Gauche libérale - Mot-clé - monopoleValeurs libérales classiques de la gauche originelle. Droits de l'homme - liberté - laïcité - raison2024-03-01T19:42:20+01:00association gauche libéraleurn:md5:c8a69c990e3072db2745e87b929cd340DotclearMoins de pain mais toujours des jeuxurn:md5:4e544d8d42328f4cb54512d176608cfa2012-07-30T22:50:00+02:002019-10-31T10:29:43+01:00Alain Cohen-DumouchelActualitéjeux olympiquesmonopolenationalismesportétatisme<p>Fantastique foire du chauvinisme et du nationalisme le plus débridé, les
jeux Olympiques viennent d’ouvrir leurs portes dans l’extase générale.
<img title="Cérémonie d'ouverture J.O. 2012, juil. 2012" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" alt="" src="https://www.gaucheliberale.org/public/images/.ouverture-JO-2012_m.jpg" /><br />
Même si, comme d’habitude, les dépenses et le flicage démentiels des jeux font
l’objet ici ou là de quelques critiques, tous les médias relayent
l’évènement avec une complaisance qu’un mauvais esprit (libéral de gauche) ne
peut s’empêcher de trouver étonnante.</p>
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<h6><a href="http://www.flickr.com/photos/shimelle/7656545680/sizes/m/in/photostream/">Photo
FlickR licence CC par shimelle</a></h6>
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Où sont passés les grands principes des étatistes ?</h3>
<p>Car en effet, dans l’arène olympique, tous les grands principes dont nous
rabâchent la nomenklatura étatiste disparaissent comme neige au soleil. La loi
du plus fort contre laquelle les dirigistes prétendent lutter est admise et
même encensée dans le cadre du sport nationaliste. Elle est juste rebaptisée
« que le meilleur gagne » pour la circonstance. Sauf que sur les
marchés ne règne pas la loi du plus fort, mais celle du mieux offrant relatif.
Il n’y a que des gagnants dans une mécanique de marché, ce qui est loin d’être
le cas dans le sport.</p>
<p>Les jeux se résument donc à « que le meilleur gagne » et si
possible qu’il soit français ! « Le meilleur, » dans cette
morale, c’est le sportif de haut niveau, c’est à dire un être d’exception
que la Nature et sa nationalité ont doté de capacités physiques et
mentales exceptionnelles. Seules la génétique et l’effort doivent déterminer sa
réussite. La chance est également tolérée par la morale sportive, surtout en
cas de défaite il est vrai, mais aucune pratique ou produit impur ne doit venir
troubler la fierté nationale. Car le corps sain de l’athlète est le reflet de
la santé de la Nation. Génétique et nationalisme, tout cela ne sent pas très
bon, mais les dirigistes s’en moquent. L’opium sportif exalte le peuple, soude
la Nation et fait oublier un moment la crise des dettes souveraines.</p>
<p>Bien entendu le principe de précaution, qui stipule que c’est aux instances
sportives de prouver que le sport de haut niveau ne présente pas de danger pour
la santé physique et mentale des individus, est complètement occulté. Nous
n’allons évidemment pas nous en plaindre dans le cas présent tant ce concept
est régressif et malthusien mais il est quand même plaisant d’observer la façon
dont les pouvoirs publics font un usage sélectif des lois qu’ils ont
promulguées.</p>
<h3>L’organisation monopolistique du sport</h3>
<p>Pour arriver au résultat escompté, c’est à dire prouver au monde et surtout
à ses propres citoyens que la Nation est saine et vigoureuse, les États-nations
se sont dotés de moyens dont on ne soupçonne pas toujours l’étendue et la
violence. Le premier et le plus mal connu de ce dispositif ultra étatiste
c’est le monopole du sport organisé par fédérations. Savez vous que s’il vous
prenait envie de développer par exemple une compétition de volley ou de tennis
de table, concurrente de l’officielle, vous risqueriez la prison et de fortes
amendes pour divers motifs exprimés par les articles <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006071318&idArticle=LEGIARTI000006547545&dateTexte=&categorieLien=cid" target="_blank">L131-14</a> à L131-18 de l’ineffable et très volumineux
« Code du sport ». Il ne peut en effet exister plusieurs championnats
régionaux ou nationaux concurrents dans aucun domaine sportif. En effet,
suivant l’organisation hiérarchique du sport il faut un unique « champion
de France ». Ce dogme semble d’ailleurs presque naturel aux adorateurs de
la nation. Mais comment diable pourrait-il y avoir plusieurs champions de
France dans une même discipline ? C’est juste impensable pour eux.
Dans la même veine, la lecture des articles <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=4364FDCFA7F59135C93D54E9034DDA56.tpdjo12v_3?idArticle=LEGIARTI000006547574&cidTexte=LEGITEXT000006071318&dateTexte=20120730" target="_blank">L212-8</a>, L212-10, L212-12, <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006071318&idArticle=LEGIARTI000006547680&dateTexte=&categorieLien=cid" target="_blank">L312-14</a>, et <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=4364FDCFA7F59135C93D54E9034DDA56.tpdjo12v_3?idArticle=LEGIARTI000006547706&cidTexte=LEGITEXT000006071318&dateTexte=20120730" target="_blank">L331-2</a> à L331-7 vous permettra de vous imprégner de la
noblesse et de la spontanéité de « l’esprit sportif ». Ce même
Code du sport rappelle dans son croustillant article <a href="http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=CC271D9FECF1FDBCCDB8FA968D842553.tpdjo12v_3?idArticle=LEGIARTI000006547559&cidTexte=LEGITEXT000006071318&dateTexte=20100322" target="_blank">L141-5</a> que « Le Comité national olympique et sportif
français est propriétaire des emblèmes olympiques nationaux et dépositaire de
la devise, de l’hymne, du symbole olympique et des termes “ jeux Olympiques ‘
et Olympiade . N’est-ce pas pratique, pour faire taire toute critique et toute
concurrence sur les jeux, de se déclarer unique propriétaire de leur
dénomination multimillénaire ? C’est pas beau l’esprit
Olympique ?</p>
<h3>Troubles causés par l’ordre public</h3>
<p>Pour obtenir un cheptel valorisant, les États-Nations organisent également
le repérage’ des jeunes et financent les centres d’entraînement, les
équipements sportifs spécifiques, les stages de formation, transports,
organisation des épreuves, etc. Ce sont des centaines de millions qui sont
régulièrement dépensés sur fonds publics pour satisfaire le nationalisme
sportif.<br />
Conséquence logique de cette politique, une absence de résultat entraînera pour
un athlète la perte de ses financements publics et le désintérêt des médias.
C’est donc automatiquement poussés par le système que tous les sportifs de haut
niveau se dopent, soit en prenant des substances légales ou illégales destinées
à améliorer leurs performances, soit tout simplement en s’entraînant de façon
outrancière ce qui a les mêmes conséquences néfastes pour leur santé.<br />
Autre résultat de cette administration hiérarchique et officielle du sport,
elle provoque l’identification de groupes de supporters violents à l’équipe qui
représente monopolistiquement leur ville, leur région ou leur pays. A
l’inverse, les groupes terroristes ont bien compris qu’en ciblant des athlètes
ils visent bien un pays.<br />
Dernier effet du monopole nationaliste du sport, le caractère hiérarchique et
officiel des compétitions provoque un effet de rareté dans leur représentation.
Cela entraine des droits de diffusion astronomiques, la mise sous quota des
places dans les stades, et du marché noir, Tous ces dérèglements que les États
et le comité Olympique appellent des ‘troubles à l’ordre public’ ne sont en
fait que des troubles causés par l’ordre public, que le législateur s’efforce
tant bien que mal de corriger au moyen d’une surlégislation ridicule. On a
ainsi vu nos députés et sénateurs discuter sur la possible ‘Création d’un délit
de revente de titres d’accès à une manifestation sportive sans l’accord de
l’organisateur de celle-ci - Insertion de l’art. L. 332-22 Vous vous
rendez compte ? Faire une plus-value sur la revente de billets dont la
pénurie est organisée par le monopole du sport lui-même, voilà qui mérite
vraiment d’être puni !</p>
<h3>I have a dream</h3>
<p>Un sport de haut niveau qui s’auto-organiserait sans intervention des États,
sans monopole, sans "Comité Olympique" et sans faire appel à l’argent public,
voilà qui sort totalement du champ conceptuel des dirigistes. Pourtant cela
permettrait de revenir à des compétitions variées, permettant de satisfaire
tous les gouts. Après tout, si l’organisation des épreuves, les billets et les
droits étaient soumis à la concurrence peut être que le public s’orienterait
vers le spectacle du geste harmonieux, de la technique sportive, de la beauté
des silhouettes.<br />
Et puis rien n’empêcherait ceux qui veulent absolument un parcours de flambeau,
une cérémonie d’ouverture, des hymnes, des défilés, des portés de drapeaux, des
remises de médailles solennelles, des interview, des brochettes de pipoles, une
cérémonie de clôture, des relevés de tableau de médailles par pays, et pourquoi
pas des réceptions finales à l’Élysée, de payer pour les obtenir.</p>