Durban 2 - Quand l'ONU menace les Droits de l'Homme

Les Droits de l'Homme découverts par le siècle des lumières sont les droits naturels imprescriptibles  attachés à chaque individu, qu'aucune collectivité ni groupe constitué ne peuvent lui retirer. Ces Droits furent reconnus par l'assemblée nationale française en 1789 dans un texte lumineux, véritable manifeste libéral de la première révolution française.

En 1948, au lendemain de la guerre, les représentants de 58 nations adoptaient un document de nature très différente qui proclamait (au lieu de reconnaître) une nouvelle série de Droits de l'Homme dans lesquels se retrouvaient quelques principes de droit naturel mêlés à des droits sociaux, à des considérations sur la nationalité, et à des déclarations d'intention sur des sujets aussi variés que "le niveau de vie", "les exigences de la morale", l'ordre public", la protection des droits d'auteur,  la vie culturelle, ou même "le développement de relations amicales entre Nations". Ce que Jeane Kirkpatrick allait appeler la "lettre au père noël" fût pompeusement dénommée Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et placée sous la tutelle de l'ONU.

- Alors que la déclaration de 1789 prenait soin de préciser que : "l'oubli et le mépris des droits de l'homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements", la déclaration universelle en prenait l'exact contrepoint en déclarant dans son article 29-3 : "Ces droits et libertés ne pourront en aucun cas s'exercer contrairement aux buts et aux principes des Nations Unies."

- Alors que les droits de 1789 visaient à protéger les Hommes contre les abus de l'État, des religions et de toutes les formes de "gouvernements", ceux de 1948 y mélangeaient des normes sociales qui définissaient ce que la société devait offrir aux Hommes. Parfait contresens qui introduisait des articles coercitifs dans les Droits de l'Homme, les faisant ainsi retomber sous la tutelle de leurs pires ennemis, les États.

En cette année 2009, au lendemain du soixantième anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, les constructivistes se retrouvent pris au piège de leur propre édifice. Eux qui pensaient pouvoir modeler un monde idéal au moyen d'articles de loi élaborés par un regroupement de nations deviennent les otages des pires dictatures de la planète.

Car il y a lieu de sérieusement s'inquiéter sur la tournure que va prendre la conférence de suivi du  sommet mondial contre le racisme de Durban qui se tiendra à Genève en avril 2009.
La conférence  baptisée Durban 1, du nom de la ville d'Afrique du sud qui l'hébergeât en 2001 a en effet déjà vu les Droits de l'Homme onusiens malmenés par les 170 États qui y participaient. Alors que son ordre du jour était la lutte contre le racisme, elle a donné lieu à une violente campagne anti-israélienne menée par l'Iran avec le soutien de nombreuses nations africaines et la présence de Yasser Arafat. D'odieuses caricatures anti-juives ont circulé en marge de la conférence, ponctuée des habituels « à mort l'Amérique » et d'une haine générale contre les démocraties. De nombreux États ont également souhaité assimiler la critique des religions à un crime raciste, voulant introduire une notion d'incitation à la haine religieuse, c'est à dire le rétablissement du délit de blasphème, incompatible avec la liberté d'expression.
La conférence fût également  l'occasion pour les États islamiques de réclamer au nom de l'identité culturelle que le port de la burqa et les traitements discriminatoires fait aux femmes soient  écartés des débats.

Espérant corriger les désordres de 2001, l'ONU inaugurait en 2006 un nouveau Conseil des Droits de l'Homme (CDH) qui remplaçait la défaillante Commission des Droits de l'Homme.

Les travaux préparatoires de Durban 2 n'augurent malheureusement rien de bon. Le comité préparatoire est présidé par la Libye, la vice présidence a été confiée, entre autres, à la république islamique d'Iran et au Pakistan, et le pays rapporteur est Cuba.  Dans la jungle bureaucratique onusienne se prépare la légitimation d'un monde totalitaire tel que le rêvent les pires ennemis des Droits de l'Homme.
Le dernier projet de texte présenté le 17 mars dernier semble, en apparence, ne pas vouloir franchir les "lignes rouges" définies par les démocraties. Ainsi, les mentions sur la diffamation des religions ont elles disparues et l'obsession anti-israélienne n'est plus explicite, mais le premier paragraphe fait encore référence au rapport de 2001 qui assimilait l'islamophobie au racisme ou traitait Israël d'État raciste. Les voies sont plus tortueuses mais l'idéologie demeure.

Car ici, comme dans toute tractation onusienne, les Droits de l'Homme se "négocient". En échange de la disparition des articles les plus choquants, la diplomatie, dont celle de la France, s'accommode de voir écartés des débats, le traitement fait aux femmes, les exécutions d'homosexuels, les formes d'esclavages non coloniaux qui prospèrent en Afrique et au Moyen Orient, l'intolérance religieuse ou l'anéantissement du peuple tibétain.
Durban 1 et 2 ne sont que l'aboutissement catastrophique du lent et inévitable processus de destruction des Droits de l'Homme tels qu'il furent imaginés par les constructivistes. Confier à des nations prétendument "unies" le pouvoir de contrôler et de modifier les Droits Souverains inhérents à l'Homme c'était tenter d'inventer l'eau déshydratée.

Bien entendu, les Droits de l'Homme, les vrais, n'ont aucunement besoin de l'aval des États pour exister. Mais il est non moins vrai qu'un monde dans lequel un maximum d'États les reconnaissent est hautement souhaitable.

Or le plus dramatique c'est que l'ONU, a eu le culot de qualifier d'universels ces droits qu'elle soumettait aux caprices de la diplomatie, aux équilibres militaires ou à ceux de la balance commerciale. En un mot l'ONU a rendu les Droits de l'Homme négociables tout en les parant d'un label d'officialité.

Aujourd'hui nous sommes au point où il faut prendre une décision courageuse qui consiste à se retirer des négociations. A l'instar du Canada, d'Israël, des États Unis et de l'Italie qui ont décidé de ne pas participer aux discussions de Genève, la France doit refuser de cautionner ce processus malfaisant.

Ne nous cachons pas qu'un retrait aura lui aussi des conséquences négatives. En s'effaçant, les démocraties vont offrir au monde l'image désastreuse de celui qui édicte une règle du jeu et qui quitte la table quand il commence à perdre. La machine infernale onusienne ne nous laisse malheureusement pas le choix.

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