France-Irlande, les députés qui veulent tricher

Alors que l'erreur d'arbitrage du match France-Irlande prend les proportions d'une affaire d'Etat, la question est évoquée de rejouer le match.

Si l'on se réfère aux règles du football, acceptées par les deux protagonistes, ce match ne doit pas être rejoué. La prééminence de la décision arbitrale fait en effet partie des règles du football. La décision, humaine de l'arbitre et de ses assistants vaut sentence irrévocable. L'erreur humaine est donc admise par les règles du football. Cela est confirmé par la FIFA qui précise que : "l'arbitre ne peut revenir sur une décision que sous réserve que le jeu n'ait pas repris ou que le match ne soit pas terminé". Faire rejouer le match reviendrait donc à admettre que les règles sont faites pour être transgressées et n'engagent que ceux qui leur obéissent.

Pourtant un groupe de députés, menés par le Vice président de l'assemblée nationale, M. Marc Laffineur s'est mis en tête de faire rejouer ce match.

Outrepassant totalement ses fonctions, ce groupe essaye de faire pression sur Jean-Pierre Escalettes, président de la fédération française de football pour qu'il relaye cette demande auprès de la FIFA.

On reconnait bien là la patte des étatistes-dirigistes de l'UMP qui considèrent qu'une règle peut être transgressée quand elle ne va pas dans le sens de leur morale ou de leurs intérêts. Ainsi l'Etat est toujours le premier à ne pas respecter les règles qu'il édicte ou la pseudo morale qu'il distille : liberté d'opinion et de culte bafouées, maltraitance dans les prisons, régimes spéciaux pour les fonctionnaires, banqueroute et mauvaise gestion impunie, véhicules publics polluants, sur-endettement chronique, distribution de passe droits et privilèges, la liste est infinie.

Pour comprendre leur démarche il faut bien sûr s'interroger sur les motivations de ce groupe de députés. Pourquoi envisagent-ils de revenir sur une règle de football bien établie ? Qu'est-ce qui nuit à leur morale et à leurs intérêts ? 

Pour répondre à cette question il faut mesurer à quel point le sport a été instrumentalisé par les Etats Nations. La grandiloquente "qualification de la France" signifie la qualification de l'équipe de football désignée pour représenter la France de façon monopolistique par l'Etat français. Il n'y a en effet qu'une seule équipe de France et une seule fédération française de football, Ce qui est vrai pour la France et le football est d'ailleurs vrai pour la plupart des sports et pour tous les Etats-Nations.
Cette organisation monopolistique a pour but de canaliser et d'exacerber "l'Esprit National" Cette fierté et cette identité, une fois construites, permettent aux gouvernements, quels qu'ils soient, de faire passer leurs lois liberticides et collectivistes et de placer les individus sous tutelle.
C'est "La France", celle qui s'est bien battue au football et qui a fait vibrer les foules, qui prend les "bonnes" décisions. L'opium sportif exalte le peuple, soude la Nation et fait oublier les méfaits de l'étatisme.

Or là, patatras ! voilà que l'organisation monopolistique et nationaliste du sport se retourne contre "l'identité nationale" : la main de Thierry Henri c'est la France qui triche !
Ce qui permet au journal Le Monde.fr sport de titrer : La main d'Henry "disqualifie" la France tandis que pour M. Laffineur, contacté par lefigaro.fr : ce geste (rejouer le match) "grandirait la France".

On comprend le désarroi  de M. Laffineur, il ne supporte pas que l'honneur de la France ait été sali. Il refuse que la mécanique monopolistique et identitaire Football-Nation se retourne contre l'Etat tout puissant qui l'a créée.

Dès lors M. Laffineur n'envisage qu'une seule solution pour que l'honneur de la France soit lavé. Il veut faire rejouer le match au mépris des règles de la FIFA dont il n'a que faire. M. Laffineur préconise donc de tricher. Mais contrairement à Thierry Henri il a eu le temps de murir son acte et il est probable qu'il ne présentera pas d'excuses s'il réussit son coup.

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