Gauche libérale - Mot-clé - propriétéValeurs libérales classiques de la gauche originelle. Droits de l'homme - liberté - laïcité - raison2024-03-01T19:42:20+01:00association gauche libéraleurn:md5:c8a69c990e3072db2745e87b929cd340DotclearLe trilemme du Covid 19urn:md5:4853e63336216c4b98aad161e3f502822021-02-09T18:40:00+00:002021-02-11T12:19:55+00:00Alain Cohen-DumouchelLigne politiquecovid 19Libéralpropriété<h2>Première phase de la pandémie, le dilemme du confinement<img alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/post/2021/02/09/public/images/.trilemme-covid_m.png" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="trilemme-covid" /></h2>
<p> </p>
<p>L’épisode du Covid 19 nous donne l’occasion d’une réflexion sur les règles d’attribution et de conservation de la propriété, mises à mal par de prétendus partisans de la liberté.</p>
<p>Attraper le Covid 19 et risquer d’en mourir ou d’avoir des séquelles dont on ne connaît encore ni la portée ni la durée est évidemment une atteinte à notre propriété.<br />
Rappelons que pour la philosophie libérale les quatre droits de l’homme : liberté, propriété, sûreté et résistance à l’oppression sont en fait quatre expressions du droit de propriété et du cadre de son exercice. On est propriétaire de son corps donc toute atteinte à notre intégrité corporelle ou à nos biens, si elle provient d’autres hommes, est contraire à nos « droits naturels ».</p> <p>Tant que cette atteinte provient de la nature ou des éléments, la législation humaine ne peut y apporter de réponse. Les crues des rivières le rappellent régulièrement aux législateurs compulsifs : on ne régule pas en réglementant. Ce n’est pas en publiant un arrêté d’interdiction des crues que celles-ci ne vont plus se produire. De même, l’apparition du virus et sa rapide diffusion mondiale étaient globalement hors du champ d’action de la législation humaine.</p>
<p>Par contre les arrêtés de confinement<sup>(1)</sup> constituent une façon efficace de ralentir la circulation du virus donc de garantir la santé, c’est à dire la propriété, du plus grand nombre. Ne pas accepter de confinement ou refuser de porter un masque lors de ses sorties constitue à l’évidence une atteinte à la propriété des autres, notamment des plus faibles, personnes âgées ou souffrant de pathologies à risque.<br />
<sub>(1) Il faut prendre ici le mot confinement au sens large d'obligation légale de rester chez soi, de porter un masque, de couvre feu, d'interdiction des réunions, etc, c'est à dire toutes les mesures coercitives destinées à empêcher la circulation du virus.</sub></p>
<h2>L’invocation de la liberté pour refuser le confinement</h2>
<p>On a toutefois pu constater dès le début de la pandémie une forte réticence de certains, voire leur refus catégorique de porter un masque au nom de « la liberté ». C’est cette même liberté qui était invoquée pour se réunir, organiser des soirées festives ou des manifestations diverses, réunions sportives, culturelles, cérémonies religieuses.</p>
<p>Or il est clair qu’en période de pandémie, ce qui était auparavant une liberté peut se réduire à une capacité. J’ai effectivement la capacité de ne pas mettre de masque et d’organiser une grande fête mais ce n’est en aucun cas une liberté puisque cela porte atteinte à la propriété d’autrui, en l’espèce à sa santé. J’ai la capacité de me suicider en percutant frontalement un véhicule sur la route mais ce n’est pas une liberté puisque j’attente à la sûreté d’autrui.</p>
<p>Dans cette première phase de la pandémie, le choix de ne pas appliquer les mesures barrières était clairement un dilemme libéral : incompatibilité entre la liberté, qui consiste à garantir la propriété de personnes vulnérables et la capacité que nous avons tous de ne pas appliquer les mesures barrières. Dilemme veut dire qu’il n’y a pas d’intersection de ces deux ensembles.</p>
<p>L’invocation de la liberté pour refuser d’appliquer ces consignes de sécurité était aussi ridicule que prévisible venant de supporters de Trump ou de Bolsonaro, mais nettement moins compréhensible lorsqu’elle émanait de prétendus libéraux.</p>
<h2>Avec le vaccin, le dilemme devient trilemme</h2>
<p>L’apparition de la vaccination dans l’équation générale change la donne et nous nous trouvons cette fois-ci face à un trilemme. Si l’on veut se déconfiner et retrouver une vie sociale normale alors il faut se vacciner. Sinon, on ne respecte pas la propriété.</p>
<p>Ne pas se vacciner et se déconfiner est clairement une atteinte à la santé et à la propriété des autres. Ce n’est pas une liberté, c’est une capacité. Dans ce trilemme les trois propositions « ne pas se vacciner », « ne pas se confiner » et « respecter la propriété » n’ont pas d’intersection. Si deux de ces propositions sont vraies, alors la troisième est fausse.</p>
<p>Pourtant certains raisonnent de façon théorique en partant du principe que les non vaccinés font un choix qui ne regarde qu’eux. D’un côté il y aurait des non vaccinés qui prendraient leur risque et accepteraient de vivre avec le virus, tandis que de l’autre les vaccinés seraient protégés. Sauf que ce modèle n’existe que dans leur imagination. Dans le monde réel, il va falloir plusieurs années pour vacciner la population. Il y aura donc toujours des personnes non vaccinées contre leur gré, qui cohabiteront avec des non vaccinés volontaires, les premiers risquant de tomber malade du fait de la négligence ou du manque de courage des derniers.</p>
<p>De plus, si une partie de la population refuse de se vacciner le virus circulera et de nouveaux mutants apparaîtront, jusqu’au jour où certains échapperont à la barrière vaccinale pour causer de nouvelles victimes, c’est à dire de nouvelles atteintes à la propriété.</p>
<h2>Une forme dévoyée de la liberté qui porte atteinte à la propriété</h2>
<p>Dans une emphase grotesque, quelques uns ont cru pouvoir appliquer à la situation actuelle la célèbre citation attribuée à Benjamin Franklin : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux ». Or il est évident que la capacité de contaminer les autres, comme celle de voler et de tuer n’est pas une liberté. Il n’y a aucune perte de liberté lorsque l’État, agissant dans le cadre de ses fonctions régaliennes, réduit la capacité de nuire des malfaiteurs et des resquilleurs.</p>
<p>Quand à ceux qui se demandent pourquoi il faut paralyser 15 % de l’économie et mettre des milliers de gens au chômage pour sauver des personnes âgées qui n’ont de toutes façons que quelques années à vivre, leur discours ressemble étrangement à ceux qui recommandent de ponctionner les plus riches - qui ne sentiront pas la différence - pour que les plus pauvres vivent mieux. Où est la différence de raisonnement ? Où est la différence d’éthique ? Dans les deux cas c’est une forme dévoyée de la liberté qui est invoquée pour porter atteinte à la propriété.</p>
<p>Les libéraux conséquents, heureusement majoritaires à défaut d’être les plus visibles, doivent orienter leurs critiques vers tous les domaines ou l’État empiète sur ses prérogatives. Il y a là fort à faire. Dénoncer l’inefficacité d’un État obèse et bureaucratique dans la gestion de la crise ou débattre de la balance bénéfice/risque du confinement sont des positions libérales pertinentes. On peut parfaitement considérer que les fhommes de l'État se trompent lorsqu'ils confinent de telle ou telle manière - il faut alors fournir des arguments techniques et scientifiques recevables - mais invoquer la liberté pour remettre en question la légitimité de l’État à assurer la sécurité des biens et des personnes est une grave erreur qui rend particulièrement inaudible le message libéral.</p>
<p> </p>https://www.gaucheliberale.org/post/2021/02/09/Le-trilemme-du-Covid-19#comment-formhttps://www.gaucheliberale.org/feed/atom/comments/356Les libéraux défendent la propriété privée donc les plus richesurn:md5:30b853e29a435f78a329963a7e92d6812020-12-30T22:47:00+00:002020-12-31T09:29:39+00:00Alain Cohen-DumouchelL'argumentaire des anti-libérauxlibérauxpropriétériches <h2><img alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/.check-point_m.jpg" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" />Faux</h2>
<p>Les plus riches ont toujours possédé les moyens de défendre leur propriété. Ce sont les faibles et les pauvres qui sont les éternelles victimes des systèmes politiques qui ne défendent pas la propriété individuelle.<br />
Le principe révolutionnaire énoncé en 1789 garantit à tous, aux plus faibles comme aux plus forts, la reconnaissance et la défense de leur propriété : "Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression."<br />
Conséquences de cette reconnaissance : l'esclavage est aboli, le capital humain n'est plus entravé par le pouvoir, les puissants ne décident plus de l'attribution de la propriété et sont sommés de respecter celle d'autrui.<br />
Tout le contraire des clichés dirigistes.</p>https://www.gaucheliberale.org/post/2020/12/30/Les-lib%C3%A9raux-d%C3%A9fendent-la-propri%C3%A9t%C3%A9-priv%C3%A9e-donc-les-plus-riches#comment-formhttps://www.gaucheliberale.org/feed/atom/comments/354La propriété expliquée aux libertariens - libéralisme versus anarcho-capitalismeurn:md5:58be6fdc732e40656f0c2de3ce0c63b22019-06-23T19:33:00+02:002022-07-03T09:55:51+02:00Alain Cohen-DumouchelLigne politiqueanarchielibertarienslibéralismepropriétéRothbard<p style="margin-bottom: 0cm"><a href="https://www.gaucheliberale.org/post/2007/05/05/Le-mystere-du-capital-par-Hernando-de-Soto"><img alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/.ethique-liberte_t.png" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" title="Ethique liberté, juin 2019" /></a>Après avoir rappelé les principes de la<a href="https://www.gaucheliberale.org/post/2019/05/12/La-propri%C3%A9t%C3%A9-expliqu%C3%A9e-aux-socialistes-La-propri%C3%A9t%C3%A9-%C3%A9quitable" hreflang="fr"><em> propriété équitable</em></a>, communs aux sociétés tribales, antiques féodales et socialistes, puis ceux de la <a href="https://www.gaucheliberale.org/post/2019/05/16/La-propriété-expliquée-aux-socialistes-La-propriété-privée"><em>propriété privée libérale</em></a> nous nous intéressons aujourd'hui à une forme théorique de propriété, la <em>propriété libertarienne</em>, censée exister en dehors de toute structure étatique.</p> <h3 style="margin-bottom: 0cm"><strong>Une théorie construite pour fournir une alternative au marxisme révolutionnaire</strong></h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">La propriété libertarienne est une création artificielle des philosophes anarcho-capitalistes. La théorie qui la modélise a été "mise au point" par Murray Rothbard à partir de la fin des années 60 dans le but avoué (et réussi) de séduire les jeunes en leur offrant un cadre de pensée aussi attractif que celui de l'extrême gauche marxisante. La notion de propriété définie par Murray Rothbard est donc résolument révolutionnaire et sert de base à tout le développement de sa théorie.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Bien qu'elle touche une population peu nombreuse, la théorie anarcho-capitaliste a une influence certaine sur le débat libéral. Certains libéraux considèrent que la pensée anarcho-capitaliste est le développement naturel et l'aboutissement ultime du libéralisme. Ce serait donc par pragmatisme ou par manque de courage politique que les mouvements politiques libéraux se cantonneraient au libéralisme classique.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Nous démontrerons au contraire que cette théorie renonce aux principes de base du libéralisme classique et qu'en dépit de ses vertus désaliénantes vis à vis des dogmes étatistes, elle constitue une régression dangereuse et un frein au développement libéral.</p>
<h3 style="margin-bottom: 0cm"><strong>La propriété comme unique source de la morale</strong></h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">Pour les libertariens comme pour les libéraux, la propriété est un droit naturel (qui résulte de la nature de l'homme) mais pour les premiers elle n'a pas à être promulguée ou protégée par un droit positif venant d'une structure étatique. La propriété libertarienne préexiste à toute institution et elle est le fondement absolu de la morale, le point de départ d'où découlent toutes les règles d'échange et de comportement vis à vis d'autrui. Tous les sujets de société peuvent être tranchés de ce seul point de vue : commerce, écologie, corruption, spéculation, immigration, avortement, adoption, droits des animaux, etc. La logique est implacable et aboutit à des prises de positions radicales et révolutionnaires par rapport à l'ordre établi. L'extrême pouvoir de séduction de cette théorie vis à vis des jeunes réside dans sa défense systématique d'un principe de non agression et de non violence vis à vis des autres. Le consentement et l'échange volontaire y sont absolument centraux. Rien ne doit être imposé à l'individu venant de « la société ».</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Finies donc les grandes interrogations sur la <em>fondation de la morale en raison</em>, cette quête incessante qui a épuisé des centaines de philosophes, de Platon, à Rawls en passant par Kant, Bentham, Stuart Mill, etc. Les libertariens possèdent <em>La Solution</em> : est morale la propriété de son corps et tout ce qui en découle par le travail et l'échange volontaire. Et cette propriété, que l'on peut confondre avec la liberté, existe ex nihilo, avant et en dehors de toute reconnaissance par une institution.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Dans ce modèle, il n'y a plus d’État garant de la propriété, chacun doit la défendre par ses propres moyens. Chaque individu adhère pour sa sécurité et pour la protection de ses biens à une agence de protection, qui est une entreprise comme les autres, soumise à la concurrence.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Conséquences des postulats précédents tout impôt est considéré par les libertariens comme du vol ce qui autorise des slogans simplistes et péremptoires tels que "l'impôt c'est le vol" ou "l'impôt est une spoliation légale".</p>
<h3 style="margin-bottom: 0cm"><strong>Mais où est passé l'individualisme méthodologique des libéraux ?</strong></h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">Ce qui devrait immédiatement alerter un libéral dans la doctrine libertarienne, c'est qu'elle ne respecte pas l'individualisme méthodologique, règle d'or de tout raisonnement libéral rigoureux. Il y a une espèce de collectivisme du droit et de la morale libertarienne qui doit s'imposer à tous. Dans le monde libertarien tout le monde s'accorde magiquement sur une conception consensuelle de la propriété.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Car pourquoi les agences de sécurité privée adopteraient-elles toutes les mêmes règles de droit ? Chaque agence devrait pouvoir offrir à ses adhérents des règles de droit adaptées à sa clientèle. Or le droit préconisé par Murray Rothbard est unique et universel : "<em>Seul un monde sans maître, un monde purement libertarien, peut correspondre aux exigences du Droit et de la loi naturels et surtout, ce qui est plus important, aux conditions d’une éthique universelle pour tous les hommes.</em>"</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Et M.R. en déduit rapidement que "D<em>ans une société libre, il ne serait permis à personne (ou personne ne se permettrait) de violer la propriété d'autrui</em>".</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Mais on ne voit vraiment pas pourquoi un groupe constitués de riches possédants adopteraient les mêmes règles de droit qu'un groupe de miséreux. Les règles de droit et la morale qu'ils choisiraient de voir promues par leur agence ne serait certainement pas la même que celle des pauvres. Le groupe de riches serait plus rentable pour une agence que le groupe de pauvres. Il y a donc fort à parier que les agences de protection qui se spécialiseraient sur les riches n'adopteraient pas le même droit que celles chargées de protéger les pauvres.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Dans <em>Anarchie État et utopie</em>, Nozick montre les contradictions qu'il y a à envisager les "agences"</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">de protection privées d'une société anarchique. Les agences en conflit seraient obligées de se référer à des arbitres (ou de se combattre) et l'on verrait "naturellement" apparaître "quelque chose" de monopolistique, qui aurait tous les attributs d'un État.</p>
<h3 style="margin-bottom: 0cm"><strong>Le refus dogmatique de toute externalité artificielle</strong>.</h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">Deuxième grande aporie libertarienne : le refus de la violence. Cette posture destinée à séduire et à fournir un argumentaire aux militants les plus prosélytes ne résiste pas à l'examen. Cette idée que tout ce qui est imposé par la Nature est acceptable mais que tout ce qui est imposé par d'autres hommes est par essence mauvais n'est pas sans rappeler les positions du culte écologique qui considère que tout ce qui est naturel est bon et que tout ce qui provient de l'ingénierie humaine est par essence mauvais.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Ainsi pour les libertariens toute ingénierie sociale imposée par la force (qu'elle résulte de la majorité ou de la tradition) est forcément mauvaise et à rejeter. Pourquoi ? il faudrait à minima justifier ce postulat, ce que la poignée de philosophes libertariens ne prend pas la peine de faire. Si les contraintes imposées par la nature - l'homme doit se nourrir, se loger, se chauffer - sont évidemment neutres en regard de ce qui peut être jugé bon ou mauvais, pourquoi des externalités artificielles ne pourraient-elles pas s'avérer bénéfiques, c'est à dire contribuer à l'accroissement de la liberté/propriété de chacun ?</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Dans ce domaine également les libertariens font fi de l'individualisme méthodologique car <em>du point de vue d'un individu donné</em> une contrainte artificielle, par exemple payer un impôt, est une coercition comme une autre. Il faut adopter un point de vue holiste pour porter un jugement de valeur sur les contraintes subies par l'homme en fonction de leur origine artificielle ou naturelle.</p>
<h3 style="margin-bottom: 0cm"><strong>Talon d'Achille de la théorie libertarienne, ses prémisses holistes et constructivistes</strong></h3>
<p>La définition libertarienne (anarcho capitaliste) de la propriété est donc malheureusement fortement régressive. On retourne à la vieille conception de la propriété féodale, complètement stérile puisqu'elle ne permet la formation de capital que très localement, donc de façon très réduite. Cf à ce sujet, la brillante étude de Hernando de Soto dans <a href="https://www.gaucheliberale.org/post/2007/05/05/Le-mystere-du-capital-par-Hernando-de-Soto" hreflang="fr"><span lang="zxx"><ins><em>Le Mystère du Capital</em></ins></span></a>.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Le slogan simpliste des libertariens, : <em>l'impôt c'est le vol</em>, montre bien qu'ils n'ont pas compris la mécanique subtile de la propriété <em>privée</em> libérale dans laquelle l’État assure, par l'usage de la force ou par la menace de son usage, la reconnaissance universelle de la propriété de chacun. La propriété <em>privée</em> libérale n'existe donc qu'après l'impôt régalien, et cet impôt ne peut donc pas la "voler" puisqu'elle n'existe pas avant lui.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">L'extrême faiblesse de la théorie libertarienne ne tient donc pas dans son déroulé qui est rigoureux et souvent brillant, mais dans ses prémisses holistes et constructivistes. C'est une espèce de géométrie non euclidienne, qu'il faut considérer comme un plaisant exercice<span style="font-weight: normal"> désinhibiteur, sans plus.</span></p>https://www.gaucheliberale.org/post/2019/06/23/La-propri%C3%A9t%C3%A9-expliqu%C3%A9e-aux-libertariens-lib%C3%A9ralisme-versus-anarcho-capitalisme#comment-formhttps://www.gaucheliberale.org/feed/atom/comments/59La propriété expliquée aux socialistes - La propriété privéeurn:md5:d2f041b499d9f5ba732c792481b164112019-05-16T17:34:00+02:002019-05-16T21:03:43+02:00Alain Cohen-DumouchelLigne politiqueimpôtlibéralprivéepropriétésocialisme<p style="margin-bottom: 0cm"><img src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/.fencing-20133_640_s.jpg" alt="" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" title="délimitation propriété, mai 2019" />La propriété privée n'est pas quelque
chose d'intuitif ou d'évident puisqu'elle n'a jamais pu s'établir pendant 4000
ans. Ce n'est qu'avec les lumières et les révolutions anglaises, puis
françaises et européennes que la propriété devient un droit de l'homme reconnu
par le pouvoir et qui lui est opposable. La propriété est ici garantie par
l'administration en dehors de toute éthique imposée. La propriété devient
<em>privée</em> c'est à dire que tous ceux, pouvoir compris, qui n'ont pas de
droits de propriété sur un bien sont <em>officiellement</em> privés de cette
propriété.</p> <h3 style="margin-bottom: 0cm">Le pouvoir libéral, protecteur de la propriété,
et privé de la promulguer</h3>
<div><br />
Le pouvoir assure la protection de la propriété de façon neutre, en s'assurant
seulement que les règles de son acquisition répondent à des principes
simples : chaque individu est propriétaire de son corps, de ses talents et
des fruits de son travail. Toute propriété acquise par l'échange volontaire ou
le don est considérée comme régulièrement constituée.</div>
En même temps qu'il protège la propriété, le pouvoir en assure la publicité.
"Tous les autres" doivent être clairement informés de ce que chacun possède
pour ne pas le revendiquer.<br />
Les terres, les maisons, les moyens de production, deviennent des propriétés
<em>privées</em>, c'est à dire des propriétés garanties par l'administration et
dont "tous les autres" savent avec certitude qui les détient.<br />
C'est parce que la propriété est garantie, protégée et reconnue que chaque
individu peut obtenir des prêts, former une société, accumuler du capital,
obtenir la confiance de ses fournisseurs et de ses clients. C'est le modèle de
la société dite "capitaliste" (on devrait dire <em>capitalienne</em>) qui est
en rupture totale avec les précédentes organisations.
<p style="margin-bottom: 0cm">Le principe révolutionnaire énoncé en 1789
garantit à tous, aux plus faibles comme aux plus forts, la reconnaissance et la
défense de leur propriété : "Le but de toute association politique est la
conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits
sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression."</p>
<div>Première conséquence de cette reconnaissance : le pouvoir se doit d'abolir
toute forme d'esclavage. Le capital humain est reconnu en tant que tel et ce
capital appartient uniquement à chaque individu en propre.</div>
<div>.</div>
<h3 style="margin-bottom: 0cm">L'incompréhension socialiste de la propriété
privée</h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">Les socialistes n'ont jamais accepté ni même bien
souvent compris ce renversement des valeurs dans lequel les hommes de l’État
post révolutionnaire sont chargés de protéger la propriété et non plus de la
promulguer.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Dans le régime libéral le capital humain et tout
ce qui en découle sont la source de l'éthique. La propriété n'est plus soumise
à une éthique définie par le pouvoir, elle <em>devient</em> une des
constituantes majeures de l'éthique, sans toutefois être la seule. Dès
l'origine John Locke met des limites à l'appropriation et exclut que l'on
puisse "<em>corrompre et rendre inutile</em>" ce qui existe. Il existe donc
dans la philosophie libérale d'autres sources morales que la propriété, et le
bien commun doit être pris en compte. Que la propriété individuelle soit au
fondement de la morale et du bien commun est très difficilement compréhensible
par les socialistes, largement influencés par les morales religieuses qui ont
toujours considéré de façon hostile l'accumulation individuelle des richesses,
y compris et surtout si elles résultent de l'échange volontaire.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Incapables de modéliser ce nouvel <em>ordre
spontané</em> dans lequel le capital humain n'est plus entravé par le pouvoir,
les socialistes inventeront la notion de "capitalisme", une fiction dans
laquelle des forces organisées (la bourgeoisie) complotent pour asseoir
leur pouvoir. Il n'y a pourtant jamais eu de mouvement destiné à inventer ou
promouvoir le capital ; aucun guide, aucun "grand timonier", aucun
mouvement politique n'a créé le "capitalisme" rêvé par les socialistes. Les
théoriciens de la société capitaliste, les économistes, les rédacteurs de la
DDH de 1789, ne font que <em>reconnaître</em>, constater ou expliquer le
phénomène. Le capital est un fait naturel lié à la nature de l'homme, ce n'est
ni une doctrine, ni un mouvement politique et il ne peut être affublé du
suffixe -isme.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">.</p>
<h3 style="margin-bottom: 0cm">La propriété privée en tant qu'ordre social</h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">Dans le modèle libéral, la propriété privée
n'existe qu'après l'impôt régalien. L'impôt régalien n'est jamais du vol
puisque la propriété ne devient privée, donc stable, garantie et publique,
<em>qu'après</em> l'action du pouvoir.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Au delà de l'impôt destiné à couvrir les dépenses
régaliennes de l’État, existent d'autres impôts qui peuvent être considérés
comme des facilitateurs de formation du capital : le financement de
l'éducation publique est destiné à augmenter le capital humain, celui des
infrastructures à faciliter les échanges, donc le développement du capital. Les
philosophes libéraux classiques, Hayek compris, n'excluent pas une forme de
redistribution émanant du gouvernement si celle-ci ne fausse pas les mécanismes
du marché.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Si l'ordre libéral abolit la collectivisation de
la propriété, il faut bien comprendre qu'il instaure une autre forme de
collectif. Tout le monde, c'est à dire la population du monde entier, doit
admettre, de gré ou de force, que la propriété d'un individu donné ne peut être
réclamée par aucun autre individu ou groupe d'individus. L’État régalien,
police, justice, garantit cette propriété à l'intérieur du pays ; l'armée est
chargée de dissuader le reste du monde de toute atteinte à cet ordre interne.
Si on veut résumer ce constat par une formule : <em>l'ordre ancien et les
socialismes organisent la propriété collective ; l'ordre libéral organise la
non-propriété collective</em>.</p>
L'ordre libéral repose donc lui aussi sur un équilibre social.<br />
.<br />
<h3 style="margin-bottom: 0cm">L’État, garant de la propriété privée, peut
aussi devenir son ennemi</h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">Dans la conception libérale classique l’État,
émanation du <em>peuple réuni en nation</em>, est donc le garant de la
propriété-droit-de-l'homme. Ce sont les hommes de l’État qui transcrivent ce
droit naturel en droit positif et transforment la propriété-droit-de-l'homme en
propriété effectivement <em>privée pour tous les autres</em>. Mais l’État peut
aussi devenir son ennemi s'il dépasse ses prérogatives.<br />
L'impôt peut ainsi devenir abusif, démesuré, oppressif, s'il s'oppose à la
propriété-droit-de-l'homme, c'est à dire s'il empêche la formation ou le
maintien du capital humain. Il devient alors une forme de spoliation
légale.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">L'ordre libéral n'est donc jamais acquis. En tant
qu'ordre spontané il est massivement promu par les individus qui, en dehors de
toute idéologie, cherchent naturellement à développer leur capital humain. Mais
il est combattu par les mêmes individus qui au sein du gouvernement ou à
travers des lobbies cherchent à imposer leurs morales : socialistes,
écologiste, hygiéniste, identitaire, islamiste.<br />
Le poids politique des libéraux conscients est aujourd'hui extrêmement faible
dans cet équilibre.</p>https://www.gaucheliberale.org/post/2019/05/16/La-propri%C3%A9t%C3%A9-expliqu%C3%A9e-aux-socialistes-La-propri%C3%A9t%C3%A9-priv%C3%A9e#comment-formhttps://www.gaucheliberale.org/feed/atom/comments/12La propriété expliquée aux socialistes - La propriété équitableurn:md5:5708e29d9a79e60ab160fbf8068e55562019-05-12T22:31:00+02:002019-05-14T09:50:37+02:00Alain Cohen-DumouchelLigne politiquedroits de l hommeEquitéMoralepropriétésocialistes<div><img src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/propriete-equitable.png" alt="" title="Propriété équitable, mai 2019" /></div>
<div>La notion de propriété est centrale dans la philosophie libérale. La
propriété conçue comme un droit de l'homme reconnu par le pouvoir est le pilier
de la doctrine libérale classique. Cette notion subtile basée sur un équilibre
entre le droit naturel et le droit positif s'oppose à la conception de la
propriété qui a prévalu de façon immémoriale et qui a été reprise par les
différentes formes de socialismes : la propriété équitable.</div> <h3 style="margin-bottom: 0cm">La propriété basée sur l'équité</h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">Dans ce modèle la propriété est distribuée par le
pouvoir en fonction de ce qui est jugé <em>équitable</em>.</p>
<div>La nature de cette équité est très variable suivant les périodes et les
civilisations. La source de ce que le pouvoir juge équitable pour attribuer une
propriété peut être la naissance, le mérite, l'égalité réelle, le besoin.
Lorsque la propriété est équitable, aucune propriété n'est opposable au
pouvoir. Toute propriété peut être modifiée ou retirée à son usufruitier. La
propriété n'est pas un droit de l'homme, c'est un droit du citoyen.</div>
<p style="margin-bottom: 0cm">Ce modèle très stable, est celui de la société
antique, du féodalisme, de l'absolutisme et, comme nous le verrons, il a été
repris par le socialisme et le communisme.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Dans cette conception de la société, l'impôt
n'est jamais du vol puisque la propriété est toujours un privilège qui est
<em>accordé</em> par le pouvoir. La propriété apparaît, ne se constitue
qu'après l'impôt et sous une forme <em>révocable à tout moment</em>. La
propriété est toujours publique, accordée sous conditions par les puissants aux
plus faibles, après que les premiers ont prélevé leur part sur la création de
richesse.</p>
<h3 style="margin-bottom: 0cm">La propriété, simple concession du pouvoir</h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">L'équité qui présidait à la conservation et à
l'attribution de la propriété a eu plusieurs significations au fil des âges. On
pouvait acquérir la propriété par le travail, par la naissance, par des faits
d'armes, par la valeur (jugée par le pouvoir) par la bonté ou le caractère
pieux de ses actes, par les services rendus à la communauté ou au pouvoir ; on
la conservait ou on la perdait pour les mêmes raisons. Une propriété n'était
jamais acquise définitivement ni totalement et le pouvoir n'était pas
<em>privé</em> de la possibilité de la remettre en question.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Ainsi si le droit romain établit bien des règles
d'échange et de transmission de la propriété, ce que les juristes romains
appelleront le droit "commutatif", il n'en reste pas moins que la propriété
initiale n'est pas une création ou un droit de l'individu, mais une
<em>concession</em> du pouvoir. Même si elle résulte d'échanges successifs,
toute propriété peut être révoquée par l'administration.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">A l'époque moderne, le socialisme et le
communisme ont rétabli les formes antiques de la propriété en changeant
uniquement les règles de son attribution. Il ne s'agit plus ici de distribuer
la propriété suivant la naissance ou la caste mais suivant un principe
"d'égalité réelle" ou de "besoin". Celui qui a moins que les autres devient
donc "méritant", il acquiert un droit à posséder plus.</p>
<h3 style="margin-bottom: 0cm">La propriété collective, le communisme</h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">Les communistes ne supportent aucune forme de
propriété personnelle. L’État est l'unique détenteur de la propriété et en
distribue l'usufruit à ceux que les hommes de l’État jugent méritants. Le
mérite repose ici sur le travail, la fameuse "valeur travail" qui continue à
inspirer nos hommes politiques contemporains et sur le besoin : "à chacun
selon son besoin" car il est immoral que quelqu'un soit dans le besoin. Même la
commutativité de la propriété, pratiquée par les romains, disparaît. Les
échanges sont paralysés, figés ; de ce fait les ressources ne sont plus
allouées à ceux qui en tirent le meilleur parti. Personne n'est incité à
diminuer le travail nécessaire pour accomplir une tâche puisque celui-ci est
une "valeur" qui augmente le mérite de celui qui le fournit.</p>
<h3 style="margin-bottom: 0cm">La propriété citoyenne, le modèle
socialiste</h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">Les socialistes, eux, tolèrent la propriété
individuelle dans certaines limites, variables selon le pouvoir en place. Pour
des raisons utilitaristes les socialistes modernes acceptent la propriété des
moyens de production, ayant compris qu'elle est une condition nécessaire à la
création de richesses. Mais malgré la cohabitation qui existe à notre époque
entre le socialisme et l'économie de marché, il est clair que les hommes du
pouvoir socialiste considèrent que toute propriété peut être révoquée si elle
devient inéquitable à leurs yeux. Ainsi lorsque les socialistes voient un
gouvernement baisser les impôts des riches, ils considèrent que le pouvoir leur
"fait un cadeau" c'est à dire qu'il leur <em>donne</em> de l'argent. Dans la
logique socialiste c'est tout à fait normal puisque la propriété n'est acquise
que sous condition morale, et que cette morale est soumise à leur appréciation.
Acquérir trop de richesses par l'échange volontaire étant immoral pour les
socialistes, la propriété des riches ne leur <em>appartient pas</em>. Donc
toute entrave à la saisie de cet excédent de propriété est bien un cadeau fait
aux riches. On parle souvent de "redistribution" pour décrire les limites
imposées à la propriété par les lois d'inspiration socialiste. Mais dans la
logique socialiste il faudrait plutôt parler de <em>distribution</em>
<span style="font-style: normal">car ces sommes</span> <em>n'appartiennent
pas</em><span style="font-style: normal">aux riches. Elles sortent du champ de
la propriété-droit-de-l'homme pour entrer dans la sphère citoyenne, permettant
ainsi aux riches d'échapper à l'immoralité.</span> Dans le modèle socialiste
les droits du citoyen sont donc clairement prééminents sur les droits de
l'homme.</p>
<h3 style="margin-bottom: 0cm">Du féodalisme au socialisme, la propriété reste
équitable</h3>
<p style="margin-bottom: 0cm">Ainsi, entre la propriété féodale, tant décriée
et caricaturée, et la propriété socialiste, il n'y a qu'un changement des
méthodes qui déterminent ce qui est, ou pas, équitable. On est passé d'un droit
coutumier rigide, garanti par le seigneur et par l'église, à un droit
pléthorique et variable, établi par des instances représentatives, qui
distribue des avantages en nature à l'électorat constitué des plus pauvres.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Dans les deux cas, féodalisme ou socialisme, la
propriété fait l'objet de privilèges (privata lex) c'est à dire de lois qui
visent à favoriser un groupe par rapport à un autre. Dans les deux cas, la
structure d'attribution de la propriété demeure globalement un attribut du
pouvoir, même s'il est devenu démocratique avec l’avènement des
sociales-démocraties.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Les socialistes se défendent d'un telle analogie
en clamant haut et fort que les sociales-démocraties n'ont "rien à voir" avec
la féodalité ou l'ancien régime puisque les décisions et les normes morales
naissent maintenant de la pratique démocratique.</p>
<p style="margin-bottom: 0cm">Effectivement, la <em>structure</em> qui régit
l'établissement de la norme morale a bien changé, pourtant l'attribution de la
propriété reste soumise à cette morale et, comme c'était le cas avant la
révolution libérale, elle s'oppose à la propriété-droit-de-l'homme.</p>https://www.gaucheliberale.org/post/2019/05/12/La-propri%C3%A9t%C3%A9-expliqu%C3%A9e-aux-socialistes-La-propri%C3%A9t%C3%A9-%C3%A9quitable#comment-formhttps://www.gaucheliberale.org/feed/atom/comments/20Lettre aux électeurs de Jean-Luc Mélenchonurn:md5:4fa230a6ebd9234eb8f5d281dc4f8e832017-04-15T19:36:00+02:002020-10-23T19:54:23+02:00Alain Cohen-DumouchelLigne politiqueanticapitalistecapitalismecapitalistedroits de l hommemarchéMélenchonpropriétérévolution<p><br />
Chers dirigistes,<br />
<br />
Vous voulez "refaire le monde", réparer les injustices, accroître le bien-être de l'humanité, voilà de louables préoccupations. Mais pourquoi choisir le socialisme et le protectionnisme pour atteindre ces objectifs ?<br />
<br />
<img alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/.Melenchon_26_Mai_2016-640px_m.jpg" title="Mélenchon 26 mai 2016, avr. 2017" /></p>
<h6><a href="https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=49090734" hreflang="fr">Par Awkiku — Travail personnel, CC BY-SA 4.0,</a></h6>
<p>Car si le monde est à refaire, depuis la révolution industrielle, c'est bien le capitalisme et l'économie de marché qui le refait. C'est l'organisation capitaliste qui tire de la misère et de la faim, les uns après les autres, les pays qui adoptent ce système, ou plutôt qui <em>acceptent</em> ce système, puisque jamais aucun homme d’État n'a prôné ou "décidé" de "passer au capitalisme".<br />
Le capitalisme est l'ordre spontané qui naît de la reconnaissance par les gouvernements, de la liberté et de la propriété, ces deux droits de l'homme qui figurent en tête de notre constitution. La révolution capitaliste est donc une révolution sans révolutionnaire, ce qui vous désoriente, vous les dirigistes, qui ne pouvez imaginer qu'il n'y ait pas de "<em>dessein humain</em>" à l'ordre du monde.</p> <h3><br />
Le capitalisme, ordre spontané sans dieu ni maître</h3>
<p><br />
Ainsi lorsque Michel Onfray affirme dans "Décadence" :</p>
<blockquote>
<p><em>Le rameau d'une civilisation est toujours une spiritualité. Il n'est pas d'exemple dans l'histoire d'une civilisation dont le noyau dur n'ait pas été à l'origine une croyance qui, devenue officielle et collective, se transforme en religion</em>.</p>
</blockquote>
<p>Il commet une erreur <em>monumentale</em>, car la civilisation capitaliste n'est pas une spiritualité, c'est un ordre spontané, une civilisation sans idole, pas de chef, pas de grand timonier, pas même d'initiateur ou d'inspirateur. La révolution capitaliste s'est faite sans l'intervention du moindre guide.<br />
<br />
Bien sûr, des penseurs, philosophes, économistes, ont cherché à théoriser le développement du capitalisme et l'origine de la richesse des Nations, mais la naissance du capitalisme dans l’Angleterre des XVII et XVIIIe siècles s'est faite accidentellement, sans guide, sans chef, sans idéologie, selon un processus mystérieux et controversé, puis s'est propagée comme un feu de poudre à travers l'Europe continentale.<br />
<br />
La société traditionnelle avait, elle, des chefs garants d'une organisation claniste, protectrice, féodale et socialiste. Les plus vulnérables aux pénuries en tout genre devaient être protégés contre les abus et contre la richesse excessive de certains. L'équité servait de guide aux dirigeants du monde et cette équité commandait de n'accorder des droits de propriété qu'en fonction du mérite de chacun. C'est cette règle immémoriale et intuitive que le capitalisme a bouleversé. C'est ce vieil ordre réactionnaire de l'équité que vous tentez de rétablir.<br />
Car le marché rémunère de façon impersonnelle ceux qui rendent service aux autres à travers des échanges libres, consentis et sécurisés. De là naît l'accumulation de capital qui rend à son tour possible la production de richesses. Les notions de mérite comme de valeur-travail sont ici secondaires, voire inexistantes.<br />
</p>
<h3>La plus grande des révolutions c'est l'avènement du capitalisme</h3>
<p>Le capitalisme est une révolution qui a totalement bouleversé le visage du monde, qui a modifié les cultures, qui a remodelé les paysages, qui a changé les habitudes et les traditions. C'est, de très, très loin, la plus grande révolution que le monde a connu.<br />
Si vous avez un minimum d'objectivité et si vous prenez le recul nécessaire vous le reconnaîtrez.<br />
<br />
Ouvrez les yeux, chers dirigistes bien intentionnés, et observez le monde qui vous entoure ; l'économie de marché et le capitalisme créent une profusion de richesses et améliorent le sort des plus pauvres. La Chine, suivant l'exemple des dragons asiatiques, est sortie de la misère la plus noire en l'espace de seulement 30 ans grâce à l'économie de marché. La révolution que vous appelez de vos vœux se déroule sous vos yeux et au lieu d'y participer, vous lui résistez, vous la combattez.<br />
</p>
<h3>Mélenchon un contre-révolutionnaire comme Marx, Lénine, Mao, Pol Pot ou Chavez</h3>
<p>Car la révolution capitaliste n'est pas finie ; d'autres cultures claniques, féodales ou socialistes disparaîtront, la prospérité s'installera partout ou l'économie de marché et les droits de propriété seront reconnus.<br />
Alors ne vous trompez pas, les Marx, Lénine, Mao, Pol Pot, Castro, Chavez, ne sont pas des révolutionnaires, ce sont des contre-révolutionnaires qui ont voulu retourner au vieil ordre de "l'équité" dirigiste, celui qui a maintenu l'humanité dans la misère et la servitude pendant 4000 ans. Ces contre-révolutionnaires ont réussi à plusieurs reprises à briser la révolution capitaliste ; ils ont ruiné leurs pays, provoqué des famines et causé directement ou indirectement la mort de dizaines de millions de personnes.<br />
Alors en votant Mélenchon ne croyez pas être des insoumis, des révolutionnaires ou des anticonformistes car en votant pour ce clone de Chavez vous rejoignez le triste camp de la contre-révolution et de la réaction.<br />
<br />
La contre révolution prend de multiple visages. Il est évident que l'islamisme est bien une forme de résistance aux bouleversements induits par la révolution capitaliste qui pénètre et transforme les pays musulmans. La révolution capitaliste transforme de l'intérieur, les mentalités, détruit des traditions millénaires, renverse l'ordre des priorités. C'est insupportable pour certains, jamais vraiment désirable pour les autres, car l'attrait pour l'inconnu et le changement ne sont pas des traits saillants de la nature humaine.<br />
Comme le dit Joyce Appleby dans <em><a href="http://livre.fnac.com/a9357067/Joyce-Appleby-Capitalisme" hreflang="fr">Capitalisme, histoire d'une révolution permanente</a></em> :</p>
<blockquote>
<p><em>Nous sous-estimons la force des rituels et des croyances partagés et la façon dont toute menace contre ces liens affecte les hommes. Dans les sociétés traditionnelles, c'est notre souci de l'efficacité et du profit qui est perçu comme du fétichisme. Nos préoccupations leur paraissent aussi déplaisantes qu'elles l'étaient pour les habitants de l'Europe du XVIe siècle</em>.</p>
</blockquote>
<h3><br />
Chers progressistes, il est encore temps de rejoindre le camp des vrais insoumis</h3>
<p>Aujourd'hui notre pays est menacé par le vieil ordre socialiste. Les dépenses publiques atteignent 58% du PIB, c'est à dire de toutes les richesses produites en France. Nous sommes donc très majoritairement plongés dans une économie de type socialiste, et le propre d'une économie socialiste c'est de couler. Une économie socialiste détruit la production de richesse pour la simple raison qu'elle détruit leurs fondements qui sont la liberté et la propriété, c'est à dire les deux premiers droits de l'homme.<br />
<br />
Alors chers électeurs de Mélenchon, avant de glisser votre bulletin dans l'urne, rappelez vous bien du terrible avertissement que les révolutionnaires de 89 ont inscrit en tête de notre constitution au sortir de 200 ans d'absolutisme :</p>
<blockquote>
<p><em>l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements</em>.</p>
</blockquote>
<p><br />
Aujourd'hui il est encore temps pour vous de rejoindre le camp de la révolution et de quitter celui de la réaction ; ressaisissez vous !<br />
<br />
Vive la révolution capitaliste - hasta la victoria - no pasaran !</p>https://www.gaucheliberale.org/post/2017/04/15/Lettre-aux-%C3%A9lecteurs-de-Jean-Luc-M%C3%A9lenchon#comment-formhttps://www.gaucheliberale.org/feed/atom/comments/224GPA, prostitution, la gauche dirigiste théorise la non propriété de soiurn:md5:f78fe5d47ae01b15c701b908052d17302014-11-15T20:43:00+01:002019-10-30T10:16:26+01:00Alain Cohen-DumouchelActualitécorpsesclavageGPApropriétéprostitutionSylviane Agacinski<h3><img title="esclave, nov. 2014" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/slave-ira-gelb_x.jpg" />La question de la propriété
du corps humain</h3>
<p>En ces temps de débat sur l'interdiction de la gestation pour le compte
d'autrui (GPA) ou de criminalisation de la prostitution, se pose très
concrètement la question de la propriété du corps humain. C'est au nom de ce
<em>sentiment</em> de propriété que les mères porteuses comme les prostituées
réclament que soit reconnu leur droit d'user de leur corps comme bon leur
semble.<br />
<br />
Les prohibitionnistes se trouvent ici dans une position délicate. En effet,
s'ils avouent ne pas reconnaître la propriété des individus sur leur corps ils
peuvent à juste titre être accusés d'esclavage. Car si notre corps ne nous
appartient pas, alors à qui appartient-il ? À un autre groupe humain ? À
tous les autres êtres humains ? À personne ? À l’État ? À la sécurité sociale ?
Aux représentants éclairés de La bonne morale ? En tenant compte du fait
que la nature a horreur du vide, chacune de ces hypothèses aboutit
inévitablement à la mise en coupe réglée d'une partie de l'humanité au
détriment d'une autre.<br />
<br />
Voilà qui est un peu gênant pour des prohibitionnistes qui prétendent lutter
contre "toutes les discriminations" et notamment contre "l'asservissement des
femmes" tout en les empêchant d'utiliser leur corps comme elles l'entendent et
comme la nature le leur permet.<br />
<br />
Les ligues de vertu socialistes - bien obligées - ont donc inventé <em>autre
chose</em>.</p> <h3>Agacinski, théoricienne de la cause prohibitionniste</h3>
<p>Comme Mme Najat Vallaud-Belkacem, bras armé de la cause hygiéno-dirigiste, a
beaucoup de mal à tenir un raisonnement cohérent en la matière, c'est à
Sylviane Agacinski, fonctionnaire-philosophe et féministe auto-proclamée, qu'a
échu la tâche de trouver des arguments théoriques en faveur des
prohibitionnistes. Il fallait en effet bâtir une idéologie qui puisse résister
aux accusations d'esclavage portées par d'odieux libéraux, manifestement
stipendiés par le grand capital et les réseaux mafieux. C'est donc cette
dernière, pourtant sensiblement moins glamour que son alliée du gouvernement,
qui s'est chargée de communiquer cette Vérité censée vous révéler toute la
profondeur de l'idéologie crypto-puritaine :</p>
<h3><q>On n’est pas propriétaire de son corps, on “est” son corps.</q></h3>
<p>Brrr, c'est tellement profond, on en frissonne. Enfin, pas très longtemps si
on se donne la peine d'analyser le concept.</p>
<p>Car la séparation entre le corps d'une part et la raison et la volonté
d'autre part est une donnée fondamentale de la nature humaine. C'est même ce
qui permet de distinguer les humains des animaux. Si un animal "est" son corps,
c'est parce qu'il n'est pas capable d'agir autrement que ce que son instinct
lui dicte. L'homme, lui, possède une volonté, c'est à dire qu'il est libre
d'exercer ou non sa faculté de raisonnement et de l'appliquer au monde qui
l'entoure. Cette possibilité s'applique également à son corps. Les être humains
peuvent donc exercer leur raison sur leur corps, ils peuvent décider de
l'utilisation qu'il vont en faire, ils peuvent le soigner, ils peuvent aussi en
abuser et le détruire. C'est cela qui les rend propriétaires de leur corps.
C'est la définition même de la propriété.</p>
<p>Mais plutôt que de continuer à argumenter sur ce fait de nature qu'est la
propriété des êtres humains sur leur corps, il est plus intéressant dans le cas
qui nous occupe de montrer à quel point l'affirmation de Mme Agacinsky est
contraire à la plus élémentaire logique.</p>
<p>En effet la philosophe se rend ici coupable d'un "<a hreflang="fr" href="http://fr.liberpedia.org/Vol_de_concept">vol de concept</a>" c'est à dire
qu'elle est obligée de se servir du concept qu'elle veut réfuter. Le plus
célèbre et le plus simple des "vols de concept" nous est fourni par la phrase
de Proudhon : "la propriété c'est le vol". Pour définir le vol, il faut
définir la propriété donc il faut obligatoirement en reconnaître le concept.
Une proposition qui doit faire appel à tout ou partie de ce qu'elle prétend
réfuter pour arriver à ses fins n'a évidemment aucune validité.</p>
<h3>Une affirmation contraire à la plus élémentaire logique</h3>
<p>Ce qui est frappant avec la formule "On n’est pas propriétaire de son corps,
on “est” son corps. ” c'est que son auteur édicte une proposition qui,
retranscrite par écrit, pourra être consultée après sa mort, c'est à dire après
la disparition de son corps. Si un raisonnement, une affirmation, une
découverte scientifique ou un calcul mathématique sont susceptibles d'être
transmis à autrui et aux générations futures, c'est clairement qu'ils sont
indépendants de chaque corps. L'écriture au sens large, est la plus parfaite
manifestation du fait que nous ne sommes pas notre corps. C'est sous l'effet de
notre volonté que nous produisons un texte qui est une affirmation claire de
l'indépendance de notre esprit puisqu'il est destiné à être lu et compris par
d'autres. Donc le simple fait d'écrire la formule pour la transmettre à autrui
la contredit.</p>
<p>Mme Agacinsky a écrit plusieurs ouvrages. Vont-ils magiquement disparaître à
sa mort ? A t-elle pris des dispositions pour que les droits d'auteur qui en
résultent ne soient plus versés à quiconque après sa disparition ? Voilà qui
serait conforme à sa "philosophie" mais on peut en douter d'autant que dans une
<a hreflang="fr" href="http://www.elle.fr/Societe/Interviews/Sylviane-Agacinski-Jamais-la-technique-n-abolira-le-desir-2616480">
interview au journal ELLE</a> du 28.10.2013, elle cite le véritable auteur de
la formule "je suis mon corps", à savoir le philosophe Maurice Merleau-Ponty,
mort en 1961 mais dont elle ne craint pas de reprendre les idées.</p>
<p>Lorsque Sylviane Agacinsky signe dans Le Monde du 29.6.2014 son pamphlet
"<a hreflang="fr" href="http://abonnes.lemonde.fr/idees/article/2014/06/29/refusons-le-commerce-des-ventres_4447295_3232.html">Refusons
le commerce des ventres</a>" qui reprend tous les poncifs prohibitionnistes,
pourquoi n'en tire t-elle pas la conclusion qu'il faut aussi refuser le
commerce des cerveaux qui pensent, et des mains qui écrivent ? Si on "est son
corps" pourquoi Mme Agacinsky s'autorise t-elle à aliéner les services que lui
rendent ses organes tout en refusant cette faculté à d'autres ? Après tout,
elle pourrait garder ses pensées pour elle au lieu de les vendre, pardon, de
les "marchandiser".</p>
<h3>Prohibitionnisme et anticapitalisme</h3>
<p>Rétrograde et puritaine, la position des prohibitionnistes socialistes est
pourtant relativement cohérente dans son absurdité. En effet, reconnaître la
propriété des êtres humains sur leur corps a toute une série de conséquences
que les partisans de la vieille gauche marxiste ne sont pas prêts
d'admettre.</p>
<p>Si les individus sont les uniques propriétaires de leurs corps ils ont le
droit d'en user comme bon leur semble. Ils peuvent notamment louer leur force
de travail ou, plus généralement, aliéner les services que leur corps peut
fournir sous le contrôle de leur volonté (inaliénable) pour acquérir des biens
ou d'autres services. Les acquéreurs de ces services, le couple homosexuel qui
rémunère la gestation d'un enfant, le client de prostitué(e) qui paye un acte
sexuel, le patient qui paye un acte médical, mais aussi le capitaliste qui
achète le travail de l'ouvrier, ne commettent aucun délit, c'est à dire que
leur nature d'êtres humains libres leur permet de réaliser ces transactions
sans violer le droit naturel de leurs semblables.</p>
<p>On voit là clairement apparaître l'incohérence de tous ceux qui, à gauche
comme à droite, ne défendent pas, simultanément et complètement, tous ces
droits.</p>
<p>Si on voit dans le capitalisme une injustice fondamentale, une
marchandisation du corps humain, il ne faut défendre ni la GPA ni la
prostitution ; c'est l'incohérence des socialistes pro-GPA.</p>
<p>A l'inverse si on n'est pas prêt à admettre la propriété pleine et entière
des êtres humains sur leurs corps donc la GPA et la prostitution, alors on
donne des armes aux ennemis de l'économie de marché ; c'est l'incohérence des
libéraux conservateurs.</p>
<h6><a hreflang="fr" href="https://www.flickr.com/photos/iragelb/5611594783">Photo licence cc par Ira
Gelb</a></h6>Proudhon et la gauche libéraleurn:md5:a17bafc75fd24d644856d45e31c6174d2010-11-11T17:54:00+01:002015-11-24T22:31:21+01:00Alain Cohen-DumouchelLigne politiqueanarchiegauche libéralelibéralismepropriétéproudhonsocialisme<p><img title="proudhon, nov. 2010" style="margin: 0 0 1em 1em; float: right;" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/.Proudhon-Courbet_s.jpg" />Difficile pour GL de ne
pas s'intéresser à Proudhon, célèbre représentant d'une gauche résolument
anti-collectiviste, cette gauche que les mouvements anarchistes et libéraux ont
maintenue vivante jusqu'au début du XXe siècle avant que le socialisme ne
l'étouffe.<br />
<br />
Bien sûr, Proudhon se disait socialiste, puisqu'à l'époque le mot n'avait pas
pris tout son sens. Le socialisme était en construction et Proudhon en était un
artisan. Mais le socialisme de Proudhon n'a que bien peu de rapport avec celui
de Saint-Simon ou de Marx. S'il prend la forme d'une critique radicale de la
société et se range du côté des ouvriers face au grand capital, il ne contient
aucune composante anti-individualiste et ne voit ni le prolétariat ni l'État
comme des sources légitimes du pouvoir.<br />
En fait Proudhon nous a légué une critique féroce de toutes les doctrines et
postures du socialisme moderne.</p> <p>Défenseur acharné de la propriété privé, du libre contrat, de l'enseignement
libre, de la concurrence, Proudhon considère qu'il est illusoire de s'en
remettre à l'État pour corriger les inégalités. Il critique les grands noms du
socialisme de l'époque à qui il reproche de perpétuer le vieux schéma d'un
pouvoir central source de violence et d'arbitraire. Il n'admet pas le concept
de justice sociale. Pas d'assistance, pas de charité légale, pas de pseudo
"solidarité" exercée par l'État. C'est la société civile qui doit trouver des
solutions économiques au problème des inégalités et à l'émancipation de la
classe ouvrière ou paysanne. A l'instar des libéraux il considère que le
socialisme est une régression par rapport aux principes de 89 et n'a pas de
mots assez durs pour qualifier les théories communistes.</p>
<p>Proudhon est le premier à considérer que l'anarchie est un ordre social, une
forme d'organisation évoluée : "<em>la délimitation du rôle de l'État est une
question de vie ou de mort pour la liberté, collective ou
individuelle.</em>"</p>
<p>S'il critique les théories des socialistes tout en se rangeant viscéralement
de leur côté, à l'inverse Proudhon refuse d'adhérer au camp des économistes
(les libéraux de l'époque) tout en adoptant une bonne partie de leurs thèses.
Il dénonce leur froideur et leur indifférence aux malheurs du peuple. Autre
point de confrontation il persiste pendant toute sa vie à considérer les
revenus du crédit comme injustes et s'oppose à Bastiat dans une correspondance
publiée dans <em>La voie du peuple</em>.<br />
<br />
Son cri : <em>La propriété, c'est le vol</em> le rend célèbre mais il en
relativise toute sa vie la portée pour préciser que c'est la répartition
<em>effective</em> de la propriété <em>à son époque</em> qu'il considère comme
un vol et non la propriété elle-même qu'il qualifie de <em>force
révolutionnaire fondatrice</em> de la société anarchiste.<br />
<br />
Son ordre anarchique basé sur le mutuellisme et le fédéralisme ressemble
étrangement au principe de subsidiarité cher aux libéraux. Ses ennemis :
Platon, Rousseau, Robespierre, Napoléon ou Marx, se confondent avec ceux des
libéraux tandis qu'il cite volontiers Smith, Quesnay, Turgot et J.-B. Say tout
en les critiquant parfois.</p>
<p>Ses théories sur la justice sont probablement les plus audacieuses et les
plus dérangeantes. Il refuse catégoriquement toute justice centralisée rendue
par une institution para-étatique. Pour lui le ministère public est une
aberration liberticide, la justice ne peut être rendue que localement.par débat
et réparation entre le plaignant et l'accusé assistés de témoins.<br />
<br />
Nous avons sélectionné quelques passages ou courtes citations qui nous
paraissent bien illustrer la pensée de Proudhon dans ce qu'elle a de libérale.
Il ne faut pas en déduire que Proudhon est un pur libéral, loin de là, mais ses
préoccupations et même le contenu de sa réflexion sont toujours d'actualité
pour bâtir une gauche libérale.<br />
<br />
Ces extraits ont notamment le grand mérite de répondre à certains de nos
détracteurs. Car la pensée de Proudhon, composante indéniable de la gauche, est
toujours là pour clouer le bec à tous ceux qui prétendent qu'on ne peut pas
être de gauche quand on défend la liberté, le contrat, la propriété et la
concurrence et que l'on refuse l'État providence et le collectivisme.<br />
_____________________________<br />
<br />
<strong>Critique de l'autorité</strong><br />
<br />
L'autorité, voilà donc quelle a été la première idée sociale du genre humain.
Et la seconde a été de travailler immédiatement à l'abolition de l'autorité,
chacun la voulant faire servir d'instrument à sa liberté propre contre la
liberté d'autrui: telle est la destinée, telle est l'œuvre des Partis.<br />
<br />
Le pouvoir s'il n'est dieu est une brute ou un automate<br />
<br />
... il n'y a d'autorité légitime que celle qui est librement subie, comme il
n'y a de communauté utile et juste que celle à laquelle l'individu donne son
consentement.<br />
<br />
<strong>L'illusion socialiste</strong></p>
<p>Absolutistes doctrinaires, démagogues et socialistes tournèrent incessamment
leurs regards vers l'autorité, comme vers leur pôle unique.<br />
De là cet aphorisme du parti jacobin, que les doctrinaires et les absolutistes
ne désavoueraient assurément pas : La révolution sociale est le but ; la
révolution politique (C'est-à-dire le déplacement de l'autorité) est le
moyen.<br />
Ce qui veut dire: Donnez-nous droit de vie et de mort sur vos personnes et sur
vos biens, et nous vous ferons libres !. .. Il y a plus de six mille ans que
les rois et les prêtres nous répètent cela!<br />
<br />
Le socialisme a donné en plein dans l'illusion du jacobinisme; le divin Platon,
il y a plus de deux mille ans, en fut un triste exemple. Saint-Simon, Fourier,
Owen, Cabet, Louis Blanc, tous partisans de l'organisation du travail par
l'État, par le capital, par une autorité quelconque, appellent, comme M. de
Girardin, la révolution par en haut. Au lieu d'apprendre au peuple à
s'organiser lui-même, de faire appel à son expérience et à sa raison, ils lui
demandent le pouvoir ! En quoi diffèrent-ils des despotes ?<br />
<br />
<strong>Rousseau et le contrat social</strong><br />
<br />
Le contrat social doit être librement débattu, individuellement consenti,
signé, manu propria, par tous ceux qui y participent. Si la discussion était
empêchée, tronquée, escamotée; si le consentement était surpris; si la
signature était donnée en blanc, de confiance, sans lecture des articles et
explication préalable; ou si même, comme le serment militaire, elle était
préjugée et forcée : le contrat social ne serait plus alors qu'une conspiration
contre la liberté et le bien-être des individus les plus ignorants, les plus
faibles et les plus nombreux, une spoliation systématique, contre laquelle tout
moyen de résistance et même de représailles pourrait devenir un droit et un
devoir.<br />
<br />
De contrat, positif, réel, sur quelque intérêt que ce soit, il n'en est vestige
dans le livre de Rousseau. Pour donner une idée exacte de sa théorie, je ne
saurais mieux la comparer qu'à un traité de commerce, dans lequel auraient été
supprimés les noms des parties, l'objet de la convention, la nature et
l'importance des valeurs, produits et services pour lesquels on devait traiter;
les conditions de qualité, livraison, prix, remboursement, tout ce qui fait, en
un mot, la matière des contrats, et où l'on ne se serait occupé que de
pénalités et juridictions.<br />
<br />
C'est Rousseau qui nous apprend que le peuple, être collectif, n'a pas
d'existence unitaire; que c'est une personne abstraite, une individualité
morale, incapable par elle-même de penser, agir, se mouvoir: ce qui veut dire
que la raison générale ne se distingue en rien de la raison individuelle, et
par conséquent que celui-là représente le mieux la première qui a le plus
développé en lui la seconde. Proposition fausse et qui mène droit au
despotisme.<br />
C'est Rousseau qui, faisant ensuite la déduction de cette première erreur, nous
enseigne par aphorismes toute cette théorie liberticide:<br />
Que le gouvernement populaire ou direct résulte essentiellement de l'aliénation
que chacun doit faire de la liberté au profit de tous;<br />
Que la séparation des pouvoirs est la première condition d'un gouvernement
libre;<br />
Que dans une République bien constituée, aucune association ou réunion
particulière de citoyens ne peut être soufferte, parce que ce serait un État
dans l'État, un gouvernement dans le gouvernement;<br />
<br />
C'est depuis Rousseau, à son exemple, que s'est fondée parmi nous l'école, je
veux dire l'industrie philanthropique et sentimentale, qui, en cultivant le
plus parfait égoïsme, sait recueillir les honneurs de la charité et du
dévouement. Méfiez-vous de cette philosophie, de cette politique, de ce
socialisme à la Rousseau.<br />
<br />
<strong>La mystification démocratique</strong><br />
<br />
Dans le système de l'autorité, quelle que soit d'ailleurs son origine,
monarchique ou démocratique, le pouvoir est l'organe noble de la société; c'est
par lui qu'elle vit et se meut; toute initiative en émane, tout ordre, toute
perfection sont son ouvrage. D'après les définitions de la science économique,
au contraire, définitions conformes à la réalité des choses, le pouvoir est la
série des improductifs que l'organisation sociale doit tendre indéfiniment à
réduire. Comment donc, avec le principe d'autorité si cher aux démocrates, le
vœu de l'économie politique, vœu qui est aussi celui du peuple, pourrait-il se
réaliser ? Comment le gouvernement, qui dans cette hypothèse est tout,
deviendra-t-il un serviteur obéissant, un organe subalterne? Comment le prince
n'aurait-il reçu le pouvoir qu'afin de l'affaiblir, et travaillerait-il, en vue
de l'ordre, à sa propre élimination? Comment ne s'occupera t-il pas plutôt de
se fortifier, d'augmenter son personnel, d'obtenir sans cesse de nouveaux
subsides, et finalement de s'affranchir de la dépendance du peuple, terme fatal
de tout pouvoir sorti du peuple ?</p>
<p>On dit que le peuple, nommant ses législateurs, et par eux notifiant sa
volonté au pouvoir, sera toujours à même d' arrêter ses envahissements ;
qu'ainsi le peuple remplira tout à la fois le rôle de prince et celui de
souverain. Voilà en deux mots l'utopie des démocrates, l'éternelle
mystification dont ils abusent le prolétariat.<br />
<br />
<strong>Sur les fonctionnaires</strong></p>
<p>Le fonctionnarisme ou la fonctionnomanie, fléau de l'ancienne Grèce et de la
Rome impériale, détruit à la fois l'esprit d'entreprise et l'esprit de liberté
; il pousse au communisme de l'État, à l'absorption de toute vie individuelle
dans le machinisme administratif, à la destruction de toute pensée libérale.
Tout le monde demande à s'abriter sous l'aile du Pouvoir, à vivre sur le
commun.<br />
<br />
<strong>Sur l'État héritier et entrepreneur</strong></p>
<p>L'État est inhabile à posséder, dans le sens du moins que nous l'entendons
de l'individu ; inhabile à faire valoir, inhabile par conséquent à hériter.
L'État n'est ni agriculteur, ni éleveur, ni vigneron, ni maraîcher, ni
industriel, ni armateur, ni commerçant : il n'exerce aucune des fonctions que
nous avons reconnues comme étant l'apanage propre des citoyens. L'État a ses
fonctions de police, d'administration générale, de juridiction, qui lui
interdisent toute immixtion dans les fonctions, professions et propriétés
dévolues aux particuliers. Là surtout est le caractère du droit moderne, en
vertu duquel a surgi, en face de l'antique État absolutiste, une puissance
nouvelle, la Liberté.<br />
<br />
<strong>Pas de services publics d'État</strong></p>
<p>Ainsi, enfin, l'association ouvrière restera une utopie tant que le
gouvernement n'aura pas compris que les services publics ne doivent être ni
exécutés par lui-même, ni convertis en entreprises privées et anonymes, mais
confiés à forfait et par baux à terme à des compagnies d'ouvriers solidaires et
responsables. Plus d'immixtion du Pouvoir dans le travail et les affaires, plus
d'encouragements au commerce et à l'industne, plus de subventions, plus
de concessions, plus de prêts ni d'emprunts, plus de pots-de-vin, plus
d'actions de jouissance ou industrielles, plus d'agiotage.<br />
<br />
<strong>Monnaies privées ?</strong></p>
<p>C'est l'État qui fixe les poids et mesures, qui donne le module, la valeur
et les divisions des monnaies. Les types fournis, la première émission
terminée, la fabrication des pièces d'or, d'argent et de cuivre cesse d'être
une fonction publique, un emploi de l'État, une attribution ministérielle;
c'est une industrie laissée aux villes, et que rien au besoin n'empêcherait, de
même que la fabrication des balances, bascules, tonneaux et bouteilles, d'être
tout à fait libre. Le meilleur marché est ici la seule loi. Qu'exige-t-on, en
France, pour que la monnaie d'or et d' argent soit réputée d'aloi? Un dixième
d'alliage et neuf dixièmes de fin. Qu'il y ait un inspecteur pour suivre et
surveiller la fabrication, je le veux : le rôle de l'État ne va pas
au-delà.<br />
<br />
<strong>L'État endetté et voleur (déjà)</strong></p>
<p>Nous repoussons le crédit de l'État, parce que l'État, endetté de huit
milliards, ne possède pas un centime dont il puisse donner crédit; parce que sa
commandite ne repose que sur un papier à cours forcé ; parce que le cours forcé
entraîne fatalement la dépréciation, et que la dépréciation atteint toujours le
travailleur de préférence au propriétaire.<br />
<br />
<strong>Les nations les plus libres</strong></p>
<p>Les faits viennent ici confirmer la théorie. Les nations les plus libres
sont celles où le pouvoir a le moins d'initiative, où son rôle est le plus
restreint: citons seulement les États-Unis d'Amérique, la Suisse, l'Angleterre,
la Hollande. Au contraire, les nations les plus asservies sont celles où le
pouvoir est le mieux organisé et le plus fort, témoin nous. Et cependant nous
nous plaignons sans cesse de n'être pas gouvernés ; nous demandons un pouvoir
fort, toujours plus fort!<br />
L'Église disait jadis, parlant comme une mère tendre :<br />
Tout pour le peuple, mais tout par les prêtres.<br />
La monarchie est venue après l'Église : Tout pour le peuple, mais tout par le
prince.<br />
Les doctrinaires: Tout pour le peuple, mais tout par la bourgeoisie.<br />
Les Jacobins n'ont pas changé le principe pour avoir changé la formule : Tout
pour le peuple, mais tout par l'État.<br />
C'est toujours le même gouvernementalisme, le même communisme.<br />
Qui donc osera dire enfin : Tout pour le peuple, et tout par le peuple, même le
gouvernement ?<br />
<br />
<strong>Pour le travail le dimanche</strong></p>
<p>Tout le monde a entendu parler de l'association pour la célébration du
dimanche, dont les membres s'engagent non seulement à ne point travailler, ou
faire travailler, .acheter ou vendre, les jours défendus, mais encore à
n'employer que des gens observant à leur exemple le repos sacré, et à refuser
leurs ordres et commandes aux infracteurs. C'est l'excommunication appliquée au
commerce et à l'industrie, et transformée en instrument de monopole. Quelle
sanction éclatante donnée au gouvernement de la Providence ! Jamais, il est
juste de le dire, le gouvernement n'avait songé à intervenir avec ce génie
intolérant, vexatoire, dans les choses de l'industrie et du commerce, pas plus
que dans celles de la conscience. Mais ce que n'ose le pouvoir, l'Église, plus
puissante que le pouvoir, ne craint pas de l'entreprendre. D'abord, il ne
s'agit que d'une association particulière entièrement libre, et pour un objet
spécial, l'accomplissement d'un devoir de religion. Puis, quand l'association
sera devenue nombreuse, quand elle aura employé un certain nombre de villes et
de départements, pétition sera adressée à l'empereur qui faisant droit à la
piété et aux réclamations unanimes de son peuple convertira en loi de l'État la
défense de travailler le dimanche. Suspension de la liberté du travail:
suspension de la morale.<br />
<br />
<strong>Le bistrot facteur d'émancipation</strong></p>
<p>Depuis la Révolution, le café et le cabaret sont entrés de plus en plus dans
les mœurs du paysan. Tout le monde n'est pas en mesure d'avoir son vin ou sa
bière dans sa cave: l'établissement public est de nécessité domestique. Qu'on
apprenne au père de famille à ne pas s'y enivrer, a ne pas y dévorer la
subsistance de sa femme et de ses enfants, s'il se peut même à n'y pas médire
de l'Église et du gouvernement : à la bonne heure. Mais je soutiens que ces
lieux de réunion servent plus au progrès de la civilisation que la maison de
prière, et qu'au lieu de les détruire une police intelligente tendrait à en
perfectionner l'usage. Il est vrai qu'on y apprend moins l'adoration que la
liberté: c'est pour cela que l'Église, l'aristocratie, le pouvoir, les
haïssent. Leur sécurité exige que les citoyens vivent isolés dans leurs
demeures, tenus au régime cellulaire. Interdiction des réunions libres, entrave
à la morale.<br />
<br />
<strong>Critique de la démocratie représentative</strong></p>
<p>Dans la théorie des démocrates le problème du gouvernement consiste à
éliminer, par le mécanisme du suffrage prétendu universel , toutes les idées
moins une, qui remuent l'opinion, et à déclarer souveraine celle qui a la
majorité.<br />
<br />
La démocratie affirmant la souveraineté du Peuple est comme la théologie à
genoux devant le saint ciboire : ni l'une ni l'autre ne peut prouver le Christ
qu'elle adore, encore moins se le manifester.<br />
Et quand on demande à la démocratie, impuissante à établir la légitimité et
l'authenticité de son principe; à quoi elle peut être utile pour le bonheur de
la société, la démocratie répond en accusant la monarchie, l'arbitraire, de son
gouvernement, ses privilèges, corruptions et. dilapidations; ses dédains pour
la classe travailleuse, ses préférences pour la classe bourgeoise: promettant,
quant à elle, d'agir autrement, et de faire .toutI'opposé de la: monarchie.
C'est encore ainsi que la théologie, lorsqu'on. l'interroge sur son utilité
positive, remonte au péché du premier homme, s'en prend à l'idolâtrie et au
diable, accuse le désordre des passions, l'incertitude de la raison, la vanité
des choses de ce monde, offrant de nous conduire à la vie éternelle par les
sacrements et les indulgences.<br />
<br />
Il faut avoir vécu dans cet isoloir qu'on appelle une Assemblée nationale
pour concevoir comment les hommes qui ignorent le plus complètement l'état d'un
pays sont presque toujours ceux qui le représentent.<br />
<br />
Comprendrons-nous, enfin, que la république ne peut avoir le même principe que
la royauté, et que prendre le suffrage universel pour base du droit public,
c'est affirmer implicitement la perpétuité de la monarchie ? Nous sommes
réfutés par notre propre principe; nous avons été vaincus, parce que, à la
suite de Rousseau et des plus détestables rhéteurs de 93, nous n'avons pas
voulu reconnaître que la monarchie était le produit, direct et presque
infaillible, de la spontanéité populaire ; parce que, après avoir aboli le
gouvernement par la grâce de Dieu, nous avons prétendu, à l'aide d'une autre
fiction, constituer le gouvernement par la grâce du Peuple.<br />
<br />
Le peuple n'a pas plus voix consultative dans l'État que dans l'Église : son
rôle est d'obéir et de croire.<br />
<br />
<strong>Les faux révolutionnaires</strong></p>
<p>... il est temps que disparaisse cette école de faux révolutionnaires, qui,
spéculant sur l'agitation plus que sur l'intelligence, sur les coups de main
plus que sur les idées, se croient d'autant plus vigoureux et logiques qu'ils
se flattent de mieux représenter les dernières couches de la plèbe.<br />
<br />
<strong>Anticollectiviste</strong></p>
<p>c'est cette notion de l'être humain collectif que nous nions aujourd'hui; et
c'est pour cela que nous nions aussi l'État, que nous nions le gouvernement,
que nous repoussons de la société économiquement révolutionnée toute
constitution de la puissance populaire, en dehors et au-dessus de la masse, par
royauté héréditaire, institution féodale ou délégation démocratique.<br />
<br />
<strong>Le commerce et l'industrie sources de droit, de sécurité et
d'égalité</strong></p>
<p>Ce qui adoucit les mœurs, et qui fait peu à peu régner le droit à la place
de la force, ce qui fonde la sécurité, qui crée progressivement la liberté et
l'égalité, c'est, bien plus que la religion et l'État, le travail; c'est, en
premier lieu, le commerce et l'industrie; c'est ensuite la science, qui le
spiritualise ; c'est, en dernière analyse, l'art, sa fleur immortelle.<br />
<br />
<strong>Contre le protectionnisme</strong></p>
<p>chaque membre de la société a le droit illimité de se pourvoir, comme il l'
entend, des objets nécessaires à sa consommation, et de vendre ses produits à
tel acheteur et pour tel prix qu' il trouve. Tout citoyen est donc fondé à dire
à son gouvernement : ou livrez-moi le sel, le fer, le tabac, la viande, le
sucre, au prix que je vous offre, ou laissez-moi ailleurs faire ma provision.
Pourquoi serais-je contraint de soutenir, par la prime que vous me forcez de
leur payer, des industries qui me ruinent, des exploiteurs qui me volent ?
Chacun dans son monopole, chacun pour son monopole ; et la liberté du commerce
pour tout le monde ! Dans un système démocratique, la douane, institution
d'origine seigneuriale et régalienne, est donc chose odieuse et
contradictoire.<br />
<br />
<strong>Ironique sur le bilan historique de l'État</strong></p>
<p>Vous prétendez et affirmez que l'État, que le gouvernement peut et doit être
intégralement transformé dans son principe, dans son.essence, dans son action,
dans ses rapports avec les citoyens, comme dans ses résultats ; qu'ainsi
l'État, banqueroutier et faux-monnayeur, doit être la source de tout crédit;
qu'ennemi des lumières pendant tant de siècles, et en ce moment encore hostile
à l'enseignement primaire et à la. liberté de la presse, c'est à lui de
pourvoir, d'office, à l'instruction des citoyens ; qu'après avoir laissé se
développer, sans son secours, souvent même malgré sa résistance, le commerce,
l'industrie, l'agriculture et tous les instruments de la richesse, il lui
appartient de prendre l'initiative de tout travail comme de toute idée;
qu'enfin, adversaire éternel de la liberté, il doit encore, non pas laisser la
liberté à elle-même, mais créer, mais diriger la liberté.<br />
<br />
<strong>Le communisme</strong></p>
<p>Les uns, considérant que l'homme n'a de valeur que par la société, que hors
de la société il retombe à l'état de brute, tendent de toutes leurs forces, au
nom de tous les intérêts particuliers et sociaux, à absorber l'individu dans la
collectivité. C'est-à-dire qu'ils ne reconnaissent d'intérêts légitimes que
ceux du groupe social, de dignité, d'inviolabilité par conséquent que dans le
groupe, de qui les individus tirent ensuite ce qu'on appelle, mais, fort
improprement, leurs droits. Dans ce système, l'individu n'a pas d'existence
juridique ; il n'est rien par lui-même ; il ne peut invoquer de droits, il n'a
que des devoirs. La société le produit comme son expression, lui confère une
spécialité, lui assigne une fonction, lui accorde sa part.de félicité et de
gloire: il lui doit tout, elle ne lui doit rien.<br />
Tel est, en peu de mots, le système communiste, préconisé par Lycurgue, Platon,
les fondateurs d'ordres religieux, et la plupart des socialistes contemporains.
Ce système, qu'on pourrait définir la DÉCHÉANCE DE 'LA PERSONNALITÉ AU NOM DE
LA SOCIÉTÉ, se retrouve, légèrement modifié, dans le despotisme oriental,
l'autocratie des Césars et l'absolutisme de droit divin. C'est le fond de
toutes les religions. Sa théorie se réduit à cette proposition contradictoire:
Asservir l'individu, afin de rendre la masse libre.<br />
<br />
En philosophie, le communisme ne pense ni ne raisonne; il a horreur de la
logique, de la dialectique et de la métaphysique; il n'apprend pas, il CROIT.
En économie sociale, le communisme ne compte ni ne calcule; il ne sait ni
organiser, ni produire, ni répartir; le travail lui est suspect, la justice lui
fait peur. Indigent par lui-même, incompatible avec toute spécification, toute
réalisation, toute loi ; empruntant ses idées aux plus vieilles traditions,
vague, mystique, indéfinissable; prêchant l'abstinence en haine du luxe,
l'obéissance en crainte de la liberté, le quiétisme en horreur de la
prévoyance: c'est la privation partout, la privation toujours. La communauté,
lâche et énervante, pauvre d'invention, pauvre d'exécution, pauvre de style, la
communauté est la religion de la misère.<br />
<br />
<strong>Le socialisme communauté du mal,<br />
l'argent, instrument du bien public et de la modestie des mœurs !</strong></p>
<p>Le socialisme, à le bien prendre, est la communauté du mal, l'imputation
faite à la société des fautes individuelles, la solidarité entre tous les
délits de chacun. La propriété, au contraire, par sa tendance, est la
distribution commutative du bien et l'insolidarité du mal, en tant que le mal
provient de l'individu. À ce point de vue, la propriété se distingue par une
tendance à la justice, qu'on est loin de rencontrer dans la communauté. Pour
rendre insolidaires l'activité et l'inertie, créer la responsabilité
individuelle, sanction suprême de la loi sociale, fonder la modestie des mœurs,
le zèle du bien public, la soumission au devoir, l'estime et la confiance
réciproques, l'amour désintéressé du prochain, pour assurer toutes ces choses,
le dirais-je ? 1'argent, cet infâme argent, symbole de l'inégalité et de la
conquête, est un instrument cent fois plus efficace, plus incorruptible et plus
sûr que toutes les préparations et les drogues communistes.<br />
<br />
<strong>Non à la charité légale</strong></p>
<p>Voilà pourquoi la charité, première vertu du chrétien, légitime espoir du
socialiste, but de tous les efforts de l'économiste, est un vice social dès
qu'on en fait un principe de constitution et une loi ; voilà pourquoi certains
économistes ont pu dire que la charité légale avait causé plus de mal à la
société que l'usurpation propriétaire.</p>
<p><br />
<strong>Programme révolutionnaire aux électeurs de la Seine du 30 mai
1848</strong></p>
<p>[...]<br />
Lorsque je dis : la propriété c'est le vol, je ne pose pas un principe, je ne
fais qu'exprimer une conclusion.<br />
[...]<br />
Je n'ai pas d'autre symbole, pas d'autre principe que ceux de la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen : la liberté, l'égalité, la sûreté, la
propriété.<br />
[...]<br />
Voilà tout mon système : liberté de conscience, liberté de la presse, liberté
du travail, liberté du commerce, liberté de l'enseignement, libre concurrence,
libre disposition des fruits de son travail et de son industrie, liberté à
l'infini, liberté absolue, la liberté partout et toujours!<br />
C'est le système de 89 et 93 ; le système de Quesnay, de Turgot, de J.-B. Say;
[...]<br />
[...]<br />
La liberté donc, rien de plus, rien de moins. Le laissez faire, laissez passer,
dans l'acception la plus littérale et la plus large; conséquemment la
propriété, en tant qu'elle découle légitimement de cette liberté, voilà mon
principe. Pas d'autre solidarité entre les citoyens que celle des accidents
résultant de force majeure: pour tout ce qui regarde les actes libres,
les manifestations de la pensée réfléchie, insolidarité complète,
absolue.<br />
<br />
<strong>Le contrat</strong></p>
<p>Pour que je reste libre, que je ne subisse d'autre loi que la mienne, et que
je me gouverne moi-même, il faut renoncer à l'autorité du suffrage, dire adieu
au vote comme à la représentation et à la monarchie. Il faut supprimer, en un
mot, tout ce qui reste de divin dans le gouvernement de la société et rebâtir
l'édifice sur l'idée humaine du CONTRAT.<br />
<br />
<strong>Anticlérical mais pas antireligieux</strong></p>
<p>... quiconque me parle de Dieu en veut à ma liberté ou à ma bourse.<br />
<br />
Si le culte a véritablement une valeur économique ou morale, si c'est un
service que le besoin de la population réclame, je n'y fais nulle opposition.
Laissez faire, laissez passer. Que le culte, encore une fois, comme
l'industrie, soit libre. J'observe seulement que le commerce des choses saintes
doit être, comme tout autre, soumis à l'offre et à la demande non patronné ni
subventionné par l'État ; que c'est matière à échange, non à gouvernement. Ici,
comme partout, le libre contrat doit être la loi suprême. Que chacun paye son
baptême, son mariage, son enterrement : à la bonne heure. Que ceux qui adorent
se cotisent pour les frais de leurs adorations : rien de plus juste. Le droit
de se réunir pour prier est égal au droit de se réunir pour parler de politique
et d'intérêt : l'oratoire comme le club est inviolable.<br />
Mais qu'on ne nous parle plus ni de Religion de l'État, ni de Religion de la
majorité, ni du Culte salarié, ni d'Église gallicane, ni de République
néochrétienne. Ce sont autant d'apostasies à la raison et au droit, la
Révolution ne pactise point avec la Divinité.<br />
<br />
<strong>Les jacobins et Napoléon</strong></p>
<p>Je l'ai dit, et je ne puis trop le redire, le système de la centralisation,
qui a prévalu en 93, grâce à Robespierre et aux Jacobins, n'est autre chose que
celui de la féodalité transformée; c'est l'application de l'algèbre à la
tyrannie. Napoléon, qui y mit la dernière main, en a rendu
témoignage.<strong><br />
<br />
Enseignement libre et indépendant de l'État</strong></p>
<p>Une commune a besoin d'un instituteur. Elle le choisit à sa guise, jeune ou
vieux, célibataire ou marié, élève de l'école normale ou de lui-même, avec ou
sans diplôme. La seule chose essentielle, c'est que ledit instituteur
convienne aux pères de famille, et qu'ils soient maîtres de lui confier
ou non leurs enfants. Ici, comme ailleurs, il faut que la fonction procède du
libre contrat et soit soumise a la concurrence: chose impossible sous un régime
d'inégahté, de favoritisme, de monopole universitaire ou de coalition entre
l'Église et l'État.<br />
<br />
La centralisation gouvernementale, en matière d'instruction publique, est
impossible dans le régime industriel, par la raison décisive que l' instruction
est inséparable de l'apprentissage, 1'éducation scientifique de 1'éducation
professionnelle. En sorte que l'instituteur, le professeur, quand il n'est pas
lui-même contremaître, est avant tout l'homme de la corporation, du groupe
industriel ou agricole qui l'utilise. Comme l'enfant est le lien, pignus, entre
les parents, l'école devient le lien entre les corporations industrielles et
les familles : il répugne qu'elle soit séparée de l'atelier et, sous pretexte
de perfectionnement, qu'elle tombe sous une puissance extérieure.<br />
Séparer comme on le fait aujourd'hui, l'enseignement de l'apprentissage et, ce
qui est plus détestable encore, distinguer l'éducation professionnelle de
l'exercice réel utile, sérieux, quotidien, de la profession, c'est reproduire,
sous une autre forme, la séparation des pouvoirs et la distinction des classes,
les deux instruments les plus énergiques de la tyrannie gouvernementale et de
la subalternisation des travailleurs.<br />
Que les prolétaires y songent!<br />
Si l'école des mines est autre chose que le travail des mines accompagné des
études propres à l'industrie minérale, l'école n'aura pas pour objet de faire
des mineurs, mais des chefs de mineurs, des aristocrates.<br />
Si l'école des arts et métiers est autre chose que l'art et le métier, elle
n'aura bientôt plus pour objet de faire des artisans mais des directeurs
d'artisans, des aristocrates.<br />
Si l'école du commerce est autre chose que le magasin, le bureau, le comptoir,
elle ne servira pas à faire des commerçants, mais des barons du commerce, des
aristocrates.<br />
Si l'école de marine est autre chose que le service effectif à bord, en
comprenant dans ce service celui même de mousse, l'école de marine ne sera
qu'un moyen de distinguer deux classes dans la marine : la classe des matelots
et la classe des officiers.<br />
C'est ainsi que nous voyons les choses se passer dans notre régime d'oppression
politique et d'anarchie industrielle. Nos écoles, quand elles ne sont pas des
établissements de luxe ou des prétextes à sinécures, sont les séminaires de
l'aristocratie. Ce n'est pas pour le peuple qu'ont été fondées les écoles
polytechnique, normale, de Saint-Cyr, de droit, etc. ; c'est pour entretenir,
fortifier, augmenter la distinction des classes pour consommer et rendre
irrévocable la scission entre la bourgeoisie et le prolétariat.<br />
<br />
Certes, je ne crois pas à la possibilité d'organiser l'instruction du peuple
sans un grand effort de l'autorité centrale, .mais je n'en reste pas moins
partisan de la liberté de l'enseignement, comme de toutes les libertés. Je veux
que l'école soit aussi radicalement séparée de l'État que l'église
elle-même.<br />
<br />
<strong>Les gouvernements responsables des guerres</strong></p>
<p>Ce sont les gouvernements qui, après avoir eu la prétention d'établir
l'ordre dans l'humanité, ont ensuite classé les peuples en corps hostiles :
comme leur unique occupation était de produire au-dedans la servitude, leur
habileté consistait à entretenir au dehors, en fait ou en perspective, la
guerre.</p>
<p>L'oppression des peuples et leur haine mutuelle sont deux faits corrélatifs,
solidaires, qui se reproduisent l'un l'autre, et qui ne peuvent disparaître
qu'ensemble, par la destruction de leur cause commune, le gouvernement.<br />
<br />
<strong>Unité des règles économiques</strong></p>
<p>Il en est, en effet, de l'économie politique comme des autres sciences :
elle est fatalement la même par toute la terre; elle ne dépend pas des
convenances des hommes et des nations, elle ne se soumet au caprice de
personne. Il n'y a pas une économie politique russe, anglaise, autrichienne,
tartare ou hindoue, pas plus qu'une physique, une géométrie hongroise,
allemande ou américaine. La Vérité est égale partout à elle-même; la science
est l'unité du genre humain.<br />
<br />
<strong>Au delà de son rôle de police le bilan de l'État est
négatif</strong></p>
<p>En toute autre chose que la police, les règlements de l'État sont des
entraves ; son travail est concussion ; ses encouragements, privilèges ; son
influence, corruption. Cette thèse exigerait des volumes : l'histoire des
malversations des gouvernements en politique, religion, industrie, travaux
publics, finances, impôts, etc., serait en ce moment l'ouvrage le plus utile à
la démocratie.<br />
<br />
<strong>Anarchie</strong></p>
<p>La liberté est anarchie parce qu'elle n'admet pas le gouvernement de la
volonté, mais seulement l'autorité de la loi, c'est à dire de la
nécessité.<br />
<br />
L'anarchie est la condition d'existence des sociétés adultes, comme la
hiérachie est la condition des sociétés primitives : il y a progrès incessant
dans les sociétés humaines, de la hiérarchie à l'anarchie.<br />
<br />
<strong>La propriété</strong></p>
<p>J'ai exposé les sentiments qui ont dicté ma conduite depuis vingt-cinq ans.
Je n'ai pas été animé, quoi qu'on.ait dit, d'une pensée foncièrement
hostile ni pour l'institution de propriété, dont je cherchais la clef, ni pour
la classe des bénéficiaires. J'ai demandé une justification meilleure du
droit établi, et cela dans un but de consolidation, - comme aussi, bien
entendu, s'il y avait lieu - de réforme.<br />
<br />
La propriété est la plus grande force révolutionnaire qui existe et qui se
puisse opposer au pouvoir. Or, la force par elle-même ne peut être dite
bienfaisante ou malfaisante, abusive ou non abusive : elle est indifférente à
l'usage auquel on l'emploie; autant elle se montre destructive, autant elle
peut devenir conservatrice; si parfois elle éclate en effets subversifs au lieu
de se répandre en résultats utiles, la faute en est à ceux qui la dirigent et
qui sont aussi aveugles qu'elle.<br />
<br />
Servir de contrepoids à la puissance publique, balancer l'État, par ce moyen
assurer la liberté individuelle : telle sera donc, dans le système politique,
la fonction principale de la propriété.<br />
<br />
C'est ainsi que la propriété, fondée sur l'égoïsme, est la flamme à laquelle
s'épure l'égoïsme. C'est par la propriété que le moi individuel, insocial;
avare, envieux, jaloux, plein d'orgueil et de mauvaise foi, se transfigure, et
se fait semblable au moi collectif, son maître et son modèle. L'institution qui
semblait faite pour diviniser la concupiscence, comme le lui a tant reproché le
christianisme, est justement celle qui ramène la concupiscence à. la
conscience. Si jamais l'égoïsme devient identique et adéquat en nous à la
Justice; si la loi morale est recherchée avec le même zèle que le profit et la
richesse; si, comme le prétendait Hobbes, la règle de l'utile peut servir un
jour de règle de droit; et l'on ne peut douter que tel ne soit, en effet, le
but de la civilisation ; c'est à la propriété que le monde devra ce
miracle.<br />
<br />
<strong>Et le doute ...</strong></p>
<p>Quand je vois toutes ces clôtures, aux environs de Paris, qui enlèvent la
vue de la campagne et la jouissance du sol au pauvre piéton, je sens une
irritation violente. Je me demande si la propriété qui parque ainsi chacun chez
soi n'est pas plutôt l'expropriation, l'expulsion de la terre. Propriété
particulière ! Je rencontre parfois ce mot écrit en gros caractères à l'entrée
d'un passage ouvert, et qui semble une sentinelle vous défendant de passer.
J'avoue que ma dignité d'homme se hérisse de dégoût. Oh! Je suis resté en cela
de la religion du Christ, qui recommande le détachement, prêche la modestie, la
simplicité d'âme et la pauvreté du cœur. Arrière le vieux patricien,
impitoyable et avare; arrière le baron insolent, le bourgeois cupide et le dur
paysan, durus arator. Ce monde m'est odieux; je ne puis l'aimer ni le voir. Si
jamais je me trouve propriétaire, je ferai en sorte que Dieu et les hommes, les
pauvres surtout, me le pardonnent!</p>