socialo-gaulliste depuis cinquante ans. Dans
les domaines, sociaux, économiques, culturels ou religieux, l'établissement de
passe-droits, d'exceptions et de "catégories" sert de méthode quasi
systématique à l'élaboration du droit positif : opposition entre public et
privé, entre sectes et religions, entre culture et commerce, interdictions et
autorisations, taxes et subventions.<br />
<br />
Jean Michel Roulet président de la Miviludes (Mission interministérielle de
vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a beau s'exclamer "La
France est un État de droit qui dispose d’outils juridiques, qu’elle entend
mettre en œuvre pour lutter contre les sectes", la vérité est exactement
contraire : la France est un État de passe-droits qui permet aux
religions traditionnelles de s'affranchir du droit pénal qui est appliqué aux
religions minoritaires.<br />
<br />
Bien entendu, la raison invoquée officiellement pour discriminer les religions
est toute autre. Selon les pouvoirs publics il s'agirait de <em>protéger
le public</em>. Ce prétexte permet à plusieurs associations grassement
subventionnées de s'adonner aux joies du flicage et de la délation religieuse
exclusivement concentrés sur les cultes minoritaires.<br />
Les fameux “<em>dix dangers pour l’individu et la collectivité qui doivent
permettre d’identifier une secte</em>” peuvent s'appliquer à de multiples
activités sans rapport avec les religions, comme les clubs de supporters de
foot ou les vendeurs de cuisines. Le rapport parlementaire qui les présente est
d'ailleurs un monument de bêtise et d'inculture.<br />
A noter que les Talibans ne sont pas considérés comme une secte par cette
nouvelle inquisition pseudo laïque ce qui en dit long sur sa supposée fonction
de protection du public.<br />
<br />
Cela veut-il dire que les périls prêtés aux sectes n'existent pas ? Non, bien
sûr, Il existe effectivement des dangers à fréquenter certaines sectes comme il
existe des dangers à obéir à la lettre à certaines religions traditionnelles.
Mais il existe aussi des dizaines de périls comparables à ceux d'une secte qui
peuvent provoquer des addictions, une perte de contrôle de soi et le lessivage
de ses économies : le poker, la bourse, les jeux vidéos, le sport de haut
niveau, la politique, etc.<br />
<br />
Le point de vue développé ici, j'espère qu'on l'aura compris, n'est pas une
attaque contre les grandes religions (ces religions familiales <em>dans
lesquelles on nait</em>), même s'il égratigne certaines de leurs pratiques ou
de leurs textes fondateurs. La religion catholique est, dans son ensemble,
parfaitement honorable et son message rythme pacifiquement la vie de centaines
de millions d'individus qui y trouvent un équilibre et une aide
spirituelle.<br />
Ce qui est dénoncé ici c'est la <em>discrimination</em>, c'est à dire la non
application de la Règle de la Loi (rule of law).<br />
<br />
Lorsque l'Etat souhaite appliquer des lois à certains (les sectes) mais qu'il
ne <em>peut pas</em> les appliquer à d'autres (les religions statutaires) sans
causer de grands désordres et de grands ressentiments, c'est qu'il y a un
<em>vrai</em> problème de fond. La loi doit être la même pour tous ou ne pas
exister. La discrimination n'est pas une méthode de gouvernement
acceptable.<br />
<br />
Pour sortir de l'impasse actuelle il faut adopter deux démarches démocratiques
et objectives.<br />
<br />
- Si une loi ne peut <em>manifestement pas</em> être appliquée à une religion
statutaire, elle ne <em>doit pas</em> être appliquée à une religion
minoritaire. Il faut donc abandonner ou adoucir toutes les sanctions que l'on
n'est <em>pas prêt</em> à infliger aux grandes religions. A cet égard on peut
se poser la question de la pertinence des concepts "d'exercice illégal de la
médecine" ou de "non assistance à personne en danger" (vaste sujet).<br />
<br />
- Il faut adopter une attitude plus ferme à l'égard de <em>toutes</em> les
religions qui enfreignent des lois <em>que l'on juge valides et
universelles</em>. Aucune religion ne doit échapper aux rigueurs de ces Lois,
quels que soient son ancienneté et le nombre de ses fidèles.</p>