Les grandes fortunes, un traditionnel sujet d'indignation

La première révolution française, la révolution libérale ne cherchait pas à obtenir une amélioration du sort du peuple par le partage des richesses. Les libéraux du XVIIIe et du XIXe siècle avaient bien compris que c'était par l'abolition des privilèges, des rentes, des corporations fermées et réservées que l'on pouvait améliorer le sort des plus démunis.

L'influence du mouvement libéral a littéralement fait exploser les barrières érigées par le corporatisme. Les générations précédentes n'étaient pas plus intelligentes, elles étaient aussi inventives, et pourtant le grand démarrage industriel ne s'est produit qu'avec la libération des énergies individuelles rendu possible par cette révolution sociale.

Si au cours de ces deux siècles ont s'était contenté de partager les richesses, au lieu de les créer, le résultat aurait été catastrophique et la face du monde changée.

Mais peu à peu le libéralisme a été supplanté par le socialisme. Les idées libérales, c'est à dire de gauche, ont été abandonnées et méprisées au profit d'une nouvelle doctrine qui s'est auto-proclamée "de gauche" et qui recouvre deux aspects : D'une part un idéal de justice sociale qui a immédiatement séduit l'opinion, d'autre part un ensemble de moyens pour parvenir à cet idéal, largement théorisé par les penseurs marxistes.

Le problème du socialisme c'est que la coercition et le planisme, qui sont les moyens de parvenir à l'idéal égalitaire, peuvent être utilisés à de toutes autres fins une fois que leur mécanique infernale est en place. A partir du moment ou une mécanique dirigiste est établie on peut l'utiliser pour favoriser une catégorie désavantagée, mais aussi pour favoriser les blonds aux yeux bleu ou ceux qui appartiennent à la bonne religion. Bilan de l'affaire : les deux plus grandes catastrophes humaines et sociales que le monde ait connu : le national-socialisme cinquante millions de morts et le communisme : cinquante millions de morts plus la ruine économique.

La redistribution par la coercition ne crée pas de richesse. Elle ne permet même pas de partager la richesse car la plupart des grandes fortunes sont capitalistiques. Elles sont créées par l'accumulation de Capital rendue possible par la stabilité du régime de propriété (confiance dans les institutions, stabilité politique) et par la fluidité du marché. Phénomène très bien analysé par Marx qui est le premier à avoir compris que le Capital ce n'est pas de l'argent. Il s'est en revanche complètement trompé dans son analyse du devenir du capitalisme.

Abattre les grandes fortunes ne permettrait aucune meilleure répartition des richesses car le phénomène s'accompagnerait d'une contraction automatique du Capital qui sert à produire ces richesses. Une classe pourrait être momentanément avantagée mais ce serait au détriment de la richesse globale.

Si il faut des riches pour que le plus pauvre vive bien, il n'y a aucune raison logique de condamner la richesse.

Par contre si on décide à priori de condamner la richesse, alors on sort du domaine de la raison pour entrer dans le domaine de la morale dogmatique. Diriger la société au nom d'une morale est probablement le plus sûr moyen d'aboutir à des catastrophes. C'est ce qui réussit, ce qui apporte la paix et la prospérité au plus grand nombre qui est moral, pas le contraire.

L'idéal social du libéralisme ce n'est pas la justice sociale obtenue par la coercition. L'idéal social du libéralisme c'est la lutte contre la pauvreté. Car la pauvreté dans le monde contemporain résulte massivement de l'exclusion (et pas le contraire). Les réglementations, les subventions, les zones de non droit, les privilèges et les monopoles sont autant de causes d'exclusion pour des millions d'habitants de la planète.

Dans le monde globalisé si on voulait vraiment aider les plus pauvres il faudrait revenir aux préceptes libéraux pré-révolutionnaires de 1789 : Abolition des privilèges, laissez faire, laissez passer.

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