Gauche libérale - Mot-clé - plageValeurs libérales classiques de la gauche originelle. Droits de l'homme - liberté - laïcité - raison2024-03-01T19:42:20+01:00association gauche libéraleurn:md5:c8a69c990e3072db2745e87b929cd340DotclearLa main invisible de la plageurn:md5:9e69f1aca96f93aa9a0da6a9191a63e02012-08-11T17:46:00+02:002019-10-31T10:29:33+01:00Alain Cohen-DumouchelDivertissementordreplageserviettespontané<p><img title="plage déserte, août 2012" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/plage-deserte.jpg" /><br />
<br />
En écrivant un article ayant pour thème le déployé de serviette sur la plage,
j'ai bien conscience d'offrir un angle d'attaque inespéré à tous ceux qui
ponctuent mes posts de commentaires aussi imaginatifs que peu amènes.<br />
Camarades, c'est vrai, je l'avoue, je suis déjà parti en vacances au bord de la
mer, et même plusieurs fois de suite. Je complète cet outing en précisant que
les faits se sont produits dans plusieurs pays différents et notamment, mais
pas seulement, tout autour du bassin méditerranéen. Cet aveu devrait entrainer
pour certains, une bourdivine excommunication : </p>
<p>« d'où parles-tu ? Es tu ouvrier, travailleur social, chômeur en fin de
droits, immigré en situation irrégulière ? » <br />
Non, je suis à la plage, mais je vais quand même vous soumettre cette courte
réflexion sur la façon dont les vacanciers disposent leurs serviettes sur ces
étendues sableuses que l'administration n'a toujours pas songé à strictement
réglementer.</p> <h3>Quelques serviettes sur la plage</h3>
<div class="numero clearfix">
<p><img title="plage tout seul, août 2012" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/plage-tout-seul.jpg" /> Premier cas de figure vous arrivez
sur une crique déserte. Vous choisissez évidemment le meilleur coin, celui ou
l'eau est claire, le sable le plus blanc et vous posez vos affaires. Ce
qui se passe alors est très clairement l'auto attribution d'une propriété
temporaire. Vous avez le sentiment justifié d'être le propriétaire de votre
emplacement. Vous n'avez rien payé mais vous éprouvez le droit de conserver la
zone sous votre contrôle privatif, c'est à dire en en excluant les
autres. Si une famille venait à se présenter sur la crique, il est clair
qu'elle ne pourrait pas s'installer à votre emplacement, et non seulement ça,
mais elle devrait respecter une certaine distance pour placer ses affaires. Si
les nouveaux arrivants se collaient à vous cela serait ressenti comme sans gène
voire un tantinet agressif. Que les insupportables marmots des voisins viennent
projeter du sable sur votre serviette et ils seront reçus soit avec une
franche hostilité soit avec un sourire crispé : « allez jouer plus loin
les enfants ! » On a bien là l'expression d'un « droit de »
propriété, qui est profondément ancré dans la nature humaine et qui n'a jamais
été accordé par personne, ni par un « chef de plage », ni par la
législation.</p>
</div>
<div class="numero clearfix">
<div class="nombre">
<h3>Densité moyenne de serviettes</h3>
</div>
<p><img title="plage occupée, août 2012" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/plage-occupee.jpg" /> Dans le deuxième cas de figure la
plage se remplit et la zone privative entourant chaque occupant se réduit.
Votre intérêt en tant que nouvel arrivant consiste à vous placer dans un
endroit relativement dégagé. Vous cherchez donc un « trou ». En
faisant cela vous modifiez la distance minimum d'implantation acceptable par
vos voisins. Il devient de plus en plus difficile de râler si quelqu'un se
rapproche car il en a tacitement le droit.</p>
</div>
<p>Il existe une multitude d'autres règles qui s'appliquent aux différents cas
schématisés ici. Par exemple dans notre deuxième cas, un homme mur dans la
force de l'âge évitera de placer sa serviette entre deux groupes de jeunes
filles. L'emplacement est implicitement « réservé » à un groupe de
garçons du même âge. Autre exemple, s'il y a des algues dans l'eau à un endroit
de la plage mais pas à un autre, il est tacitement admis que la densité de
serviettes sera plus forte en face de la zone dégagée. Le fait de s'installer
là, au lieu d'aller occuper un emplacement plus vaste ailleurs sera toléré.</p>
<div class="numero clearfix">
<div>
<h3>Les serviettes se touchent</h3>
</div>
<p><img title="plage bondée, août 2012" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/plage-bondee.jpg" /> Le troisième cas de figure c'est la
plage de Juan-les-pins le 15 août. Densité maximum avec des règles légèrement
modifiées et étendues par rapport aux situations précédentes. La zone de
propriété privée reste clairement la serviette mais ces dernières en viennent à
se toucher. Il n'y a pratiquement plus d'espace disponible, c'est à dire de
sable visible, sauf celui qu'une famille ou un groupe se sera réservé à
l'intérieur de l'espace délimité par ses propres serviettes. Les anciens
propriétaires, ceux qui sont arrivés tôt le matin
parce-qu'ils-n'ont-pas-passé-la-nuit-en-boite, eux, disposent d'un espace vital
supérieur aux autres. Il ne peut plus y avoir de nouvel arrivant sauf à
se faire céder un emplacement privatif par un groupe connu ou à guetter un
départ.<br />
Il y a aussi des règles assez complexes de non enclavement. Tout groupe de
serviettes doit pouvoir accéder à la mer et sortir de la plage. Si les
propriétés se touchent au sens propre, il en résultera des « droits de
passage », qui permettront à un vacancier de piétiner le bord, attention,
pas le centre, des serviettes situées sur le chemin de la baignade ou vers la
sortie.</p>
</div>
<h3>Règles tacites, ordre spontané</h3>
<p> Le propre de toutes ces règles, comme du sentiment de propriété, c'est
qu'elles n'ont jamais été écrites ou décrétées par personne. C'est un cas
d'école d'un ordre spontané libéral particulièrement efficace et, on le
remarquera, assez égalitaire dans ce cas précis.</p>
<p>L'interaction des différents intérêts particuliers dans la limite de
certaines règles intuitives, produit un ordre qui n'a pas été décidé par un
législateur et qui n'obéit à aucun dessein. C'est en quelque sorte,
« la main invisible de la plage ».</p>
<h6><a href="http://www.flickr.com/photos/solea20/2447333082/sizes/n/in/photostream/">plage
déserte</a> : Photo flickR licence CC par Solea20</h6>
<h6><a href="http://www.flickr.com/photos/anfsummerboy82/1253764163/sizes/s/in/photostream/">
plage solo</a> : Photo flickR licence CC par Felix Guzman</h6>
<h6><a href="http://www.flickr.com/photos/sirifoto/2388725476/sizes/s/in/photostream/">plage
occupée</a> : Photo flickR licence CC par sirifoto</h6>
<h6><a href="http://www.flickr.com/photos/notarim/5586060515/sizes/s/in/photostream/">plage
bondée</a> : Photo flickR licence CC par notarim</h6>